« préjudice », définition dans le dictionnaire Littré

préjudice

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

préjudice

(pré-ju-di-s') s. m.
  • Tort, dommage. On blâme l'injustice, non pas par l'aversion que l'on a pour elle, mais par le préjudice que l'on en reçoit, La Rochefoucauld, Prem. pens. 25. Cet autre objet… Au mariage encor peut porter préjudice, Molière, l'Ét. I, 9. Un plus long entretien M'est de grand préjudice et ne vous sert de rien, Th. Corneille, l'Amour à la mode, II, 1. Laissez-lui sentir le préjudice de la privation, Rousseau, Ém. II.

    Au préjudice de, contre les intérêts de. Je n'entreprendrai rien à votre préjudice, Corneille, D. Sanche, III, 3. Au préjudice d'Ésaü son frère aîné, Bossuet, Hist. I, 3. Même candeur dans leur procédé [Montausier et sa femme future]… même penchant à la vertu au préjudice de la fortune, Fléchier, Duc de Mont. Dans la suite, quelque chose qu'il [Pompée] eût faite au préjudice des lois, le sénat se déclara pour lui, Montesquieu, Rom. 11. Il fut reconnu en France que le prince du sang le plus éloigné serait l'héritier de la couronne, au préjudice de la fille du roi, Voltaire, Dict. phil. Loi salique.

    Au préjudice de sa parole, de son honneur, de sa réputation, de la vérité, etc. contre sa parole, contre son honneur, contre sa réputation, etc. Les conjurés se plaignaient de ce que le consul, au préjudice du décret du sénat et de sa propre parole…, Vertot, Révol. rom. XIV, p. 285.

    Au préjudice de, malgré, nonobstant. L'aliment est distribué dans toutes les parties du corps, au préjudice du cours qu'ont naturellement les choses pesantes, Bossuet, Connaiss. II, 1. Au préjudice de ses services et des emplois qu'il avait remplis, il fut cité pour se faire enregistrer en qualité de simple soldat, Vertot, Révol. rom. III, 257.

    Sans préjudice de, sans faire tort à, sans renoncer à. Je reviens à nos lectures, c'est sans préjudice de Cléopâtre que j'ai gagé d'achever, Sévigné, 67. Je serai mercredi à Moulins, où j'aurai une de vos lettres, sans préjudice de celle que j'attends après dîner, Sévigné, 285. Sans préjudice à ses assiduités, il trouvait le moyen de…, Hamilton, Gramm. 4.

HISTORIQUE

XIIIe s. S'il porchacent leur preu, il ne font pas que nice, Por tant que ce puist estre sans autrui prejudice, J. de Meung, Test. 802.

XIVe s. Que le prejudice de si grande chose fust osté à présent, Bercheure, f° 64, recto.

XVe s. Au grant prejudice du duc de Bourgongne, Commines, V, 6.

XVIe s. Combien qu'Abraham n'ait esté circoncis qu'après avoir esté instruit, cela ne porte point prejudice que les enfans après lui ne soient circoncis sans instruction, Calvin, Instit. 1084. Et y eut une rencontre fort aspre, pource que les uns et les autres voulurent à cest essay faire un prejudice [prévision] de l'issue de toute la bataille, Amyot, Arist. 34.

ÉTYMOLOGIE

Prov. prejudici ; espagn. perjuicio ; port. perjuiso ; ital. pregiudicio ; du lat. praejudicium, préjudice, mais, proprement, jugement anticipé et, par suite, nuisible ; de prae, d'avance, et judicium, de judicare (voy. JUGER).