« patenôtre », définition dans le dictionnaire Littré

patenôtre

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

patenôtre

(pa-te-nô-tr') s. f.
  • 1Il se dit des premières prières qu'on apprend aux enfants, et surtout du Pater. La patenôtre commence par ces mots : Notre père…
  • 2Toute autre espèce de prières chrétiennes. Dire sa patenôtre ou ses patenôtres.
  • 3 Par extension, vaines paroles sans cesse répétées. Il marmotte toujours certaines patenôtres Où je ne comprends rien, Racine, Plaid. I, 1.

    Dire la patenôtre du singe, gronder, murmurer entre ses dents. Comme un singe fâché, j'en dis ma patenôtre, Régnier, Sat. X.

  • 4 Fig. Catégorie (inusité en ce sens). Et quant aux courtisans, Je trouve, les mettant en même patenôtre, Que…, Régnier, Sat. X.
  • 5 Au pluriel, les grains d'un chapelet, le chapelet tout entier. Jamais on ne lui vit aux mains de patenôtres, Régnier, Sat. XII. Mais tout cela n'est rien au prix Des mulets de Son Éminence ; Leur attirail doit avoir coûté cher ; Ils se suivaient en file ainsi que patenôtres, La Fontaine, Lettres, I.

    En termes de blason, la patenôtre est un chapelet, ou seulement un dizain, dont les écus des chevaliers de Malte et d'autres personnes religieuses sont environnés.

  • 6 Terme d'architecture. Sorte d'ornement des corniches et d'autres pièces, qui est en forme de grains de chapelets, les uns ronds, d'autres en forme d'olive.
  • 7 Terme de pêche. Chapelet de morceaux de liége qui soutient un filet au-dessus de l'eau.
  • 8 Terme de ponts et chaussées. Se dit des chaînes sans fin employées dans les chapelets verticaux. Certaines mailles de patenôtre, également espacées, sont disposées de manière à fermer exactement le vide du cylindre dans lequel l'eau est élevée.
  • 9Patenôtre des Italiens, l'azédarach.

HISTORIQUE

XIIIe s. Une femme qui tenoit unes paternostres en sa main, Miracles St Loys, p. 131. Et pour avoir esperance d'avoir boin hostel dist cascuns le [la] patenostre saint Julien, H. de Valenciennes, X. Sel jurent : toutes sommes vostres ; Creés les comme pater nostres, la Rose, 15964.

XIVe s. Unes patenostres esmailliées, pendans à une croix où il y a pierres et perles, De Laborde, Émaux, p. 433.

XVe s. Et nous feusmes l'espace de plus de deux patenostres avant que…, Commines, II, 12.

XVIe s. Il disoyt la patenostre du cinge, Rabelais, Garg. I, 11. Il mit parmi les pois deux grandes poignées de ces osselets ronds de moulue [morue] qu'on appelle patenostres, Despériers, Contes, LXXV. Enfilées comme patinostres en une cordelete, De Serres, 229. On disoit qu'il se falloit garder des patenostres de M. le connestable [de Montmorency] ; car, en les disant ou marmotant, lorsque les occasions se presentoient, il disoit : allez-moy prendre un tel, attachez celui-là à un arbre, faites passer celui-là par les piques ou les harquebuses tout devant moy…, Brantôme, Capit. franç. t. II, p. 67, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, pâttnos, pantnoss ; provenç. paternostre, patrenostre ; cat. pare nostre ; esp. padrenuestro ; port. padre nosso ; ital. padre nostro ; du latin pater, père, et noster, notre, qui sont les premiers mots de la prière dominicale.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

PATENÔTRE. Ajoutez :
10Savoir la patenôtre, voy. LOUP n° 1.

Fig. Lorsqu'on veut faire entendre à quelqu'un qui fait des menaces qu'on saura bien l'empêcher de les effectuer, on dit qu'on sait la patenôtre du loup, J. B. Thiers, Traité des superst.