« plénier », définition dans le dictionnaire Littré

plénier

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

plénier, ière

(plé-nié, niè-r') adj.
  • Qui est en plénitude, complet, entier. La fête de saint Louis donna, dix jours après, le contraste plénier de celle-ci [la procession du vœu de Louis XIII], Saint-Simon, 470, 224. Les femmes n'y sont pas [à Paris] comme nos Persanes, qui disputent le terrain des mois entiers ; il n'y a rien de si plénier, Montesquieu, Lett. pers. 55. Lorsque l'imbibition du bois dans l'eau est plénière, Buffon, Hist. nat. Introd. Exp. Œuv. t. VIII, p. 334. Chaque jour que je me lève en bonne santé, n'ai-je pas la jouissance de ce jour aussi présente, aussi plénière que la vôtre ? Buffon, Probabilités de vie. Tumulte aimable et liberté plénière, Tout exprimait de charmantes ardeurs, Gresset, Ver-vert, ch. IV.

    Cour plénière, assemblée solennelle que tenaient les rois, les princes souverains le jour de quelque grande fête, de quelque tournoi magnifique. L'écrit portait Qu'un mois durant le roi tiendrait Cour plénière, dont l'ouverture Devait être un fort grand festin, La Fontaine, Fabl. VII, 7.

    Indulgence plénière, rémission pleine et entière de toutes les peines dues au péché.

    Fig. On dirait qu'elle a des indulgences plénières pour sa conduite, Hamilton, Gramm. 9.

    Par imitation. Le comte de Fiesque fit une chanson [à Mme de Quintin], et mettre un matin sur sa porte en grosses lettres, comme les affiches d'indulgence aux églises : impertinence plénière, Saint-Simon, 53, 138.

REMARQUE

L'Académie ne donne que le féminin, et encore seulement dans les locutions : cour plénière, indulgence plénière.

HISTORIQUE

XIe s. À cos [coups] pleners il les vont ociant, Ch. de Rol. CLXXVI.

XIIe s. Allemaigne [ils] ont destruite, le grant païs plenier, Sax. XVI. La courz fu moult pleniere, quatorze rois y ot, ib. XVII.

XIIIe s. Tant qu'en un bois [ils] s'en vindrent haut et grant et plaignier, Berte, XI. Ben a cinq ans accomplis tos pleniers, Og. de Danem. 8187.

XVIe s. En user comme en une victoire planiere, Montaigne, I, 28.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. plener, plenier ; esp. llenero ; du bas-lat. plenarius, dérivé du lat. plenus (voy. PLEIN).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

PLÉNIER. - REM. Ajoutez :

2. M. T. de L. (Revue crit. 13 mai 1876, p. 331), à propos de la phrase de Montesquieu : Il n'est rien de si plénier (voy. le Dictionnaire au mot PLÉNIER), dit : " Plénier est un gasconisme qui encore aujourd'hui garde toute sa vitalité dans la province où naquit Montesquieu ; on y appelle plénier (en patois planey) ce qui est sans inégalité, uni (lat. planus, et, dans la langue du moyen âge, plain). La phrase de Montesquieu ne veut dire autre chose que : il n'y a rien de si facile. " En examinant l'historique qui est à la suite de plénier on verra que la langue du moyen âge confond deux dérivés l'un de plein, l'autre de plan ; et Montaigne dit même planier : une victoire planiere. La locution de Montesquieu répond à : de plain pied.