« prêcheur », définition dans le dictionnaire Littré

prêcheur

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

prêcheur

(prê-cheur) s. m.
  • 1Celui qui prêche, prédicateur. Clergesse, elle fait jà la leçon aux prêcheurs, Régnier, Sat. XII.

    En ce sens, il ne se dit aujourd'hui que par ironie. Voilà un mauvais prêcheur.

  • 2Prêcheurs, ou, adjectivement, frères prêcheurs, nom donné aux religieux de l'ordre de Saint-Dominique depuis qu'ils furent employés à la conversion des Albigeois. Le pape avait adressé à différents princes mahométans des frères prêcheurs pour les engager à embrasser le christianisme, Abel Rémusat, Instit. Mém. inscr. et belles lettres, t. VI, p. 430.
  • 3 Par extension, celui qui enseigne, publie, réprimande (avec une nuance d'ironie). Poisson, mon bel ami, qui faites le prêcheur, Vous irez dans la poêle, et vous aurez beau dire, Dès ce soir on vous fera frire, La Fontaine, Fabl. v, 3. Des dévots, prêcheurs d'humilité et de patience, Voltaire, Dict. phil. Parlement d'Anglet. Ce grand prêcheur de vertu n'était qu'un monstre chargé de crimes cachés, Rousseau, 1er dial.

    Un prêcheur éternel, un faiseur de remontrances.

  • 4 S. f. Prêcheuse, celle qui fait des remontrances. Charmante prêcheuse !… charmante, en vérité, mais prêcheuse pourtant, Rousseau, Hél. IV, 2.

    Adjectivement. À son visage, j'augure qu'elle sera grave et prêcheuse, Rousseau, Hél. VI, 19.

  • 5 S. f. Prêcheresse, nom qu'on a quelquefois donné aux religieuses de l'ordre de Saint-Dominique.
  • 6 Adj. On donne l'épithète de prêcheur à un insecte de la famille des mantes, parce que ses pattes de devant redressées ressemblent aux bras d'un prédicateur qui gesticule.

    Prêcheuse, épithète donnée à quelques plantes dont les graines servent à faire des chapelets.

HISTORIQUE

XIIIe s. Car sachiés que tex [tel] preeschierres, Combien qu'il as autres profit, à soi ne fait-il nul profit, la Rose, 5126. Ô glorieuse prescheresse, Glorieuse demonstreresse De ce saint ressuscitement, J. de Meung, Tr. 844.

XVe s. Lequel prescheur en son dit preschement desenhortoit le dit duc, tant qu'il pouvoit, qu'il ne prensist vengeance de la mort de son pere, Monstrelet, I, 226.

XVIe s. Notre chevet assiegé de medecins et de prescheurs, Montaigne, I, 90. Autrement eust esté a craindre que les auditeurs ne fussent devenus amoureux des sœurs prescheuses, Cholières, Contes, t. II, Après-dînée v, p. 161, dans POUGENS. [Un condamné protestant haranguant le peuple au moment du supplice] En chaire si hautaine Ce prescheur effraya ses juges de sa peine, D'Aubigné, Tragiques, Feux, éd. LALANNE, p. 176.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, précheu ; picard, précheux, prov. predicaire, prezicaire ; espagn. predicador ; port. pregador ; ital. predicatore ; du lat. praedicatorem, de praedicare, prêcher. Le vieux français preechiere et le provençal predicaire sont au nominatif, du latin praedicétor, avec l'accent sur ca ; preechor est au régime.