« petit », définition dans le dictionnaire Littré

petit

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

petit, ite

(pe-ti, ti-t' ; le t se lie : mon pe-ti-t ami) adj.
  • 1Qui a peu d'étendue, peu de volume, par opposition à grand, gros, étendu, volumineux. Comme c'est dans les plus petits vases que l'on enferme les essences les plus exquises, il semble que la nature se plaise à mettre dans les plus petits corps les âmes les plus précieuses, Voiture, Lett. 52. Entre nos ennemis Les plus à craindre sont souvent les plus petits, La Fontaine, Fabl. II, 9. Petit poisson deviendra grand, Pourvu que Dieu lui prête vie, La Fontaine, ib. V, 3. Nous [rats] ne nous prisons pas, tout petits que nous sommes, D'un grain moins que les éléphants, La Fontaine, ib. VIII, 15. Aux enfants tout paraît grand, les cours, les jardins, les édifices, les meubles, les hommes, les animaux ; aux hommes les choses du monde paraissent ainsi, et j'ose dire par la même raison, parce qu'ils sont petits, La Bruyère, XI. Tout doit être pour le philosophe un sujet de méditation, et rien n'est petit à ses yeux, Voltaire, Phil. Newt. II, 10. Lycurgue, qui n'a été le législateur que d'une petite ville, Condillac, Ét. hist. III, 5. On est jusqu'à vingt ans petit pour sa nourrice, Delavigne, les Enf. d'Éd. I, 1.

    Porter de petits cheveux, porter les cheveux courts.

    Porter le petit collet, un petit collet, être habillé en ecclésiastique.

    Un petit homme, une petite femme, un homme, une femme dont la taille est au-dessous de la moyenne. Il paraissait vain, et il avait l'esprit décisif comme l'ont la plupart des petits hommes, Lesage, Gil Bl IV, 6. Il est plus permis à une petite femme d'être belle qu'à un petit homme d'être beau, Diderot, Rech. philos. sur le beau, Œuv. t. I, p. 468, dans POUGENS. Ce petit homme [la Harpe] à son petit compas Veut sans pudeur asservir le génie ; Au bas du Pinde il trotte à petits pas, E. Lebrun, Épigrammes.

    Se faire petit, se ratatiner. Se fait petit, se serre, La Fontaine, Gasc. Le pauvre auteur est tapi dans un coin, Se fait petit, tient à peine une place, Voltaire, Épît. LXXXII.

    Fig. Se faire petit, être petit devant quelqu'un, s'abaisser devant lui par respect ou par crainte. Jamais il ne parut plus humble, ni plus petit devant Dieu, Bourdaloue, 9e dim. après la Pentec. Dominic. t. III, p. 155.

    Se faire petit, éviter l'éclat, ne point chercher à attirer sur soi les regards.

    Être petit devant quelqu'un, perdre beaucoup à lui être comparé ; ne paraître rien au prix de lui.

    Petite maison, voy. MAISON, n° 14.

    Terme d'imprimerie. Petit canon, petit parangon, petit romain, petit texte, voy. CANON, PARANGON, etc.

    Terme de marine. Se dit des mâts, vergues et voiles qui surmontent le mât de misaine.

    Petite voûte, surface courbe qu'on remarque à la poupe.

  • 2Qui est dans le bas âge. Je vous l'ai dit cent fois, quand vous étiez petit, Molière, Tart. v, 3.

    Familièrement. La petite une telle, la fille encore enfant d'un tel. Elle [Mme de Maintenon] prit pour prétexte la petite Heudicourt, et la demanda à madame sa mère, Mme de Caylus, Souvenirs, p. 53, dans POUGENS.

    La petite table, voy. TABLE.

  • 3Il se dit aussi d'une quantité numérique, et alors il est opposé à nombreux. Une petite somme d'argent. D'adorateurs zélés à peine un petit nombre Ose des premiers temps nous retracer quelque ombre, Racine, Athal. I, 1.
  • 4Qui est moindre que d'autres dans le même genre, soit au physique, soit au moral. Petit bruit. Un petit vent. Un petit feu. À ces raisons qui ne sont pas petites, Mairet, Soliman, II, 2. D'un insolent discours ce juste châtiment Ne lui servira pas d'un petit ornement, Corneille, Cid, I, 6. Pour te récompenser ma force est trop petite, Corneille, ib. IV, 3. Mais près de ces grands noms [les anciens] notre gloire est petite, La Fontaine, Épître à Huet. Voilà quelle est notre créance et la foi que nous professons ; et je crois qu'en voilà plus qu'il n'en faut pour aider vos consolations par mes petits efforts, Pascal, Lett. sur la mort de son père. Je pars demain… cette séparation, quoique petite, lui coûte beaucoup [à l'abbé de Coulanges], Sévigné, 10 mai 1676. Bonjour, ma très chère ; je ne sais que vous dire de mon amitié ; les paroles me manquent, je les trouve trop petites, Sévigné, 20 oct. 1688. De quelque superbe distinction que se flattent les hommes, ils ont tous une même origine, et cette origine est petite, Bossuet, Duch. d'Orl. Il éprouve les inconvénients où tombe un Êtat lorsqu'il est gouverné par des gens d'un petit mérite, Le P. Catrou, dans DESFONTAINES. On joua, Lusane fit remarquer à Hortense que tout son monde jouait petit jeu ; c'est, dit-il, le moyen d'entretenir l'union et la joie, Marmontel, Cont. mor. Bon mari.

    Familièrement. Avoir son petit mérite, n'être pas sans mérite, sans qualités. Je ne crois pas en [des Lois de Minos] faire jamais une pièce qui soit aussi touchante que Zaïre ; mais il se pourra faire qu'elle ait son petit mérite, Voltaire, Lett. Argental, 8 juillet 1772.

    En un sens analogue. Quand on lui offre son petit savoir-faire, son bien et sa vie, Bussy-Rabutin, Lett. t. III. p. 142, dans POUGENS. J'ai un petit mot à vous dire, c'est que presque toutes vos tragédies [à vous Français] sont froides, Voltaire, Lett. d'Argental, 8 oct. 1760.

    Avec ironie. Je suis ravi de savoir vos petites intentions ; vous voyez les miennes, Lamotte, Calendrier des vieill. sc. 2.

    Petite vérole, voy. VARIOLE.

    Les petites choses, les choses peu importantes. Ce bonheur que vous dites que vous avez en toutes les petites choses, Voiture, Lett. 22. Ceux qui s'appliquent trop aux petites choses, deviennent ordinairement incapables des grandes, La Rochefoucauld, Max. 41. Il [Xénophon] avait tout à la fois le courage des grandes choses, et celui des petites, beaucoup plus rare et plus nécessaire que le premier, Barthélemy, Anach. ch. 39.

    Une petite chose, une chose basse, vile. Une chose hideuse me blesse moins qu'une petite chose, Diderot, Salon de 1765, Œuv. T. XIII, p. 107, dans POUGENS.

    Une petite complexion, une petite constitution, une constitution faible.

  • 5Il se dit des personnes petites par leur condition, par leur fortune, par leur naissance. Tous coururent à elle [Judith] depuis le plus petit jusqu'au plus grand, Sacy, Bible, Judith, XIII, 15. Tout petit prince a des ambassadeurs, La Fontaine, Fabl. I, 3. On a souvent besoin d'un plus petit que soi, La Fontaine, ib. II, 12. Et vous petits hommes revêtus d'un petit emploi qui vous donne une petite autorité dans un petit pays, vous criez contre la philosophie…, Voltaire, Dict. phil. Philosophe, II.

    Les petites gens, les personnes qui n'ont pas de fortune. Un tel emploi n'est bassesse Que chez les petites gens, Molière, Amph. Prologue.

    Petit marchand, marchand en détail, qui a une petite boutique.

    Le petit peuple, les gens des classes inférieures.

    Le petit monde, les personnes de condition inférieure, par opposition au grand monde qui comprend les personnes élevées en dignité ou en richesse.

    Le petit monde se dit pour les enfants par opposition aux grandes personnes. Le petit monde sera à la petite table.

    Petits frères bis, frères mineurs, cordeliers.

    Petites sœurs des pauvres, congrégation destinée à recueillir et à soigner les pauvres vieillards.

  • 6Qui est de peu de valeur, en parlant des personnes. Marie, humble, retirée, petite à ses yeux, ne pensait pas seulement qu'un ange pût la saluer, Bossuet, Élévat. sur myst. XII, 1. Tel, connu dans le monde par de grands talents, honoré et chéri partout où il se trouve, est petit dans son domestique et aux yeux de ses proches, qu'il n'a pu réduire à l'estimer, La Bruyère, XII. On est toujours petit quand on n'est grand que par la vanité, Massillon, Pet. carême, Tent. des grands. Sénèque un petit auteur ! par Jupiter ! si je le disais, je croirais faire un blasphème littéraire, Marivaux, Sec. surpr. de l'am. II, 8. Il n'y a que les petits hommes qui redoutent les petits écrits, Beaumarchais, Mar. de Figaro, v, 3. Il m'appelle petit auteur : Eh bien ! c'est un petit malheur ; En attendant que l'on me dise De quelle taille est mon censeur, Je le mesure à sa sottise, Et suis frappé de sa grandeur, Fabien Pillet, Épigr. contre l'abbé Féletz.

    Un petit esprit, une personne qui a peu d'idées, des idées peu étendues. Les petits esprits, avec toute leur vivacité et toute leur délicatesse, ont la vue trop courte pour voir tout ce qui est nécessaire à l'établissement de quelque système ; ils s'arrêtent à de petites difficultés qui les rebutent, ou à quelques lueurs qui les éblouissent, Malebranche, Rech. vér. II, II, 7.

    C'est un petit esprit, c'est un homme dont les idées, les sentiments sont peu élevés, peu généreux.

    C'est un petit génie, se dit d'un homme dont les facultés intellectuelles sont très bornées. Crispin : Apprends-moi de quel caractère est M. Oronte. - Labranche : C'est un bourgeois fort simple, un petit génie, Lesage, Crispin rival de son maître, 3.

    Une petite âme, une personne sans noblesse ni générosité. Laissons, seigneur, laissons pour les petites âmes Ce commerce rampant de soupirs et de flammes, Corneille, Sertor. I, 3. J'éprouvai que les petites choses trouvent encore dans de petites âmes une envieuse malignité, Marmontel, Mém. X.

  • 7Il se dit de ce qui manque de noblesse, de dignité. Il est bien grand de décider des fortunes des hommes sur son tribunal ; il est bien petit de vouloir avoir des malheureux dans son antichambre, Voltaire, 2e dial.

    Terme de beaux-arts. S'oppose à hardi, large, noble, grandiose. Ce palais immense [Versailles] dont la façade du côté des jardins est ce qu'il y a de plus beau dans le monde, et dont l'autre façade est dans le plus petit et le plus mauvais goût, Voltaire, Fragm. sur l'hist. art. XXVIII.

  • 8Qui a le caractère de la recherche, de la minutie. Il [Louis XIV] ne goûta les petits vers de Benserade que parce qu'ils avaient rapport aux fêtes magnifiques qu'il donnait, Voltaire, Mél. litt. Lett. de la Visclède. Comment les vifs et continuels élans que fait hors de lui-même un cœur sensible, peuvent-ils le laisser s'occuper sans cesse de tant de petits soins pour sa petite personne ? Rousseau, Conf. IX. En être aux petits soins avec quelqu'un, être rempli pour lui d'attentions et de prévenances.
  • 9Qui est comme le diminutif d'une autre chose. Cet hôtel est un petit Louvre. Je plains la personne que vous savez, dans l'inquiétude… où je ne m'étonne pas de la voir ; c'est un petit jour du jugement, Pascal, Lett. à Mlle de Roannez, 8. Notre orgueil aveugle, nous remplissant de nous-mêmes, nous érige en de petits dieux ; eh bien ! ô superbe, ô petit dieu, voici le grand Dieu vivant qui s'abaisse pour te confondre, Bossuet, 1er sermon, Nativ. de N. Seigneur, 3. Il [Thiriot] fait le médiateur, le petit ministre, Voltaire, Lett. d'Argental, 5 fév. 1739.

    La petite guerre, voy. GUERRE, n° 6.

    Petit soldat, s'est dit pour pionnier, non combattant. Serait Sa Majesté bien aise que desdits huit mille hommes de pied, il y en eût six mille de guerre, et deux mille en qualité de petits soldats pour servir de pionniers, Villeroy, Mém. t. IV, p. 206.

    Populairement, le petit caporal, Napoléon Ier.

  • 10Qui est tout au commencement, en parlant de temps. La petite pointe du jour. Je ne souhaite au monde que de guérir, afin de partir dans le très petit commencement de septembre, Sévigné, 22 juill. 1685.
  • 11Il se dit dans plusieurs arts et métiers.

    Petites bouchées, espèces de vol-au-vent en miniature, qu'on appelle aussi petits pâtés à la reine.

    Petit vin, vin fait avec le marc du raisin à sa sortie du pressoir.

    Petit coup, espèce de vis dont la tête a une éminence sur laquelle on dirige le bout d'un crochet inférieur de l'abattant du métier à bas.

    Petits coups, mouvements dirigés pour égaliser les nouvelles boucles dans les becs des aiguilles du métier à bas.

    Terme de menuiserie. Petit bois, les montants et traverses des châssis de croisée, etc.

    Terme de métallurgie. Petite masse, l'ensemble des étalages de l'ouvrage et du creuset.

    Terme de minéralogie. Petit granite, variété de marbre dont le fond noir est parsemé de parties plus claires, disséminées d'une manière à peu près régulière, et d'un aspect analogue à celui d'un granit à grain fin. Petit gris, marbre de Mons.

    Epithète ajoutée à beaucoup de noms de plantes.

    Petit bois, le chèvre-feuille des Alpes.

    Petit cèdre, le genevrier oxycèdre.

    Petite centaurée, l'erythraea centaurium.

    Petit chêne, le teucrium chamaedrys.

    Petite consoude, le pied d'alouette consoude.

    La petite douve, le ranunculus flammula.

    La petite flambe, l'iris pumila.

    Le petit houx, le ruscus aculeatus.

    Petite orge, la cévadille.

    La petite oseille, le rumex acetosella.

    Épithète ajoutée au nom de plusieurs animaux.

    Petit bœuf, le roitelet.

    Petit coq doré ou petit doré, le roitelet.

    Petit deuil, mésange du Cap.

    Petit hibou, la chevêche.

    Petit moine, mésange charbonnière.

  • 12On emploie petit comme terme d'affection, de compassion, de familiarité. Mon petit mari. Ma petite femme. C'est lui seul qui bannit ces petits malheureux, Corneille, Médée, I, 3. Voilà le vrai discours d'un petit glorieux, d'un petit ambitieux, d'un petit téméraire, d'un petit impétueux, d'un petit maréchal de France, Sévigné, 15 nov. 1671. Hélas ! petits moutons, que vous êtes heureux ! Deshoulières, Idylle I.

    Substantivement. Il se dit des enfants, des jeunes gens, des jeunes filles. Vos lettres me plaisent au dernier point ; pourtant, ma petite, ne vous incommodez point pour m'écrire, Sévigné, 21 juin 1671. Vous voilà donc, petite, me cria-t-elle, comme en soupirant sur moi ; hélas ! je songeais tout à l'heure à vous, Marivaux, Marianne, 9e part. Je vois que la petite est fille à sentiment, Boissy, Deh. tromp. v, 2. Pauvre petit, tu dois aller où Dieu t'appelle ; mais, quand tu seras grand, tu te souviendras de moi, Rousseau, Conf. II. Est-ce à votre pauvre petite, Qui vous aime si tendrement, Que ce cœur devrait un moment Cacher le trouble qui l'agite ? Marmontel, Zém. et Azor, II, 2.

    Ma petite : c'est un jargon d'amitié qui ne mérite pas d'être compté entre les expressions de la langue et qui n'entre point dans le discours, Bouhours, Remarques sur la langue. (La locution est familière sans doute, mais elle entre fort bien dans le discours).

    En mauvaise part ou en ironie. Mais, mon petit monsieur, prenez-le un peu moins haut, - Ma foi, mon grand monsieur, je le prends comme il faut, Molière, Mis. I, 2. Vous n'en croyez que votre petite tête, et voilà ce qui vous arrive, Marivaux, Marianne, 3e part. Cessez de me parler pour ce petit Valère ; Il ne sait ce qu'il veut, mais il sait me déplaire, Gresset, Méch. v, 5. Avec son petit air langoureux et discret, Collin D'Harleville, Malice pour malice, II, 1.

    Substantivement. En effet, c'est d'un orgueil… vous vous oubliez, ma petite, Picard, Marionnettes, III, 7.

  • 13Petit se combine avec différents noms.

    Petit four, voy. FOUR 1, n° 1.

    Petite-fille, voy. PETITE-FILLE.

    Petit-fils, voy. PETIT-FILS.

    Petit-gris, voy. PETIT-GRIS.

    Petit-lait, voy. LAIT, n° 4.

    Petites-maisons, voy. MAISON.

    Petit-maître, voy. MAÎTRE, n° 23.

    Petite-maîtresse, voy. MAÎTRESSE.

    Petit-neveu, voy. NEVEU.

    Petite-nièce, voy. NIÈCE.

    Petite-oie, voy. OIE.

    Petits-pieds, voy. PIED.

  • 14 S. m. pl. Ceux qui sont de petite taille. Les petits furent placés dans les compagnies de voltigeurs.
  • 15 S. m. Animal nouvellement né. Dieu laisse-t-il jamais ses enfants au besoin ? Aux petits des oiseaux il donne leur pâture, Racine, Athalie, II, 7. Alors je me sentis comme une lionne à qui on vient d'arracher ses petits, Fénelon, Tél. X. Vendôme était plein de chiens et de chiennes dans son lit, qui y faisaient leurs petits à ses côtés, Saint-Simon, 156, 38. Elle [l'ânesse] ne fait qu'un petit et si rarement deux qu'à peine en a-t-on des exemples, Buffon, Quadrup. t. I, p. 158. Les petits des abeilles doivent naître, croître et se transformer dans des cellules, Bonnet, Contempl. nat. XI, 8.

    Fig. Ses écus ont fait des petits, se dit d'une somme qui s'est accrue parce qu'on l'a fait valoir.

    S. m. pl. Dans la sériciculture, les petits, les vers qui, dans une chambrée, accomplissent mal leur mue, mangent peu et ne grossissent pas.

  • 16 S. m. et f. Il se dit familièrement d'un enfant encore petit. Notre petite a été malade. Consolez-vous du petit ; il n'y a de la faute de personne, il est mort des dents, Sévigné, 16 juillet 1677.
  • 17 S. m. pl. Il se dit des hommes sans naissance, sans fortune, sans crédit. Descendre jusqu'aux petits est le plus sûr moyen de s'égaler aux grands, Retz, II, 62. Ne touchez point aux bornes des petits, et n'entrez point dans le champ des orphelins, Sacy, Bible, Prov. de Salomon, XXIII, 10. Hélas ! on voit que de tout temps Les petits ont pâti des sottises des grands, La Fontaine, Fabl. II, 4. Les grands sont entourés, salués, respectés ; les petits entourent, saluent, se prosternent, et tous sont contents, La Bruyère, IX. Les petits sont quelquefois chargés de mille vertus inutiles, ils n'ont pas de quoi les mettre en œuvre, La Bruyère, XI. Il faut bien en porter la peine, et aller suivant ma taille ; aux petits les corvées, dit-on, Marivaux, Pays. parv. part. 3.

    Il se dit aussi au singulier. Vous ne mettrez aucune différence entre les personnes : vous écouterez le petit comme le grand, Sacy, Bible, Deutéron. I, 17.

  • 18 S. m. Ce qui est petit.

    Les infiniment petits, les êtres les plus petits, qu'on ne voit qu'avec les plus forts microscopes. Notre vue obtuse ne découvre que les Cordillères des infiniment petits, Bonnet, Consid. corps organ. t. VI, p. 86 dans POUGENS.

    Le calcul des infiniment petits, la géométrie des infiniment petits, nom qu'on a quelquefois donné au calcul infinitésimal.

    Du petit au grand, par comparaison des petites choses aux grandes.

    On dit de même : en comparant les choses du petit au grand.

    Un petit, un peu, tant soit peu (locution qui a vieilli). Ne lui donnez plus rien qu'un petit de panade ; Car il est mort, autant vaut, La Fontaine, Songe de Vaux, 4e fragm. Je commence à mon tour à le croire un petit, Molière, Amph. I, 2. Notre bon abbé… se porte fort bien ; il s'amuse à bâtir un petit : car nous n'avons point d'argent, Sévigné, 17 juill. 1680.

  • 19 Fig. Le petit, ce qui a le caractère mesquin, sans noblesse. Il [Louis XIV] n'aimait le petit en aucun genre, quoiqu'il eût dans l'esprit autant de délicatesse que de grandeur, Voltaire, Mél. hist. Lett. de la Visclède. Parfaits dans le petit, sublimes en bijoux, Grands inventeurs de riens, nous faisons des jaloux, Voltaire, Voy. à Berlin.
  • 20En petit, loc. adv. En raccourci. C'est l'effet d'un art consommé de réduire en petit tout un grand ouvrage, Bossuet, Duch. d'Orl. On veut que l'univers ne soit en grand que ce qu'une montre est en petit, et que tout s'y conduise par des mouvements réglés qui dépendent de l'arrangement des parties, Fontenelle, Mond. 1er soir.
  • 21Petit à petit, loc. adv. Peu à peu. Petit à petit l'Europe adopta son système [de Descartes], malgré les protestations de Gassendi, qui fut moins suivi parce qu'il était moins hardi, Voltaire, Philos. Newt. III, 3.

    PROVERBE

    Petit à petit l'oiseau fait son nid, c'est-à-dire on fait peu à peu sa fortune, sa maison.

HISTORIQUE

XIe s. A bien petit que il ne pert le sens, Ch. de Rol. XXII. Car de Franceis i ad assez petit [peu], ib. XCIII. Sun petit pas [il] s'en turne chancelant, ib. CLXIII. De l'altre dei qui porte l'anel ; del petit dei, Lois de Guill. 13.

XIIe s. Un petit se pensa, Ronc. p. 7. En haut s'escrient li petit et li grant, ib. p. 119. Quant Felipes vit que il petit à petit aloit avant, Machab. II, 8. Niés Vivien [neveu Vivien], ce n'est pas jeus petiz ; Que tant i a Sarrazins et Persis, Contre un des noz en ont soixante et diz, Li covenans Vivien, v. 386. Un petiz biens vaut mieux, si Diex me voie, Qu'on fait courtoisement, Que cent greignor [plus grands] fait eniousement, Couci, XVI. Petit me vaut mes pourchas, ib. p. 122. Le fol homme ocit irors [la colère], et le petit ocit envie, Job, p. 513. Tant que tu fus petiz en ma baillie, Te norresimes par molt grant signorie, R. de Cambrai, p. 74.

XIIIe s. Se j'avoie mon jouvent [ma jeunesse] tout usé, Si sui-je riche et de moult haut parage, Qu'on m'aimeroit à petit de beauté, Quesnes, Romanc. p. 109. Et sachiés que ce fu une des grans dolors que avenist en l'ost ; quar petit s'en failli que toute l'os [l'armée] n'en fust perdue, Villehardouin, L. Petit mangierent et burent, car petit avoient viande, Villehardouin, LXXXIII. Atant une arme [âme] vint al lit, Pas por pas, petit et petit, Partonop. v. 1121. De son païs [il] i fut menés mout tres petis, Berte, V.

XIVe s. …à le fois voit on Que chius [celui] qui a le tort mate son campion [dans un duel judiciaire] ; Li souffissant eschapent, et les petis pent on, le Bastard de Bullion, v. 6507, dans Hist. litt. t. XXV, p. 616. Operacions petit à petit, H. de Mondeville, f° 11, verso. Et ce sachiés tant de mes drois, Que tout tel droit ha li petis Comme li haus et li gentils, Machaut, p. 22. Petit gouvernement et mauvais, Ordon. des rois de Fr. t. III, p. 125.

XVe s. Le deable court au long, de petit en petit, pour voir comment il peut venir à ses ententes, Froissart, II, II, 52. Et ce que je vous dis, je le vous remontre pour bien, car je suis tenu de vous conseiller et adresser, selon mon petit sens, Froissart, II, III, 78. Madame, dit le comte, je suis un petit homme et un povre bachelier, Froissart, II, III, 5. S'en tira en France, où il trouva petittes [mauvaises] nouvelles ; car le sire de la Riviere avoit mis dissension entre le roy et le bon conestable, Hist. de Louis III duc de Bourbon, p. 135, dans LACURNE. Or faictes mettre les selles à nos petitz chevaulx [ceux qu'on montoit pour la chasse] ; car je veux aller chasser…, Perceforest, t. VI, p. 103. Il n'y avoit si petit laboureur qui ne voulust faire son fils homme d'eglise, et bailler argent pour avoir une grace expectative, Juvénal Des Ursins, Charles VI, 1414. Es grans gaages [il] ne mist provision, Ne sur les gens dont l'ostel a grevance ; Sur les petiz fist la restrinction [l'économie] Qui monte à pou…, Deschamps, Mauvaise admin. Et de ce petit que j'ay veu, ne veis jamais gens qui eussent meilleur vouloir de combattre, Commines, I, 3. L'empereur estoit de très petit cueur, et enduroit toutes choses pour ne despendre riens, Commines, IV, 1.

XVIe s. Le principal est de sa santé ; puisque Dieu la luy donne bonne, je vous prie, ne craignés d'ung petit temporiser, Marguerite de Navarre, Lett. 35. Je ne veois si petit apprenti qui ne…, Montaigne, I, 190. Alors il beuvoit de quelque petit vin, Amyot, Caton le censeur, 3. Nourrir les chiens quand ilz sont petits [jeunes], Amyot, ib. 11. Et ne m'estoit de toute ma richesse Rien demeuré qu'un petit de jeunesse, Du Bellay, J. VII, 60, recto. De petit petit, et d'assez assez, Cotgrave De petite chose peu de plaid, Cotgrave De petit enfant, petit deuil, Cotgrave Du petit vient on au grand, Cotgrave Homme incogneu ou de petite reputation, Coust. génér. t. II, p. 701.

ÉTYMOLOGIE

Bourguig. peti ; wallon, piti ; provenç. et catal. petit ; anc. ital. petetto, petitto ; bas-lat. pitito villare, de l'an 775, dans Mabillon, Diplom. p. 498. Diez cite : espagn. pito, petit bois pointu ; wallon, petion, aiguillon d'abeille ; provenç. pitar, becqueter ; sarde, piticu, petit ; wallon, pitic, nain ; de là il conclut l'existence d'un radical pit, qui signifie quelque chose de pointu, d'étroit ; d'où le sens de petit. Nonius cite un vieux mot latin petilus qu'il rend par tenuis et exilis et qui se trouvait dans Plaute et dans Lucile ; il paraît être de même racine que les mots réunis par Diez.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

PETIT. Ajoutez :
22Petites eaux, dans les raffineries de salpêtre, nom du produit des deux derniers lavages faits à l'eau pure.