« profaner », définition dans le dictionnaire Littré

profaner

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

profaner

(pro-fa-né) v. a.
  • 1Traiter avec irrévérence les choses de la religion. Puisque, en tant que créatures, ils [les baptisés] doivent se tenir dans l'ordre des créatures et ne pas profaner le lieu qu'ils remplissent, et qu'en tant que chrétiens…, Pascal, Lett. à Mme Perier, 1er avr. 1648. On verra de David l'héritier détestable Abolir tes honneurs, profaner ton autel, Racine, Ath. V, 6. Va profaner des dieux la majesté sacrée, Racine, Andr. IV, 5.

    Cette église a été profanée, il s'y est commis un meurtre, un assassinat, une action criminelle.

    Par extension. La royauté a été profanée, et les princes sont foulés aux pieds, Bossuet, Reine d'Anglet. Le fruit de l'adultère Profane insolemment le trône d'Angleterre, P. Lebrun, Marie St. III, 4.

  • 2Il signifie quelquefois rendre un objet sacré à un usage profane. Pour pouvoir réparer les vases sacrés, il faut d'abord les profaner. Le premier coup de marteau profane un calice.
  • 3 Fig. Dégrader, avilir une chose rare et précieuse. Mais l'amitié demande un peu plus de mystère ; Et c'est assurément en profaner le nom Que de vouloir le mettre en toute occasion, Molière, Mis. I, 2. Et ne profanez pas des transports si charmants, Racine, Phèdre, III, 4.
  • 4 Fig. et dans le discours ordinaire, faire un mauvais usage (emploi qui vieillit). Il ne faudrait point d'autre recommandation, et c'est profaner le pouvoir que vous avez sur moi l'un et l'autre, que de vous mettre en jeu, quand il est question de protéger une pareille probité, Sévigné, à M. et Mme de Guitaut, 4 août 1679. Belle Rochebonne, grondez-le pour moi [Mme de Grignan] ; j'aimerais mieux qu'elle coquetât avec M. de Vardes, comme vous me le mandez, que de profaner une santé qui fait notre vie à tous, Sévigné, 20 oct. 1677.
  • 5Se profaner, v. réfl. Faire un mauvais usage de soi-même (emploi qui vieillit). Retenez cette plume qui va si vite et si facilement… ne vous amusez point à répondre sur des nouvelles ; ne vous profanez point, Sévigné, à Mme de Grignan, 17 mars 1680.

HISTORIQUE

XVIe s. Ou sinon, contre toy je tourneray mes armes, Profanant ma valeur sur tes fresles gendarmes, Desportes, Rodomont.

ÉTYMOLOGIE

Lat. profanare, de profanus, profane.