« pavot », définition dans le dictionnaire Littré

pavot

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pavot

(pa-vo ; le t ne se prononce pas et ne se lie pas : un pa-vo élégant ; au pluriel, l's se lie : des pa-vo-z élégants ; pavots rime avec faux, repos, etc.) s. m.
  • 1Genre de la famille des papavéracées.

    Plante qui porte de grandes fleurs à quatre pétales, dont la graine renferme de l'huile, et dont le suc est soporifique (papaver somniferum, L.) . Ils avaient mis l'un et l'autre, sur leurs cheveux flottants et parfumés d'essences, des couronnes de pavots, de sésames et d'autres plantes consacrées à Vénus, Barthélemy, Anach. ch. 77. C'est au funeste hiver de 1709, qui fit périr tous les oliviers de la France, qu'on est redevable de l'introduction de la culture du pavot, qui était connu depuis longtemps en Allemagne, Genlis, Maison rust. t. III, p. 113, dans POUGENS.

    Comparer la rose au pavot, comparer des choses qui ne sont pas comparables. Aussi bien chanter d'autre chose, Ayant chanté de sa grandeur, Serait-ce pas après la rose Aux pavots chercher de l'odeur ? Malherbe, III, 3.

  • 2Poétiquement et fig. Les pavots, le sommeil. C'est bien, ô nuit, c'est bien de tes plus noirs pavots Que tu m'as distillé ce funeste repos, Rotrou, Antig. I, 1. Il choisit une nuit libérale en pavots ; Chacun était plongé dans un profond repos, La Fontaine, Fabl. XI, 3. Les pavots que le sommeil répand sur la terre, Fénelon, Tél. XI. Que de nuits sans pavots, que de jours sans soleil ! Lamartine, Méd. II, 14. [à la nuit] L'illusion se glisse en notre âme amollie, Et l'air, plein de silence et de mélancolie, Des pavots du sommeil enivre la raison, Lamartine, Harm. II, 6.

    On dit dans un sens analogue : les pavots de la mort. Sans voir qu'elle y mêlait les pavots de la mort, Hugo, Odes, I, 3.

  • 3Pavot de Tournefort, papaver orientale, L.

    Pavot-coq, le coquelicot, papaver rhoeas, L.

    Pavot cornu, glaucienne.

    Pavot épineux, l'argémone du Mexique.

  • 4 Terme d'alchimie. Pavot des philosophes, la pierre parfaite au rouge.

HISTORIQUE

XIIIe s. Fleurs de paot broiies en oile d'olive, Alebrand, f° 33. Huile de olives, de amandes, de noiz et de pavoz, Liv. des mét. 159.

XIVe s. En alant touz pensis parmi le jardin, il abatoit les testes des pavoz avecques un baston, Bercheure, f. 25, verso.

XVIe s. L'odeur fascheuse du suc de pavot noir, qu'on appelle opium, Paré, XXIII, 44.

ÉTYMOLOGIE

Norm. (Bayeux) papi, coquelicot ; Berry, papou ; wallon, pavoir ; provenç. papaver, paver ; portug. papoula ; ital. papavere (voy. PAPAVÉRACÉES). Le provençal paver montre qu'on a dit paver au lieu de papaver. Cependant il faut prendre en considération l'anglo-saxon papig, popig ; angl. poppy ; kimry, pabi. Il semble que cette forme s'est combinée avec le latin réduit à paver, et a donné les formes du français et de ses patois.