« parti.3 », définition dans le dictionnaire Littré

parti

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

parti [3]

(par-ti) s. m.
  • 1Ancien terme de mathématique. Règle des partis, nom de ce qu'on a nommé plus tard calcul des chances (ainsi dit parce qu'on partageait les chances, les probabilités). Usage du triangle arithmétique pour déterminer les partis qu'on doit faire entre deux joueurs qui jouent en plusieurs parties ; pour entendre les règles des partis, la première chose qu'il faut considérer est que l'argent que les joueurs ont mis en jeu ne leur appartient plus, car ils en ont quitté la propriété ; mais ils ont en revanche le droit d'attendre ce que le hasard peut leur en donner suivant les conditions dont ils sont convenus d'abord ; mais, comme c'est une loi volontaire, ils peuvent la rompre de gré à gré, et ainsi, en quelque terme que le jeu se trouve, ils peuvent le quitter, et, au contraire de ce qu'ils ont fait en y entrant, renoncer à l'attente du hasard, et rentrer chacun en la propriété de quelque chose ; et, en ce cas, le règlement de ce qui doit leur appartenir doit être tellement proportionné à ce qu'ils avaient droit d'espérer de la fortune, que chacun d'eux trouve entièrement égal de prendre ce qu'on lui assigne, ou de continuer l'aventure du jeu, et cette juste distribution s'appelle le parti, Pascal, Traité du triangle arithmétique.

    En un sens plus large, le choix à faire, la détermination à prendre dans une matière où il y a du hasard, d'après telle condition donnée. S'il y a autant de hasards d'un côté que de l'autre, le parti est à jouer égal contre égal, Pascal, Pensées, X, 1, édit. HAVET.

  • 2Ancien terme de finances. Nom donné à des forfaits soit pour faire certaines fournitures soit pour lever les droits du roi (ainsi dit parce que le partisan partageait le profit, le revenu). Le parti des vivres. Le parti des poudres. S'enrichir dans les partis. Il y a ici du bruit pour la nouvelle monnaie que l'on veut faire et que le parlement veut empêcher ; c'est qu'il y a des partisans qui offrent bien de l'argent pour en avoir le parti, Patin, Lett. t. II, p. 149. Son père était un des plus grands usuriers de la France, et ne s'adonnait qu'à bailler de damnables avis au conseil et à prendre quelques partis, Francion, VIII, p. 340. Il vous faut… un Jacquier qui prenne en parti le pain de munition, Sévigné, 2 août 1671. Saint Louis ne mit point en parti les biens et la fortune des pauvres ; il ne crut pas que, pour avoir des sujets obéissants, il fallût les rendre misérables, Fléchier, Panég. St Louis. Ergaste… trafiquerait des arts et des sciences, et mettrait en parti jusques à l'harmonie, La Bruyère, VI.

    Mettre les tailles en parti, en confier le recouvrement à des partisans.

  • 3Somme qu'on alloue à un employé, à un intendant, etc. (sens dérivé de partir, partager). Etes-vous convenue du parti que vous lui faites ? monsieur Remy m'a chargé de vous en parler, Marivaux, Fausses confid. I, 6.

    Fig. Condition, traitement. C'est lui faire un bon parti. On lui voulait donner une sous-préfecture, il ne devait pas refuser ce parti-là.

    Fig. Faire un mauvais parti, un méchant parti à quelqu'un, lui faire subir un mauvais traitement, ou même attenter à sa vie. On est prêt à vous faire un fort mauvais parti, Tristan, Panthée, III, 3. L'on ferait au Scamandre un très méchant parti, La Fontaine, Scam. Serez-vous étonné si je vous dis que j'ai reçu une lettre anonyme de Toulouse… ? je présume que, si j'étais à Toulouse, on me ferait un assez mauvais parti, Voltaire, Lett. Damilaville, 29 juin 1764.

  • 4Troupe de gens de guerre qu'on détache pour battre la campagne (sens dérivé de partir, partager). Il tire d'un déserteur, d'un transfuge, d'un prisonnier, d'un passant, ce qu'il veut dire, ce qu'il veut taire, ce qu'il sait, et pour ainsi dire, ce qu'il ne sait pas : tant il est sûr dans ses conséquences ; ses partis lui rapportent jusqu'aux moindres choses, Bossuet, Louis de Bourbon. Nous sommes occupés, et trop publiquement, d'un parti de cinquante hommes qui a passé quelques rivières, et qui a dessein d'enlever quelque personne considérable, Maintenon, Lett. au duc de Noailles, 9 nov. 1710. Les partis vinrent jusqu'aux portes de Paris, et enlevèrent le premier écuyer, qu'ils prirent pour le Dauphin, Duclos, Œuv. t. v, p. 26.

    Aller en parti, courir la campagne avec une commission particulière, pour chercher l'occasion d'incommoder l'ennemi.

    Par extension. Ne pourrions-nous point aller en parti sur le grand chemin de Paris ; il y aurait de bons coups à faire, Dancourt, Les cur. de C. SC. 3.

    Fig. Faire parti, arranger un coup de main. Léandre fait parti Pour enlever Célie ; et j'en suis averti, Molière, l'Ét. III, 6.

    Ancien terme de guerre. Parti bleu, petit parti de gens de guerre, sans commission et sans aveu. Il rencontra un parti bleu qui le vola et le dépouilla.

    Parti réglé, parti de gens qui allaient en parti munis d'une commission.

  • 5Union de plusieurs personnes contre d'autres qui ont un intérêt, une opinion contraire (c'est une extension du parti de guerre). Le parti des Guelfes, des Gibelins. Les partis politiques. Qu'aucun versât le sang de son propre parti, Corneille, Sertor. I, 1. Je permis à mes sens de se laisser chatouiller par le titre de chef de parti que j'avais toujours honoré dans les vies de Plutarque… les vices d'un archevêque pouvant être, dans une infinité de rencontres, les vertus d'un chef de parti, Retz, Mém. II. L'on a plus de peine dans les partis à vivre avec ceux qui en sont, qu'à agir contre ceux qui y sont opposés, Retz, ib. liv. II, p. 207, dans POUGENS. Il y a trois partis [en Angleterre], celui du roi et des évêques fort petit, celui du prince d'Orange fort grand, et le troisième des républicains et non conformistes, Sévigné, 513. Si l'aveuglement des peuples n'eût pas été incurable, elle [la reine] aurait guéri les esprits, et le parti le plus juste aurait été le plus fort, Bossuet, Reine d'Anglet. Ainsi les calvinistes, plus hardis que les luthériens, ont servi à établir les sociniens, qui ont été plus loin qu'eux, et dont ils grossissent tous les jours le parti, Bossuet, Reine d'Anglet. M. Jurieu n'est pas le seul qui nous a révélé le secret du parti, Bossuet, Variat. XIV, 88. Elle déclarait aux chefs des partis jusqu'où elle pouvait s'engager ; et on la croyait incapable ni de tromper ni d'être trompée, Bossuet, Anne de Gonz. Cet Agrippa fut toujours du parti des Romains, Bossuet, Hist. II, 10. Akibas, le plus autorisé de tous les rabbins, et, à son exemple, tous ceux que les Juifs appelaient leurs sages, entrèrent dans son parti [de Barcochébas], Bossuet, ib. II, 9. On prépare de loin les esprits, le parti se forme, l'un attire l'autre, Bourdaloue, Pensées, t. I, p. 462. J'ai vu plus d'une fois dans vos lettres, en parlant de vos filles : elle n'est point de mon parti ; une supérieure, un parti ! Maintenon, Lett. à Mme de la Viefville, 20 juin 1708. Je déplais aux deux partis, parce que je ne suis d'aucun…, Maintenon, Lett. au duc de Noailles, 5 mai 1711. Le parti d'Hannon voulait qu'on livrât Annibal aux Romains, Montesquieu, Esp. x, 6. Orbassan, qu'il ne soit qu'un parti parmi nous, Celui du bien public et du salut de tous, Voltaire, Tancr. I, 1. Il est peut-être utile qu'il y ait deux partis dans une république, parce que l'un veille sur l'autre, et que les hommes ont besoin de surveillants, Voltaire, Polit. et législ. Idées républic. 50. On change de parti dans les guerres civiles, Voltaire, Triumv. III, 2. Les chrétiens firent alors [sous Constance Chlore] un grand parti dans l'État, Voltaire, Mœurs, 8.

    Homme de parti, homme passionné en tout ce qui intéresse son parti.

    Esprit de parti, esprit aveugle et même injuste en tout ce qui regarde un parti et le parti contraire. L'esprit de parti abaisse les plus grands hommes jusqu'aux petitesses du peuple, La Bruyère, XI.

    Par extension, parti se dit quelquefois de personnes qui sont en débat, en procès. Lui [un mari qui plaide contre sa femme], il entre en fureur de sa légèreté… elle entre en fureur de son côté… les avocats éclateront de tous les deux partis, Sévigné, 23 janv. 1682.

    Prendre le parti de quelqu'un, le protéger, le défendre. Don Sanche, taisez-vous, et soyez averti Qu'on se rend criminel à prendre son parti, Corneille, Cid, II, 7. Prenez-vous son parti contre moi ? Molière, Femm. sav. II, 6. Il a pris le parti des rois, qui ne sont pas mieux traités que Dieu dans le Système de la nature ; pour moi je n'ai pris que le parti des hommes, Voltaire, Lett. Duch. de Choiseul, 2 sept. 1770. Il était digne de notre nation de singes, de regarder nos assassins comme nos protecteurs ; nous sommes des mouches qui prenons le parti des araignées, Voltaire, Lett. d'Argent. 1er juill. 1771.

    On dit, dans le même sens : prendre parti pour quelqu'un.

    Prendre parti contre quelqu'un, se tourner contre lui, l'attaquer.

    Prendre parti, se décider pour un parti ou pour l'autre. Les peuples qui n'avaient point encore pris parti, et qui attendaient que l'événement les déterminât, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. IV, p. 4, dans POUGENS.

    Être, se ranger du parti de quelqu'un, de quelque chose, favoriser, préférer, appuyer quelqu'un, quelque chose. Je suis entièrement du parti des médisants, Sévigné, 48. Vous pouvez tout : aimez, cessez d'être amoureux ; La cour sera toujours du parti de vos vœux, Racine, Bérén. II, 2. La multitude est toujours du parti des réprouvés, Massillon, Carême, Élus.

    Fig. Je permets à son esprit d'être du parti de son cœur, Molière, Critique, 7.

    Mettre du parti de quelqu'un, faire appuyer quelqu'un ; se mettre du parti de quelqu'un, l'appuyer. Il se met du parti de ceux qu'il fait régner, Corneille, Cinna, III, 4. Lacédémone avait mis dans son parti Darius, Bossuet, Hist. I, 8. Pourquoi ne songez-vous pas à mettre ces colonies dans votre parti ? Fénelon, Tél. x.

    Fig. Ou moi-même avec moi conduisant votre sœur, J'irai semer partout ma crainte et ses alarmes, Et ranger tous les cœurs du parti de ses larmes, Racine, Brit. III, 3.

    Avoir un parti, avoir pour soi, dans ses intérêts, un certain nombre de personnes par qui l'on est soutenu, défendu. Dans le sens opposé on dit : il a un grand parti, un nombreux parti contre lui.

    Dans les guerres de la Révolution, parti bleu, parti des troupes de la République, d'après la couleur de leur uniforme ; et parti blanc, les royalistes qui avaient le drapeau blanc.

  • 6Action de se partager, d'aller l'un d'un côté, l'autre d'un autre. Nous devions quitter notre bonne compagnie dès midi, et prendre chacun notre parti, les uns vers Paris, les autres à Autry, Sévigné, 1er oct. 1677.
  • 7 Fig. Résolution, détermination (le sens de partir, partager, se portant aux opérations de la volonté). Malheureux Xipharès, quel parti dois-tu prendre ? Racine, Mithr. II, c. Il prenait des partis extrêmes contre ses intérêts, Fénelon, Tél. I. Le choix que j'ai dû faire Devenait un parti conforme à ma misère, Voltaire, Scythes, III, 2. S'il [le parlement de Toulouse] croit avoir bien jugé les Calas, il doit publier la procédure… s'il sent qu'il s'est trompé, il doit réparer son injustice… il n'a fait ni l'un ni l'autre ; et voilà des cas où c'est le plus infâme des partis de n'en prendre aucun, Voltaire, Lett. d'Argence, 12 oct. 1765. Je connais les femmes : les partis violents ne leur coûtent rien, elles les prennent avec facilité, et elles y renoncent de même, Genlis, Vœux témér. t. I, p. 41, dans POUGENS.

    Demi-parti, résolution insuffisante, qui ne mène qu'à la moitié de ce qui doit être fait.

    Prendre parti, se décider pour ou contre. Prenons parti, mon âme, en de telles disgrâces ; Soyons femme d'Horace ou sœur des Curiaces, Corneille, Hor. III, 1. Faites, prenez parti ; que rien ne vous arrête ; Et ne me rompez pas davantage la tête, Molière, Mis. IV, 3. L'Église peut prendre parti dans les choses que l'Évangile laisse indifférentes, Bossuet, Déf. de la trad. sur la communion, Avertiss. 2. Qu'avons-nous tant faire de savoir si Saturne est environné d'un anneau ou d'un grand nombre de petites lunes, et pourquoi prendre parti là-dessus ? Malebranche, Rech. vér. IV, 7.

    Prendre un parti, en finir avec une situation. Je vous avoue que je voudrais bien m'en aller et que ma pauvre tante eût pris un parti [fût morte ou guérie], Sévigné, 133.

    Prendre son parti, prendre une dernière et ferme résolution. Ah ! la voici, seigneur ! prenez votre parti, Racine, Bér. III, 2. Il eut bientôt pris son parti, Hamilton, Gramm. 11.

    Prendre son parti, signifie aussi se résigner. Seigneur, nous savons prendre notre parti, Molière, Princ. d'Él. v, 3. La Sablière a pris son parti en jolie et spirituelle personne, Sévigné, 400. Théonas… avait enfin pris son parti et renoncé à la prélature, lorsque quelqu'un accourt lui dire qu'il est nommé à un évêché, La Bruyère, VIII. Prenez votre parti sur mes longueurs ; car pour moi j'ai pris le mien sur vos plaintes, Rousseau, Ém. III.

    C'est un parti pris, c'est une chose résolue, convenue.

    De parti pris, avec une résolution arrêtée à l'avance, sans vouloir rien entendre.

    Terme de beaux-arts. De parti pris, se dit d'une manière raisonnée et déterminée de traiter une difficulté. un accessoire du sujet. Ces draperies sont traitées de parti pris.

    Prendre un parti, disposer les ombres et les lumières par grandes masses ; ne point les éparpiller. Ne pas prendre parti, laisser les objets dans le vague et dans la confusion.

  • 8Expédient, moyen (ce qui est un diminutif du sens de résolution). C'est le plus court parti. Et soyez averti Que renfermer sa femme est un mauvais parti, Molière, Éc. des mar. I, 3. Mourons, c'est le parti qui seul me reste à suivre, Molière, Psyché, IV, p. 4. Nous trouvons l'évêque toujours habile, et toujours prenant les bons partis, Sévigné, 24 déc. 1673. La désolation qui fut dans sa chambre [de la princesse de Conti mourante] ne se peut représenter… la Gêvres avait pris le parti des évanouissements ; la Brissac, de jeter les hauts cris…, Sévigné, 5 févr. 1672. Veux-tu voir tous les grands à ta porte courir ? Dit un père à son fils, dont le poil va fleurir ; Prends-moi le bon parti, laisse-là tous les livres, Boileau, Sat. VIII. Il prit le parti de ne plus m'en parler, Fénelon, Tél. XII.

    Tirer parti, tirer avantage, utilité, profit. Lorsque Tibère commença à régner, quel parti ne tira-t-il pas du sénat ! Montesquieu, Rom. X. L'amour-propre tire parti de tout, il prend ce qu'il peut, suivant l'âge et l'état où nous sommes, Marivaux, Marianne, 9e part.

    Fig. Tirer parti de la vie, en user d'une manière agréable et sage.

  • 9Situation, état intermédiaire. Entre l'hypocrisie et l'impiété, il y a un parti honorable, c'est d'être chrétien, Bourdaloue, Resp. hum. 2e avent, p. 387. Il y a un parti à trouver entre les âmes crédules et les esprits forts, La Bruyère, XIV.
  • 10Profession, genre de vie, emploi. Le parti des armes, de la robe. Théodose leur offrit des partis très honorables dans ses armées, Fléchier, Hist. de Théodose, II, 39. Tel prend le parti des armes, Massillon, Carême, Vocat.

    En termes de guerre, prendre parti, s'enrôler. Ayant sous un faux nom pris parti dans l'armée, Hauteroche, Esp. foll. II, 4. Il y en eut près de vingt mille qui prirent parti en divers lieux parmi ses troupes, Fléchier, Hist. de Théod. II, 73.

  • 11Une personne à marier considérée par rapport à son bien ou à sa naissance. Il vint des partis d'importance ; La belle les trouva trop chétifs de moitié, La Fontaine, Fabl. VII, 5. …Madame Honesta, C'était son nom, avait eu jusque-là Force partis…, La Fontaine, Belph. Et, si votre parole à Clitandre est donnée, Offrez-lui le parti d'épouser son aînée, Molière, Femm. sav. v, 3. Si j'avais, comme vous, les pédants dans la tête, Je pourrais le trouver un parti fort honnête, Molière, ib. III, 7. Mademoiselle, le seul parti de France qui fût digne de Monsieur, Sévigné, 9. Le roi a donné à mademoiselle de la Mothe, fille de la reine, deux cent mille francs ; elle trouvera bientôt parti, Sévigné, 22. C'est environ trois cent mille livres de rente, tous ses meubles, toutes ses pierreries, l'hôtel de Longueville ; en un mot, c'est le plus grand parti de France, Sévigné, 21. Mme de Mirepoix donne son fils, qui est grand parti, au plus médiocre de la cour, Sévigné, 27 déc. 1688. Théramène était riche et avait du mérite ; il a hérité, il est donc très riche et d'un très grand mérite… combien de galants va-t-il mettre en déroute ? quels bons partis ne fera-t-il pas manquer ? La Bruyère, VII. Cléobuline, sa mère [de Thalès], le pria d'accepter un parti avantageux qui se présentait, Fénelon, Thalès.

    Prendre parti, se marier. Il y a un temps où les filles les plus riches doivent prendre parti, La Bruyère, III. Tout prit parti, seule elle demeura, Voltaire, Bégueule.

  • 12 Terme de jeux. Se dit, au lansquenet, d'une manière de jouer trois contre deux, deux contre un, ou trois contre un.

    Se dit à plusieurs jeux de cartes, lorsqu'il n'y a pas d'égalité dans les cartes, et que la carte d'un joueur compte double. Faire le parti. Donner le parti.

    PROVERBE

    À parti pris point de conseil.

REMARQUE

1. Prendre à parti, s'est dit comme nous disons aujourd'hui prendre à partie. Et prenant, s'elle eût pu, le destin à parti, Régnier, Sat. X. Elle eut beau prendre à parti les lois et la religion, Hamilton, Gramm. 9.

2. Mme de Sévigné a dit : le bon parti, pour le principal sujet. M. de Vardes… honore Paris de sa présence, et il est toujours le bon parti de la conversation, Sévigné, 1er juin 1684. C'est le sens ancien d'occasion qu'avait parti (voy. l'historique).

HISTORIQUE

XIIIe s. Diex ! fait il, li quels de ces deux M'est or partis [partagé, donné en partage] li mains mauvais ? Lai de l'ombre.

XVe s. Mais estoient au parti, comme pour les assaillans tous enfroisser et lapider de pierres, s'ils fussent passés outre la riviere, et n'eussent pu les Anglois aucunement retourner, Froissart, I, I, 41. Certes, sire, s'il nous convenoit entrer en ce parti [se rendre simplement], je tiens en vous tant d'hcnneur et de gentillesse, que vous ne nous feriez fors toute courtoisie, ainsi que vous voudriez que le roi de France ou le duc de Normandie fist à vos chevaliers, ou à vous mesme, si vous estiez au parti d'armes où nous sommes à present. - Les chefs des assiegeans considererent la loyauté de messire Aghos des Baux, et qu'il estoit un chevalier estrange hors du royaume de France, et que moult il leur avoit montré le droit parti d'armes, Froissart, I, I, 242. Messire Thomas, mon fils est-il mort… ou blessé… Nennin, monseigneur, si Dieu plait ; mais il est en dur parti d'armes ; si auroit bien mestier de votre aide, Froissart, I, I, 290. Et les autres qui de près le suivoient, qui s'arresterent sur lui, quand en ce parti le virent [tué de la sorte], et le regretterent durement, Froissart, I, I, 113. … Il est en tel party, Le pauvre homme, qu'il n'a party Du lict, y a unze semaines, Patelin. Il fut de ceste opinion, disant que jamais n'auroit si beau parti [occasion], Commines, II, 1. Il l'envoya querir à son disner avec luy, et luy offroit de très beaulx et bons partis, s'il eust voulu demourer, Commines, IV, 10. Il [le comte de Campobache] trahissoit celluy qui l'avoit recueilly vieil et povre et sans nul party, Commines, v, 6.

XVIe s. Chacun soit adverti De faire comme moy ; Car d'aimer sans parti [sans retour], C'est un trop grand esmoy, Marot, II, 344. [La terre] Fut divisée en bornes et partis Par mesureurs fins, cauts et deceptifs, Marot, IV, 19. Le Tout-puissant, qui m'ouït plaindre, Mon parti tousjours tenir veut, Marot, IV, 328. Il se revolta et changea de party, Montaigne, I, 44. Il print entre ces deux extremitez un moyen party, Montaigne, I, 243. Il luy escrivit qu'il luy avoit trouvé un party bien plus grand et plus digne, d'un mari de bien aultre pouvoir et magnificence, Montaigne, I, 251. Ilz le supplierent de vouloir appaiser son courroux et emmener les Volsques hors de leurs terres, pour puis après à loisir mettre en avant telz partis qu'il verroit estre expedients pour les uns et pour les autres, Amyot, Cor. 50. Les tourterelles, en signe de viduité, jamais ne couchent sus branche verte, après qu'elles ont perdu leur party, et demeurent en perpetuelle viduité, sans prendre autre party, Paré, Animaux, 12.

ÉTYMOLOGIE

Parti 1 ; ital. partito. On comprend par le premier exemple de l'historique comment parti, participe passé de partir, diviser, partager, est devenu le substantif parti : ce qui est partagé devient le lot, la part, la résolution.