« que », définition dans le dictionnaire Littré

que

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

que [1]

(ke) pron. relatif, ou mieux conjonctif
  • 1Lequel, laquelle, lesquels, lesquelles. Il ne s'emploie que comme régime ; il est des deux genres, et des deux nombres ; l'e s'élide devant une voyelle ou une h muette. Ces hommes que vous avez vus. Cette femme que vous connaissez. Les livres que vous lisez. Les choses qu'on vous a dites.

    Que construit avec un verbe suivi d'un verbe à l'infinitif dépendant lui-même de ce que. Des disputes théologiques que l'on a toujours remarquées devenir frivoles à mesure qu'elles sont plus vives, Montesquieu, Rom. 22.

  • 2Que, d'après la construction ordinaire, ne doit pas être séparé de son antécédent ; cependant il est quelques cas où cela peut se faire : c'est le goût et l'oreille qui en décident ; mais il ne faut pas que la clarté en souffre. Et j'ai des gens en main que j'emploierai pour vous, Molière, Mis. III, 7. N'allez point présenter un espoir à mon cœur, Qu'il recevrait peut-être avec trop de douceur, Molière, Mélic. II, 3. Nous perdons des moments en bagatelles pures, Qu'il faudrait employer à prendre des mesures, Molière, Tart. V, 3.
  • 3Que se dit archaïquement pour ce que, représentant le latin neutre quod. Le roi [Henri IV manqué par Chatel] vit, et ce misérable… Qui n'avait jamais éprouvé Que peut un visage d'Alcide, Malherbe, II, 4.

    En cet emploi il se dit surtout avec les verbes avoir, savoir, pouvoir (joints à ne). Mon esprit satisfait n'aura que désirer, Racan, Psaume L. …C'est demain qu'elle [Médée] sort de nos terres ; Nous n'avons désormais que craindre de sa part, Corneille, Médée, II, 4. Surpris, ravi, confus, je n'ai que repartir [répondre], Corneille, Suiv. III, 10. L'autre aussitôt de s'excuser, Alléguant un grand rhume ; il ne pouvait que dire Sans odorat…, La Fontaine, Fabl. VII, 7. Les traits du visage très beaux et si bien proportionnés qu'on n'y trouvait que reprendre, La Fontaine, Psyché, II, p. 163. Ne sachant que conjecturer du dessein de son mari, ni à quelle mort se résoudre, La Fontaine, ib. II, p. 112. Madame, je suis votre sœur, autrefois l'épouse de Cupidon, maintenant esclave, et ne sachant presque que devenir, La Fontaine, ib. p. 148. S'il faut agir, je ne sais que faire ; s'il faut parler, je ne sais que dire, Rousseau, Confess. I.

    Je n'ai que faire, je n'ai rien à faire. Qui n'a point de procès, au palais n'a que faire, Régnier, Sat. XVI.

    Je n'ai que faire de, je n'ai aucun besoin de. Il a été affermi dans son pouvoir par une force étrangère… qui n'a que faire des bonnes maximes pour produire les bons succès, Guez de Balzac, Socrate chrétien, VIII. Je n'ai que faire de votre aide, Molière, Méd. m. lui, 1, 2. Je n'ai que faire de vos dons, Molière, l'Av. IV, 5.

    Je n'ai que faire de vous dire… il n'est pas nécessaire de vous dire…

    Je n'ai que faire à cela, je n'ai aucun intérêt à cela.

    Je n'ai que faire là, je ne suis pas nécessaire là. Vous êtes un sot de venir vous fourrer où vous n'avez que faire, Molière, Méd. m. lui, I, 2.

    Je ne puis que faire à cela, je n'y puis, je n'y sais que faire, je ne peux qu'y faire, il ne dépend pas de moi d'y rien faire, d'y remédier.

  • 4Faire que fou, que sage, agir en fou, en sage ; en remplissant l'ellipse on a : faire [ce] que [ferait un] sage. Disant qu'il ferait que sage De garder le coin du feu, La Fontaine, Fabl. V, 2.
  • 5Que, construit avec un adjectif et le verbe être, fait une sorte de locution qui signifie étant (que est ici adjectif conjonctif ; voyez les exemples : la cruelle laquelle elle est ; innocent lequel il était). La cruelle qu'elle est [la mort] se bouche les oreilles, Et nous laisse crier, Malherbe, VI, 18. Innocent qu'il était, il [Jésus] voulut endurer, Corneille, Imit. II, 1. Comme un petit fou qu'il était, Scarron, Rom. com. I, 1. David, tout roi qu'il était, instruit d'un secret si important, envisageait comme une béatitude l'attachement à cette loi, Bourdaloue, Purif. de la Vierge, Myst. t. II, p. 165. Infortunés que vous êtes, vous avez abandonné la loi de votre Dieu, et c'est ce qui vous a perdus, Bourdaloue, ib. p. 168. Aveugle que j'étais ! je crus voir la nature…, Voltaire, Temple du Goût. Le libertin, mon Dieu, que c'était là ! Voltaire, Enf. prod. I, 1.

    Il s'emploie en ce sens avec un autre verbe que être, pourvu que ce verbe suppose le verbe être. Habile qu'il se jugeait, il accepta la mission. Innocent qu'il se savait, il avait la tête haute.

    Avec un participe il signifie après que. Arrivé qu'il fut, il se mit à la besogne. Établi qu'il eut son monde en un bon endroit, il songea à lui.

    Après un adjectif et avec le subjonctif, dans le sens de quelque… que. Ma crainte toutefois n'est pas trop dissipée ; Et doux que soit le mal, je crains d'être trompée, Molière, Sgan. 22. Aujourd'hui on dirait : si doux que soit, ou tout doux qu'est.

  • 6Que je crois, locution familière et elliptique pour : à ce que je crois. Vous n'êtes pas d'ici, que je crois, Molière, G. Dand. I, 2. [Il] Verra, que vous croyez, la promesse accomplie…, Molière, Sgan. 23. On aura, que je pense, Grande joie à me voir après dix jours d'absence, Molière, Éc. des f. I, 2. Et ce sera bientôt ? - Cremante : Ce sera, que je crois, Dans huit jours au plus tard, Quinault, Mère coq. V, 4.

    On dit de même : que je sache, à ce que je sache. Il n'est point de destin plus cruel, que je sache, Molière, Amph. III, 1.

  • 7Ce que c'est, quelle chose c'est. Il ne sait que par ouï dire Ce que c'est que la cour, la mer, et ton empire, Fortune…, La Fontaine, Fabl. VII, 12. Je ne sais point, seigneur, ce que c'est que d'aimer, Regnard, Démocr. III, 3.

    Familièrement. Ce que c'est que de nous ! voyez quelle est la condition des humains. Ce que c'est que de nous ! moi, cela me confond, Regnard, le Légat. V, 7.

    Archaïquement on supprimait ce. Je ne sais que c'est de flatter personne, Guez de Balzac, liv. I, lett. 3. Le roi ne sait que c'est d'honorer à demi, Corneille, Hor. IV, 2. Voilà, voilà que c'est de ne voir pas Jeannette, Et d'avoir en tout temps une langue indiscrète, Molière, l'Ét. IV, 8.

  • 8Ancienne construction de que, très usitée au XVIIe et au XVIIIe siècles, dans laquelle le membre où est que est rattaché par qui à un membre suivant et dépendant. Et que pourra faire un époux Que vous voulez qui soit jour et nuit avec vous ? La Fontaine, Fabl. VII, 2. Sur les éloges que l'envie Doit avouer qui vous sont dus, Vous ne voulez pas qu'on appuie, La Fontaine, ib. VIII, 4. Mais pour guérir le mal qu'il dit qui le possède…, Molière, Éc. des f. II, 6. Toutes choses qu'on voit bien qui sont…, Bossuet, Connaiss. IV, 2. On fit au comte d'Estrées une grande opération qu'on n'expliqua point, mais qu'on prétendit qui l'empêcherait d'avoir des enfants, Saint-Simon, 113, 238. Le silence de l'Écriture sur ces démons que l'on prétend qui président aux oracles…, Fontenelle, Oracles, I, 5. Si nous attendons… nous attendons ce que Jésus-Christ a prédit qui n'arriverait jamais, Massillon, Confér. Zèle contre les scandales. Voici cette épître qu'on prétend qui lui attira tant d'ennemis, Voltaire, Comment. sur l'ép. à Ariste (de Corneille).

    Cette construction a été employée, comme on voit, par les meilleurs écrivains ; elle est vive et très commode ; il serait fort utile de la remettre en honneur.

  • 9Que, interrogativement, quelle chose ? Qu'est-ce-ci, mes enfants ? écoutez-vous vos flammes ? Corneille, Hor. II, 7. Qu'est ceci ? dit-il à son monde ; Je trouve bien peu d'herbe en tous ces râteliers, La Fontaine, Fabl. IV, 21. De sorte que, ne voulant pas dire : je ne sais, il [Montaigne] dit : que sais-je ? dont il fait sa devise, Pascal, Entret. avec M. de Saci. Hé ! que puis-je au milieu de ce peuple abattu ? Racine, Athal. 1, I. Que vous semble, mes sœurs, de l'état où nous sommes ? Racine, Esth. II, 9. Que ne quitterait-on pas Pour plaire au maître du monde ? Quinault, Proserp. I, 11. Que sera-ce, s'il faut que je voie, que j'entende ce que je n'ose imaginer sans frémir ? Montesquieu, Lett. pers. 155. J'étais malheureux ; que suis-je donc aujourd'hui ? Rousseau, Hél. III, 19.

    Il se construit avec l'infinitif. Que devenir ? Mais quand nous serions rois, que donner à des dieux ? La Fontaine, Phil. et Bauc. Le héraut du printemps lui [au milan] demanda la vie : Aussi bien, que manger en qui n'a que le son ? La Fontaine, Fabl. IX, 18.

    Familièrement. Que diable ? quelle chose, avec diable pris d'une façon exclamative. Si vous n'êtes pas malade, que diable ne le dites-vous donc ? Molière, Méd. m. lui, II, 9. Que diable est-ce là ? les gens de ce pays-ci sont-ils insensés ? Molière, Pourc. I, 12.

    Que interrogatif employé par redondance avec le verbe savoir. Que sait-on ce qui arrivera ? Dict. de l'Acad. au mot SAVOIR. Que sait-on s'il le voudra ? ib. Que savons-nous ce que la Providence garde à M. de Vardes ? Sévigné, 17 avr. 1682.

  • 10Qu'est-ce ? quelle chose est-ce ? Qu'est-ce de moi ? faible est ma main…, Régnier, Stances relig. Qu'est-ce là ? lui dit-il - Rien. - Quoi ! rien ! - Peu de chose, La Fontaine, Fabl. I, 5.

    Qu'est-ce que… ? même sens. Qu'est-ce que tout cela, qu'un avertissement… ? La Fontaine, Fabl. VIII, 1. Dieux ! qu'est-ce que j'entends ? Racine, Phèdre, II, 5. Qu'est-ce qu'un livre de Jean-Jacques contre la comédie ? Jean-Jacques est-il devenu Père de l'Église ? Voltaire, Lett. Thiriot, 17 sept. 1758. Qu'est-ce que ce Confucius dont on parle tant, si on le compare à Sidney et à Montesquieu ? Raynal, Hist. phil. I, 21.

  • 11Que dans les phrases interrogatives, suivi de que, et signifiant quelle chose… si ce n'est… Et que puis-je espérer qu'un tourment éternel, Si je poursuis un crime, aimant le criminel ? Corneille, Cid, III, 3. Que fais-tu, Jupiter, que du haut de la nue Tu n'en perdes la race [des puces], afin de me venger ? La Fontaine, Fabl. VIII, 5. Mais quoi ! que feras-tu que de l'eau toute claire ? Molière, l'Ét. III, 1. Que peut-on donc avoir que de l'estime pour une religion qui connaît si bien les défauts de l'homme ? Pascal, Pens. XI, 11, édit. HAVET. Qu'ont été durant tout ce temps les Alboin, les Astolphe et les Didier, que des ennemis de Rome et de l'Église romaine ? Bossuet, Var. XIII, 34. Hélas ! et qu'ai-je fait que de trop vous aimer ? Racine, Bérén. V, 5. Que font les obstacles que piquer vos désirs ? Massillon, Carême, Prière 2. Qu'y entendons-nous que des peintures vagues et superficielles ? Massillon, Carême, Confess. Que restait-il à un guerrier qu'à demander raison du tort qu'on lui faisait ? Montesquieu, Espr. XXVIII, 14.
  • 12Que, pourquoi, à quoi ? Que parlez-vous ici d'Albe et de sa victoire ? Corneille, Hor. IV, 2. Que tardez-vous, seigneur, à la répudier ? Racine, Brit. II, 2.

    Que sert de se flatter, de dissimuler, etc. ? à quoi sert-il de se flatter, de dissimuler, etc. ? Du zèle de ma loi que sert de vous parer ? Racine, Athal. I, 1.

    En ce sens il se construit souvent avec ne. Les ruines d'une maison Se peuvent réparer : que n'est cet avantage Pour les ruines du visage ? La Fontaine, Fabl. VIII, 5. Si le choix est si beau, que ne le prenez-vous ? Molière, Femm. sav. III, 7.

    Que, en quoi ? Que peut vous offenser sa flamme ou sa retraite, Puisque vous n'aspirez qu'à vous en voir défaite ? Corneille, D. Sanche, III, 6. Que te peut nuire enfin une telle tempête ? Corneille, Imit. III, 46. Que lui était [à Dieu] nécessaire le témoignage d'aussi faibles créatures que nous le sommes ? Bourdaloue, Serm. pour le dim. dans l'oct. de l'Ascension, II.

  • 13Que exclamatif et dans le sens de combien (en cet emploi, que est équivalent au relatif latin quand il est exclamatif : O qui tuarum pennarum est nitor ! Phèdre.) Mon Dieu, mon créateur, Que ta magnificence étonne tout le monde ! Malherbe, I, 1. Que bien plus aisément j'en saurais triompher ! Corneille, Rodog. IV, 3. Que c'est un sort cruel d'aimer par politique ? Corneille, Sertor. I, 3. Qu'il est partout de traîtres ! Qu'il est peu de sujets fidèles à leurs maîtres ! Corneille, Nicom. V, 8. Ah ! mon fils, que la tendresse d'un père est aisément rappelée, et que les offenses d'un fils s'évanouissent vite au moindre mot de repentir ! Molière, Festin, V, 1. Que ses douleurs l'ont rendue savante dans la science de l'Évangile ! Bossuet, Reine d'Anglet. Que nous nous pardonnons aisément nos fautes, quand la fortune nous les pardonne ! Bossuet, ib. Ô mon pauvre tyran, que tu as perdu à être si riche, et que Diogène a gagné à ne posséder rien ! Fénelon, Dial. des morts anc. 27. Que les Français sont grands quand leur maître les guide ! Voltaire, Fontenoi. Qu'aimable et tendre doit être un mari qui peint sa femme sous des traits si charmants ! Rousseau, Lett. au comte de B. 26 janv. 1765. Que vous prenez de soins superflus ! Rousseau, Hél. III, 21. Que de fous et de méchants dans ce meilleur des mondes possibles ! D'Alembert, Lett. à Voltaire, 11 août 1766. Qu'aimable est la vertu que la grâce environne ! Chénier, l'Aveugle.
  • 14Que, avec un nom de temps, signifie durant lequel, laquelle, lesquels, lesquelles. Le jour suivant, que les vapeurs de Bacchus furent dissipées, Xanthus fut extrêmement surpris de ne plus trouver son anneau, La Fontaine, Vie d'Ésope. Il perdit la voix Du moment qu'il gagna ce qui cause nos peines [l'argent], La Fontaine, Fabl. VIII, 2. Et moi-même Au moment que je fais cette moralité…, La Fontaine, ib. VIII, 4. Du temps que les bêtes parlaient, La Fontaine, ib. IV, 1. Un certain loup, dans la saison Que les tièdes zéphyrs ont l'herbe rajeunie, Et que les animaux quittent tous la maison, La Fontaine, ib. V, 8. L'argent dans une bourse entre agréablement ; Mais, le terme venu que nous devons le rendre, C'est lors que les douleurs commencent à nous prendre, Molière, l'Ét. I, 6. Je ne m'ennuyais point cet hiver que je vous avais, Sévigné, 28 août 1675. Vous devez prendre désormais quelque intérêt à mes affaires, tout au moins pour un an, qui est le temps que vous avez affermé le Buron, Sévigné, à d'Hérigoyen, 20 juill. 1686. J'y serai [à Grignan] jusqu'au mois de septembre, que j'irai à Bourbilly…, Sévigné, à Bussy, 15 juill. 1673. Le temps n'est plus, ma chère fille, que ce m'était une grande consolation de recevoir une grande lettre de vous, Sévigné, 17 janv. 1680. Cette pauvre diablesse de Voisin, qui est à l'heure que je vous parle, brûlée à petit feu à la Grève, Sévigné, 21 février 1680. Où est le temps que vous ne mangiez qu'une tête de bécasse par jour, et que vous mouriez de peur d'être trop grasse ? Sévigné, 6 janv. 1672. C'est un infortuné… qui ne se croit formé que pour les jours rapides qu'il paraît sur la terre, Massillon, Carême, Prière 2. Au commencement que l'évêque avait seul entre les mains tout le revenu de son Église, en était-il plus fastueux ? Massillon, Confér. Us. des reven. ecclésiast. Une nuit que j'étais dans cet état tranquille où l'âme, plus à elle-même, semble être délivrée de la chaîne qui la tient assujettie, Montesquieu, Temple de Gnide. Au mois de juillet… que le pays [Montmorency] est plus agréable, Rousseau, Lett. à Malesherbes. Qu'elle soit toujours coiffée en cheveux jusqu'à l'âge de trente ans, qu'une pareille coiffure devient indécente et ridicule dans une femme, Rousseau, Lett. à Mme Roguin, 31 mars 1764. Dans ma jeunesse, que je croyais trouver dans le monde les mêmes gens que j'avais connus dans mes livres, Rousseau, 2e lett. à M. de Malesherbes. Je joue de la harpe ou du clavecin jusqu'à huit et demie, que nous soupons, Genlis, Ad. et Th. t. I, p. 31, dans POUGENS.

    Par assimilation on a fait maintenant que, à présent que, sorte de conjonctions composées qui signifient en ce temps où, et qui sont formées comme pendant que, alors que. L'Espagne pleurait seule ; maintenant que la France et l'Espagne mêlent leurs larmes et en versent des torrents, qui pourrait les arrêter ? Bossuet, Mar.-Thér.

  • 15De la même façon on a fait, avec toutes sortes de substantifs et que, des composés où que signifie selon lequel, laquelle, lesquels, lesquelles. De la façon enfin qu'avec toi j'ai vécu, Les vainqueurs sont jaloux du bonheur du vaincu, Corneille, Cinna, V, 1. On se défend d'abord, mais de l'air qu'on s'y prend On fait entendre assez que notre cœur se rend, Molière, Tart. IV, 5. Elle [Mme de la Fayette] vous remercie tendrement de la manière que vous comprenez sa douleur, Sévigné, 12 avr. 1680. Commencez par décider… si je vendrai mes grains à Noël prochain au prix qu'ils se trouveront, Sévigné, à Mme de Guitaut, 22 nov. 1692. Elle [Mme de Fontevrault] pensa mourir de douleur en le voyant [son père] en l'état qu'il est [frappé d'apoplexie], Sévigné, 12 juin 1675. Les écrits que vous m'avez fait l'honneur de m'envoyer n'envisagent point la matière du côté que je la regarde ici, Bossuet, Lettres, 237. Me voyait-il de l'œil qu'il me voit aujourd'hui ? Racine, Andr. II, 1. Comme un arbre plus d'une fois mort et déraciné, selon l'expression d'un apôtre, vous allez rester pour toujours sur le côté que vous tomberez, Massillon, Carême, Inconst. Je tournai la tête du côté que partait la voix, Lesage, Gil Blas, I, 1. Le public ne prendrait pas le mot de secte dans le sens que je l'avais écrit, Rousseau, Lett. à M. de Bastide, 16 juin 1760. Pardonnez si je ne puis voir les périls qui vous effrayent du même œil que les voit une mère, Rousseau, Lett. à Mme de Créqui, 13 oct. 1758.
  • 16En dépit qu'il en ait, voy. DÉPIT 1, n° 2, et la remarque 2.

REMARQUE

1. On dit : Faites ce que bon vous semblera, et non ce qui bon vous semblera. La construction est : Faites ce que bon vous semblera de faire.

2. Que signifiant combien est un adverbe de quantité qui ne peut modifier un mot précédé d'un des adverbes bien, très , fort, extrêmement. Ainsi il y aura faute dans les vers suivants : Hélas ! après les pleurs que j'ai versés pour vous, Que cet heureux instant me doit être bien doux ! Crébillon, dans GIRAULT-DUVIVIER.

HISTORIQUE

IXe s. Si Lodwighs sagrament quae son fradre Karle jurat, conservat…, Serment. In o quid il mi altresi fazet, ib.

Xe s. E de cel peril que super els metreiet, Frag. de Valenc. p. 468. Cel edre [ce lierre] sost que [sous lequel] cil sedebat, ib. p. 468.

XIe s. Ce dist Rolans : compainz, que faites-vous ? Ch. de Rol. CIV. Qu'est devenus li gascons Engelers, ib. CLXXIII. Respont Rolanz : jà fereie que folz, ib. LXXXI. Deus, dit li quens [le comte], or ne sai je que face, ib. CXLVI. Eh ! reis amis, que [pourquoi] vous ici nen estes ? ib. CXXVI. An la sameine [semaine] qued il s'en dut aler, St-Alexis, LIX.

XIIe s. Mult fait l'amours que vilaine Qui comence por faillir, Couci, IV. Quant [je] voi venir le bel tanz et la flour, Que l'erbe vers resplent aval la prée, ib. XVII. Sire, ce dist Sebile, savez que [ce dont] je vous prie ? Sax. VII.

XIIIe s. Tout droit en ce termine que je ici vous di, Berte, I. Diex ! que ne savent or qu'ele est fame Pepin ? ib. LV. Moi ne chaut qu'on en fasse, ib. XVI. Je ne sai que penser, ib. XLIII. Pour le bien que il voient que Diex leur a rendu, ib. CXXXVII. Que m'est-il avenu ? qu'ont ces gens empensé ? ib. X. En temps doux et joli Que erbelete poignent et pré sont raverdi, ib. I. Entour la Saint Jehan que la rose est fleurie, ib. II. L'eure soit beneoite, que je onques vous vi, ib. LIX.

XIVe s. Il n'y a rien que metre ne que oster [aux œuvres bien faites], Oresme, Eth. 44. Qu'est-ce que de fortune quant à tourner se prent ; Cellui n'est mie sages qui s'y fie forment, Guesclin. 9780. Et que n'y aliez vous ? dit li prince briefment, ib. 13544.

XVe s. Pour voir qu'on [ce qu'on] voudroit faire du roi, qui en prison estoit [Edouard II], Froissart, I, I, 25. Et lui recorderent que une poignée de gens que ils estoient, avoient deconfit le roi d'Escosse et toute sa puissance, Froissart, 1, I, 307. Ils trouverent les nefs et les vaisseaux tous prests qu'on leur avoit amenés d'Angleterre, Froissart, I, I, 29. Avoit mis en deliberation s'il feroit mourir ses hostages, ou qu'il en feroit, Commines, II, 1. Voicy que je feroie, Commines, III, 8. Sans nul besoin qu'il en soit, ib. I, 5. Il me ferit une fois ou deux ; dont il fist que foul, car j'en fis pis que d'avant, Les 15 joyes de mariage, p. 24.

XVIe s. Dont dist Gargantua : que diantre ! vous estes maulvais chevaulcheurs, Rabelais, Garg. I, 12. Un jour de vendredy, que tout le monde s'estoit mis en devotion, Rabelais, Pant. II, 2. Beu que il eust, et rendu le hanap, Rabelais, ib. IV, 51. Esmerveillez vous dadvantaige de la queue des beliers de Scythie, que pesoyt plus de 30 livres, Rabelais, ib. I, 16. Là son precepteur repetoyt ce qu'avoyt esté leu, Rabelais, ib. I, 23. Tout ce que leur estoyt servy à table, Rabelais, ib. I, 23. Que feit-il ? - Que il feit, mes bonnes gens ? escoutez, Rabelais, ib. II, 4. Que dyable de languaige est ceci ? Rabelais, ib. II, 6. Mais qu'est-ce que je mets si grand peine à refuter ceste rage brutale ? Calvin, Instit. 470. Qu'est-ce à dire que Dieu ne voit point les pechez, sinon qu'il ne les punit point ? Calvin, ib. 511. Un grand vouloir de ne me souvenir D'homme que vive, Marot, I, 381. Qu'estoy-je avant qu'entrer en ce passage ?… Qu'est-ce qu'aymer et s'en plaindre souvent ? …Que suis-je donq'lorsque mon cœur en fend ?…, Du Bellay, J. III, 55, recto. Qu'ay je fait, que trop aymer ? Du Bellay, J. IV, 34, verso. À ce dernier roole, il n'y a plus que feindre, Montaigne, I, 67. Je ne suis pas bon naturaliste, qu'ils disent, Montaigne, I, 61. Elle les a estably ez regions que bon luy a semblé, Montaigne, I, 109. Qu'est-il plus farouche que de veoir… [qu'y a-t-il de plus… que de…] ? Montaigne, I, 118. Les voulez-vous [les philosophes] rendre juges des droicts d'un procez, des actions d'un homme ? Ils en sont bien prests : ils cherchent encores s'il y a vie ; que c'est qu'agir et souffrir, Montaigne, I, 140. À treize ans que je sorti du college, j'avois achevé mon cours…, Montaigne, I, 196. Sçavoir commander aux passions qu'il faut, La Boétie, 163. Elle monta mille fois les degrés D'une grand' tour qui descouvroit la plaine, Et les forests et chemins qu'elle pense Qu'on peut venir à Montaulban de France, La Boétie, 486. Qu'est-ce qu'on pense qui donna à si petit nombre de gens… le cœur de…, La Boétie, 17. Qu'est-ce qui engraisse plutost un cheval ? l'œil de son maistre, La Boétie, 214. Je vous laisse à penser que, en lieu et avecques la compaignie qui y est, peult faire ou dire vostre cousine, Marguerite de Navarre, Lett. 4. Ils ne sçavent que dire, Marguerite de Navarre, ib. 35. Que te semble de ce qu'un tel a fait ? Amyot, Lyc. 36. L'année que Phaedon fut prevost à Athenes, Amyot, Thésée, 44. Du costé que passe la riviere d'Anapus, Amyot, Timol. 31. Il reprit le chemin qu'il estoit venu, D'Aubigné, Hist. II, 475. Les princes penchent aisement du costé que leur inclination naturelle les conduit, D'Aubigné, ib. II, 250. L'encre qu'on escrit [à écrire], Paré, X, 8.

ÉTYMOLOGIE

Lat. quod, neutre de qui (voy. QUI). On peut penser que que représente quem, quam, quae aussi bien que quod ; mais la forme qued nous ramène à quod. Dans quelques cas qui n'ont pas prévalu, on a dit que pour qui, comme l'italien che.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. QUE. - REM. Ajoutez :
3Arrivé qu'il fut.., cette tournure est condamnée par Vaugelas, bien, dit-il, qu'une infinité de gens s'en servent, et en parlant et en écrivant. Malgré l'arrêt de Vaugelas, cette tournure est bonne et mérite d'être conservée.
4Que, dans l'usage ancien, pouvait être rapporté, non, comme à présent où cela est nécessaire, au verbe de la proposition subordonnée, mais au verbe, quand il s'en trouvait, d'une incise précédant le verbe de la proposition subordonnée. Je fais des vers qu'encor qu'Apollon les avoue, Dedans la cour peut-être on leur fera la moue, Régnier, Sat. X. Au mot QUI, n° 13, comparez un emploi tout semblable.