« prononciation », définition dans le dictionnaire Littré

prononciation

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prononciation

(pro-non-si-a-sion ; en vers, de six syllabes) s. f.
  • 1Action de prononcer un jugement, un discours. La prononciation du jugement. Ils [mes ennemis] partirent pour la cour le lendemain de la prononciation de ma harangue, La Bruyère, Disc. à l'Acad. franç. Préface. Ceux qui, avant de m'entendre, avaient rendu périlleuse la prononciation même de mon discours…, Mirabeau, Collection, t. III, p. 351.
  • 2Manière de prononcer, de faire entendre les lettres, les syllabes, les mots. L'écriture ne représente pas toujours parfaitement la prononciation ; car, comme la peinture, qui représente les corps, ne peut pas peindre les mouvements des corps, de même l'écriture, qui peint à sa manière le corps de la parole, ne saurait peindre entièrement la prononciation, qui est le mouvement de la parole, Dict. de l'Acad. Préface, 1re édit. 1696. La déclamation demande dans la prose presque les mêmes prononciations que dans les vers, Opusc. lang. franç. p. 262, dans POUGENS. Plus la prononciation est lente, plus la prosodie devient sensible, D'Olivet, Prosod. franç. art. v. J'écris en français ; ne dois-je pas me conformer [dans la transcription des noms russes] à la douceur de la prononciation française ? Voltaire, Lett. Schouvalof, 11 juin 1761. Plus un mot est manié, plus la prononciation en devient faible, Duclos, Œuv. t. IX, p. 9. On prononce assez généralement bien au théâtre ; mais il ne laisse pas de s'y trouver quelques prononciations vicieuses que certains acteurs tiennent de leur province ou d'une mauvaise tradition, Duclos, ib. t. IX, p. 7. Un léger défaut de prononciation prêtait à ses paroles [d'Alcibiade] les grâces naïves de l'enfance ; et quoiqu'il hésitât quelquefois pour trouver le mot propre, il fut regardé comme un des plus grands orateurs d'Athènes, Barthélemy, Anach. Introd. part. 2, sect. 3.
  • 3La manière de prononcer, par rapport à l'accentuation, à la prosodie. La prononciation des Normands, des gens du Midi. Une prononciation vicieuse. La bonne prononciation. Claude Boyer et Michel le Clerc [membres de l'Académie] sont deux Albigeois qui, étant venus ici apprendre la langue, dont ils ne savent pas encore la prononciation, veulent l'enseigner aux autres, Furetière, 2e factum, t. I, p. 171.
  • 4Manière de dire, de débiter. Si l'écriture est le corps visible du langage, la prononciation en est l'âme, Ch. Nodier.
  • 5Dans la rhétorique ancienne, la cinquième et dernière partie de cette science qui comprenait l'invention, la disposition, l'élocution, la mémoire et la prononciation. Ces deux dernières parties ne regardaient que l'orateur parlant et pouvaient se réunir sous le nom d'action.

HISTORIQUE

XVIe s. Et si y avoit oultre cela grand plaisir au son de sa voix seulement et à sa prononciation, Amyot, Ant on. 32. Puisque les letres ne sont qu'images de voix, l'escriture devra estre d'autant de lettres que la prononciation requiert de voix ; si elle se trouve autre, elle est faulse, abusive et damnable, Meigret, dans LIVET, la Gramm. franç. p. 52. Je monstreray comme nostre langage, pour rendre sa prononciation plus douce, a trouvé moyen d'eviter la rencontre des voyelles en vocables contigus, H. Estienne, Précell. édit. FEUGÈRE, p. 71.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. pronunciatio ; espagn. pronunciacion ; ital. pronunziazione : du lat. pronunciationem, de pronunciare, prononcer.