« pareil », définition dans le dictionnaire Littré

pareil

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

pareil, eille

(pa-rèll, rè-ll', ll mouillées, et non pa-rè-ye) adj.
  • 1Qui est de même forme, de même caractère, de même apparence, de même quantité. Nos crimes sont pareils, ainsi que nos misères, Corneille, Hor. IV, 7. D'une fureur pareille ils courent à l'autel, Corneille, Poly. III, 2. Nos termes sont pareils par leur courte durée ; Qui de nous des clartés de la voûte azurée Doit jouir le dernier ? La Fontaine, Fabl. XI, 8. Nous pensons si fort les mêmes choses, nos peines, nos intérêts sont si pareils, que ce serait une violence de ne se pas voir, Sévigné, 466. Peut-être punit-on en matière pareille Et celui qui consent et celui qui conseille, Th. Corneille, Gal. doublé, III, 1. Déesse, venge-toi : nos causes sont pareilles, Racine, Phèdre, III, 2. Chrysippe, homme nouveau… arrive… jusqu'à donner en revenu à l'une de ses filles pour sa dot ce qu'il désirait lui-même d'avoir en fonds pour toute fortune pendant sa vie ; une pareille somme est comptée dans ses coffres pour chacun de ses autres enfants, La Bruyère, VI. Le mouvement que je fais est déterminé par un principe qui sent ; mon semblable se meut ; il y a donc en lui un pareil principe, Condillac, Art de rais. IV, 3.

    Toutes choses pareilles, tout étant égal d'ailleurs.

    Il se dit aussi des personnes. Mais après que, pafreils de force et de courage, Ils ont gardé longtemps un égal avantage, Rotrou, Antig. III, 2.

    Sans pareil, excellent. Il est d'un sang-froid sans pareil, d'une probité sans pareille. La valeur de son père, en son temps sans pareille…, Corneille, Cid, I, 1.

    C'est un homme sans pareil, c'est un homme d'un très grand mérite, et aussi, en mauvaise part, un homme extraordinaire en ce qu'il fait ou dit.

    À nul autre pareil, même signification. Avec une innocence à nulle autre pareille, Molière, Éc. des f. I, 1.

  • 2Tel, de cette espèce, de cette nature. Un pareil ouvrage annonce du génie. Pour de pareils amis il faut se faire effort, Corneille, Nic. II, 3. Tu te trouverais mal d'un pareil stratagème ; Je vois de loin, j'atteins de même, La Fontaine, Fabl. IV, 19. On voit bien qu'une pareille liberté n'était qu'un nom, Montesquieu, Rom. 5.
  • 3 Substantivement. Il se dit de personnes ou de choses semblables, équivalentes. C'est un homme qui n'a pas son pareil. Il a un beau cheval de carrosse, mais il ne peut trouver le pareil. Sa résolution a si peu de pareilles, Corneille, Poly. IV, 5. Moins j'aurai de pareils, et plus j'aurai raison, Destouches, Homme singul. I, 4. En approchant pour la première fois d'une dame aimable, polie, éblouissante, d'une femme d'un état supérieur au mien, dont je n'avais jamais abordé la pareille, Rousseau, Confess. II.

    Précédé de l'adjectif possessif, il désigne les gens de l'état, du caractère, etc. de la personne dont il s'agit. Mes pareils à deux fois ne se font pas connaître, Et pour leur coup d'essai veulent des coups de maître, Corneille, Cid, II, 2. Quittez les bois, vous ferez bien : Vos pareils y sont misérables, La Fontaine, Fabl. I, 5. Voilà de vos pareils les discours ordinaires, Molière, Tart. I, 6. Je croirais qu'il n'a point son pareil, sans la notoriété qui dit les d'Hacqueville, Sévigné, 215. Il n'a point son pareil d'ici jusqu'à Rouen, Th. Corneille, D. Bertr. de Cigarr. I, 2. Mais moi qui vois plus loin, qui, par un long usage…, Ai vu de mes pareils les revers éclatants, Racine, Bajaz. IV, 7. Dédaigneux et fiers, ils n'abordent plus leurs pareils, La Bruyère, VIII. C'est à Votre Majesté qu'il appartient de donner à ses pareils de si utiles leçons, D'Alembert, Lett. au roi de Pr. 15 déc. 1774.

  • 4 S. f. La pareille (sous-entendu un nom vague tel que chose, part), le même traitement qu'on a fait ou qu'on a reçu. Il lui fallut à jeun retourner au logis… Serrant la queue et portant bas l'oreille : Trompeurs, c'est pour vous que j'écris, Attendez-vous à la pareille, La Fontaine, Fabl. I, 18. Je suis homme aussi de conseil, et je pourrai vous rendre la pareille, Molière, Sicil. 13.
  • 5À la pareille, loc. adv. De la même manière. Qu'un chacun doucement s'excuse à la pareille, Régnier, Sat. X. Il prend donc les menus [poissons], puis leur parle à l'oreille ; Et puis il feint à la pareille D'écouter leur réponse, La Fontaine, Fabl. VIII, 8. J'espère qu'en recevant ceci vous vous moquerez de moi, comme je prends quelquefois la liberté de me moquer de vous ; il faut nous excuser à la pareille, Sévigné, 10 juill. 1680. Nous devons nous aimer à la pareille, pour nous être toujours si bien entendus, Sévigné, à Bussy, 16 mai 1672.

    En rendant même traitement qu'on a reçu. Une coutume des Grecs, qui, lorsqu'il était arrivé quelque accident à quelqu'un, comme quand sa maison avait été brûlée… lui prêtaient de l'argent à la pareille, c'est-à-dire à condition ou dans le dessein qu'il leur en ferait autant dans un accident semblable, Bossuet, Usure, 4. Souvent ceux qui les environnent [les princes] s'épargnent les uns les autres, pour ainsi dire à la pareille, Bossuet, Polit. VIII, IV, 4.

    Elliptiquement. Si vous me faites ce plaisir là, à la pareille. Si vous n'en usez pas bien, à la pareille.

  • 6 S. m. Dans le langage familier, du pareil, de l'étoffe pareille. Vous aurez de la peine à trouver du pareil.

REMARQUE

Corneille a dit pareil que, comme on dit le même que : Lis un livre dévot, simple et sans éloquence, Avec plaisir pareil Que ceux où se produit l'orgueil de la science En son haut appareil, Imit. I, 5.

HISTORIQUE

XIIIe s. Semblable chose n'est mie pareille, car pareille chose senefie la grandor et la mesure, mais semblable ne senefie autre chose que la qualité, Latini, Trésor, p. 535. [Les hommes en l'âge d'or] Trestuit pareil estre soloient [avaient coutume], Ne riens propre avoir ne voloient, la Rose, 8485. Si cum fu mi sire Gauvains, Qui ne fu pas pareus as vains, ib. 18900. Mi iex [mes yeux] ne se poent garder De li [elle] folement esgarder ; Et n'est-ele pas ma pareille [égale], Bl. et Jeh. 515.

XIVe s. Et quel home est-ce ci ? par la vierge Marie ! En tout le monde n'a point son pareil en vie, Guesclin. 17463. Il n'ara son parail en tout le firmament, ib. 145. Icellui Pierre leur dist qu'il leur donroit à chascun un pareil de chauces de blanchet, Du Cange, parelius.

XVe s. Adonc se hasta ledit messire Louis, qui ne se vit mie pareil contre les ennemis, et se partit de là…, Froissart, I, I, 182. Et sera armé du corps chascun ainsi qu'il lui plaira, et aura deux chapeaux de fer paraux, Monstrelet, I, 2. Le plaisir du roy avoit esté que feusse vestu pareil de luy ce jour, Commines, IV, 10.

XVIe s. Ce seroit discourtoisie à l'endroict d'un pareil, et plus à l'endroict d'un grand, Montaigne, I, 51. Ailleurs, pour une pareille faulte, il en condemne d'aultres seulement à…, Montaigne, I, 55. Porter pareille vesture en hyver qu'en esté, Montaigne, I, 260. La victoire qu'ils me donnerent en pareil jour que cettuy cy, Montaigne, II, 46. Ils disent qu'en tout mon premier aage, je n'ay tasté des verges qu'à deux coups, et bien mollement ; j'ay deu la pareille aux enfants que j'ay eu, Montaigne, II, 73. Les Atheniens voulans rendre la pareille aux Thebains…, Amyot, Pélop. 12. Chasque oueille [brebis] cherche sa pareille, Cotgrave

ÉTYMOLOGIE

Bourg. pairoil ; Berry, paré ; wallon, pareie ; prov. parelh ; espagn. parejo ; ital. parecchio, d'un diminutif latin fictif pariculus, de par, pair (voy. PAIR), comme le prouvent les formes romanes.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

PAREIL.
4 S. f. La pareille. Ajoutez :

Au commencement du XVIIe siècle, on faisait un emploi général du substantif pareille, sans l'assujettir à être toujours avec la, c'est-à-dire aussi bien avec l'article un que sans article. Quel esprit que la raison conseille, S'il est aimé, ne rend point de pareille ? Malherbe, Lexique, éd. L. Lalanne. Il peut bien y avoir du manquement en la chose donnée, parce qu'on lui doit une pareille ; mais, pour le regard de l'affection, il n'y en a point, Malherbe, ib.