« plumer », définition dans le dictionnaire Littré

plumer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

plumer

(plu-mé) v. a.
  • 1Arracher les plumes d'un oiseau. Beaucoup d'enfants s'amusent à plumer leurs moineaux, Voltaire, Dial. XXIV, 4.
  • 2Fig et familièrement. Plumer quelqu'un, en tirer de l'argent. Elle a pourtant souvent plumé l'oison sans rire, La matoise qu'elle est, Boisrobert, la Belle plaideuse, III, 7. Qu'un homme soit plumé par des coquettes, Ce n'est pour faire au miracle crier, La Fontaine, Femme avare. Elles résolurent de plumer l'oiseau, et eurent l'adresse de lui tirer de bonnes plumes de l'aile, Lesage, Guzm. d'Alf. VI, 2. J'admire le train de la vie humaine ! nous plumons une coquette, la coquette mange un homme d'affaires, l'homme d'affaires en pille d'autres, cela fait un ricochet de fourberies le plus plaisant du monde, Lesage, Turcar. I, 13.

    Plumer la poule sans la faire crier, faire ses affaires aux dépens de quelqu'un sans qu'il se plaigne ; faire des exactions sans qu'il y ait de plaintes.

  • 3En quelques provinces, plumer un bâton, un rameau, en ôter l'écorce ; plumer un fruit, le peler.

    Terme de pêche. Plumer un roseau, ôter avec un couteau les feuilles d'un roseau.

  • 4 Terme de mégissier. Ôter la laine ou le poil de dessus une peau.

HISTORIQUE

XIIe s. Quant son grenon [sa moustache] [il] senti qu'il a plumé [arraché], Or poez croire que moult fu aïré, li Charois de Nymes, v. 1339. Plumer me velt li reis com fait oisel, Gerard de Ross. p. 326.

XIIIe s. À pou que il ne m'a tué ; Mais je le r'ai moult bien plumé, Bien li ai les cheveus sachiez, Ren. 24534. Faillir li ferai ses deniers, S'il ne li sourdent en greniers ; Si le plumeront nos puceles, Qu'il li faudra plumes noveles, la Rose 10897.

XIVe s. Car s'il eüssent esté sage, Il fussent quittes du fouage, Dont li rois chascun an les plume, Guiart, Royaux lignages, v. 5287. Si l'esprevier prent ung oysel, il se boutera en espès buisson, et illecques plumera son oysel, Modus, f° XCVI, verso.

XVIe s. Ils savent bien plumer l'oye sans la faire crier…, Fromenteau, Finances, III, p. 67. Les Espagnols n'eussent jamais peu croire que le huguenot fust allé plumer la poulle en leur pays, Brantôme, Hommes illustres, Chastillon. À quoi songeoit-il [Platon], quand il definit l'homme un animal à deux pieds sans plume ? fournissant à ceux qui avoient envie de se mocquer de luy une plaisante occasion ; car, ayants plumé un chapon vif, ils alloient le nommant l'homme de Platon, Montaigne, II, 292. Plumer une chastaigne, Cotgrave

ÉTYMOLOGIE

Plume ; wallon, ploumé ; Berry, pleumer, écorcer, peler, et plomer, plumer ; provenç. plumar ; cat. plomar. En latin, plumare veut dire garnir de plumes.