« queue », définition dans le dictionnaire Littré

queue

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

queue [1]

(keue) s. f.
  • 1Partie qui termine par derrière le corps de la plupart des animaux. C'est dans cette île [Mindoro] que Struys dit avoir vu de ses propres yeux un homme qui avait une queue longue de plus d'un pied, toute couverte d'un poil roux…, Buffon, Hist. nat. hom. Œuv. t. V, p. 48.

    Fig. Cela n'a ni queue ni tête, cela est en dépit du bon sens.

    Fig. Tirer le diable par la queue, voy. DIABLE, n° 2.

  • 2Chez les quadrupèdes, prolongement plus ou moins étendu qui termine postérieurement le tronc d'un grand nombre d'animaux, et qui a pour base les os coccygiens. Le malheureux lion se déchire lui-même, Fait résonner sa queue à l'entour de ses flancs, Bat l'air qui n'en peut mais…, La Fontaine, Fabl. II, 9. Un vieux renard… fut enfin au piége attrapé ; Par grand hasard en étant échappé, Non pas franc, car pour gage il y laissa sa queue, La Fontaine, ib. V, 5. Il lui fallut à jeun retourner au logis, Honteux comme un renard qu'une poule aurait pris, Serrant la queue et portant bas l'oreille, La Fontaine, ib. I, 18. Il [Alcibiade] lui fit couper la queue [à son chien], qui était justement ce qu'il avait de plus beau ; ses amis lui en firent de grands reproches, et lui dirent que toute la ville murmurait contre lui, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. III, p. 601. La queue du cheval est formée par des crins épais et longs qui semblent sortir de la croupe, parce que le tronçon dont ils sortent est fort court, Buffon, Quadrup. t. I, p. 44. On connaît si un mouton est gras, en le tâtant à la queue, qui devient quelquefois grosse comme le poignet, Genlis, Maison rust. t. I, p. 223, dans POUGENS.

    Queue prenante, voy. PRENANT.

    Coup de queue, coup donné avec la queue.

    Fig. C'est l'hiver, le fatal hiver, qui me désespère ; j'en éprouve encore d'horribles coups de queue, Voltaire, Lett. d'Argental, 16 mai 1770.

    Fig. Il n'en reste pas la queue d'un, d'une, il n'en reste aucun, aucune.

    Fig. Vous n'en verrez plus ni queue ni oreilles, se dit d'une chose perdue, abîmée.

    Fig. S'en retourner la queue entre les jambes, se dit de ceux qui sont confus de ce que quelque chose ne leur a pas réussi (locution prise du chien qui, repoussé, honteux, met sa queue entre les jambes). Le prudent Agamemnon, Laissant équipage et canon, Honteux, la queue entre les jambes, Eût replié ses oriflammes, Scarron, Virg. I. Frère Triboulet sortit, la queue entre les jambes ; et son adversaire resta la tête haute, Voltaire, Facéties, Anecd. sur Bélisaire, 1.

    Il en est pourvu comme un singe de queue, se dit d'une personne qui manque de quelque chose.

    Fig. Se fouetter avec une queue de renard, se dit de ceux qui, vivant délicatement, font semblant de se mortifier.

    Terme de blason. Se dit particulièrement de la queue d'un cerf quand l'animal n'est pas nommé.

    Queue de cheval, insigne que l'on porte devant les pachas à une, deux ou trois queues, et qui appartient non au cheval mais au bœuf grognant, appelé parfois, à cause de cela, buffle à queue de cheval, Legoarant

    Pacha à une queue, à deux, à trois queues, pacha qui a droit de faire porter devant lui une, deux, trois queues de cheval.

    Goût de queue de renard, voy. GOÛT, n° 2.

  • 3En parlant des chevaux, queue à l'anglaise, queue que l'on a écourtée et dont on a coupé les muscles abaisseurs, pour qu'elle se tienne relevée ; ainsi dite parce que cette opération a été pratiquée d'abord en Angleterre par les marchands de chevaux.

    Queue en catogan, queue coupée très court.

    Queue en balai, queue dont les crins forment balai.

    Queue de rat, queue dégarnie de crins.

    On appelle cheval queue de rat, celui qui a la queue dégarnie de poils.

    Queue en trompe, queue qui est relevée dans l'exercice. Les chevaux de race portent naturellement la queue en trompe lorsqu'ils sont en exercice ou lorsqu'ils sont stimulés.

    Fausse queue, queue que les maquignons ajoutent quelquefois, quand ils ont écourté un cheval.

    Fig. Brider son cheval, son âne, par la queue, s'y prendre maladroitement dans une affaire.

  • 4Chez les oiseaux, grandes plumes qui terminent leur corps. Oiseau jaloux, Toi… qui déploies Une si riche queue, La Fontaine, Fabl. II, 17. La queue des beaux oiseaux qu'on attela depuis au char de Junon n'approchait pas de la sienne [du phénix], Voltaire, Princ. de Babyl. 1.

    Fig. C'est un paon qui se mire dans sa queue, se dit d'un homme glorieux et superbe.

  • 5Chez les poissons, les serpents, les sauriens et quelques insectes, partie qui s'étend du ventre jusqu'à l'extrémité opposée à la tête. Le serpent a deux parties… Tête et queue… …La tête avait toujours marché devant la queue ; La queue au ciel se plaignit, La Fontaine, Fabl. VII, 17. Il faut juger les femmes depuis la chaussure jusqu'à la coiffure exclusivement, à peu près comme on mesure le poisson entre queue et tête, La Bruyère, III.

    Habit en queue de morue, sorte de frac dont les pans se terminent en pointe comme la queue d'une morue.

    Fig. Écorcher l'anguille par la queue, commencer par l'endroit le plus difficile.

    Fig. Il n'y a rien de plus difficile à écorcher que la queue, c'est souvent au moment de terminer que se présentent les plus grandes difficultés.

    On dit dans un sens analogue : La queue en sera difficile à écorcher.

  • 6Dans les plantes, tout appendice terminal quelconque lorsqu'il est long, mou, flexible et comparable à la queue d'un animal. La queue d'une rose, d'un melon, d'une cerise.

    Tisane de queues de cerise, tisane préparée en faisant bouillir des queues de cerise.

    On appelle vulgairement queue d'une feuille son pétiole, et queue d'un fruit, son pédoncule.

    Queue se dit, en parlant des tulipes, des lis, des narcisses et autres fleurs semblables, du fragment de tige qui reste attaché à ces fleurs quand elles sont cueillies.

  • 7Queue de mouton, morceau du quartier de derrière auquel la queue tient. Saintrailles, étant venu lui parler [à Charles VII] d'une affaire qui pressait, le trouve se mettant à table avec la reine et n'ayant tous les deux pour tous plats qu'une queue de mouton et deux poulets, Saint-Foix, Ess. Paris, Œuv. t. V, p. 226, dans POUGENS.

    Mais, quand on dit un ragoût de queues de mouton, c'est de queues de mouton et non du quartier que l'on parle.

    Queue de martre, la peau et le poil de la queue d'une martre, dont on a fait une fourrure. Une robe garnie de queues de martre.

  • 8Queue de la Petite Ourse, étoile Polaire.

    Queue de la Grande Ourse, étoile qui est à la queue de la Grande Ourse.

    Queue du Lion, étoile de première grandeur située dans la constellation du Lion.

    Queue du Dragon, une des deux intersections de l'écliptique et du cercle de la lune, lorsque la lune passe dans l'écliptique, du nord au sud.

  • 9 Par analogie, ce qui excède le corps de différentes lettres. La queue d'un g, d'un p, d'un q, etc.

    En musique, trait vertical attaché à toutes les figures modernes de valeur, hormis à la ronde et à la maxime. La queue d'une croche.

  • 10 Terme de chancellerie. Lettre scellée sur simple queue ou à simple queue, lettre où le sceau est attaché à un coin du parchemin fendu exprès. Lettre à double queue, ou sur double queue, lettre où le sceau est pendant à une bande en double de parchemin, passée au travers de la lettre.
  • 11Queue d'une comète, traînée lumineuse qui suit le corps de la comète, c'est-à-dire qui s'étend vers la partie du ciel dont elle s'éloigne. Nous avons ici une comète qui est bien étendue ; c'est la plus belle queue qu'il est possible de voir ; tous les grands personnages sont alarmés, et croient fermement que le ciel, bien occupé de leur perte, en donne des avertissements par cette comète, Sévigné, 2 janv. 1681. La longue queue que la comète traînait après elle répandit la terreur dans l'Europe déjà consternée par la rapidité des succès des Turcs, Laplace, Expos. IV, 4.
  • 12Queue d'une poêle, long manche qui sert à tenir une poêle. La queue d'une casserole.

    La partie d'un violon, d'un violoncelle, où les cordes sont attachées par le bas, tandis qu'elles sont roulées par le haut autour des chevilles du manche.

    Piano à queue, piano qui a un prolongement de la forme des anciens claviers, et dont les cordes sont beaucoup plus longues que dans les pianos ordinaires.

    Queue ou soie d'un couteau, partie déliée qui termine la lame et qui entre dans le manche du couteau.

    Boutons à queue, boutons qui ont un appendice métallique ou autre, au moyen duquel on les coud.

    Queue de moulin à vent, grosse pièce de bois qui sert à orienter le moulin de manière que les ailes prennent le vent.

    Terme de pêche. Sorte de filet à manche.

    Canal qui termine antérieurement certaines coquilles.

    Terme de métallurgie. Faire la queue, se dit du mercure mal purifié, quand les globules sont peu mobiles et non arrondis.

  • 13Queue de chanvre, paquet de filasse brute, dont les brins sont arrangés de façon que toutes les pattes ou racines sont du même côté.

    Paquet de filasse pesant deux livres.

  • 14Touffe de cheveux de derrière, qu'on attache avec un cordon, et autour de laquelle on roule un ruban. Se faire faire la queue. La garde impériale sous le premier empire portait la queue.

    Populairement et fig. Faire la queue à quelqu'un, le tromper, lui soutirer de l'argent.

    Ruban de queue, ruban qui s'enroule autour de la queue pour la former.

    Fig. et familièrement. Ruban de queue, longue route qui se déroule à perte de vue devant le voyageur. D'ici à ce village il y a un bon ruban de queue.

  • 15Extrémité d'un manteau, d'une robe traînante. Allons, petit garçon, qu'on tienne bien ma queue, Molière, Mar. forcé, 4. Elle n'arrive à l'église que dans un char, on lui porte une lourde queue, La Bruyère, VI. Puisque j'ai eu la complaisance de prendre une queue toute unie, je me la ferai porter, s'il vous plaît, pour ne pas figurer avec la populace, Dancourt, Fête de vill. I, 6. Appelez Cascaret ; qu'il vienne porter ma queue. - Vous, madame Blandineau, vous ! vous faire porter la queue ! Dancourt, Bourg. de qualité, I, 5. Il [Voltaire] badinait sur le théâtre, et s'avisa de porter la queue du grand prêtre dans une scène [d'Œdipe] où ce même grand prêtre faisait un effet tragique, Voltaire, Comm. Œuv. aut. Henr. Fig. La vertu ne s'abaisse jamais à porter la queue, Malherbe, le Traité des bienf. de Sénèque, IV, 2.
  • 16 Terme de construction. La partie la plus large du giron d'une marche tournante.

    La queue d'une pierre, le bout d'une pierre, brut ou équarri, qui sert à faire liaison en dedans d'un mur. Cette pierre n'a pas assez de queue.

    Queue en cul-de-lampe, clef de voûte qui descend en contre-bas.

    Partie inférieure d'un pavé dont la hauteur est plus grande que la largeur.

    Terme de charpenterie. Queue d'aronde (d'hirondelle), assemblage qui se fait par un emboîtement où, l'entrée étant plus étroite que le fond, la pièce qui entre dans une autre n'en peut plus sortir.

    Assemblage à queue d'aronde se dit aussi en parlant d'une dalle de pierre que l'on joint à une autre.

    Queue de sonnette, pièce de bois inclinée, qui est assemblée à la tête des jumelles et qui les maintient.

    Terme de menuiserie. Espèce d'assemblage qui se fait au bout des pièces de bois pour les réunir en angles les unes avec les autres.

    Pièce à queue, toute partie assemblée à queue, ou rapportée à queue dans le corps de l'ouvrage.

    Queue de morue, planche dont la largeur est inégale d'un bout à l'autre.

    Queue de paon, assemblage, ou compartiment de parquet, ou carrelage qui, partant d'un centre, va en s'élargissant.

    Assemblage à queue perdue, celui dont les joints sont recouverts.

    Assemblage à queue percée, celui dont les joints sont apparents.

    Terme de serrurerie. Queue de carpe, espèce de crampon en petit fer plat, élargi d'un bout, ayant un ou deux scellements à retenir sur des dalles.

  • 17Le dernier bout d'une étoffe.

    On dit qu'une étoffe a cap et queue, pour dire que, n'ayant point encore été entamée, elle a deux chefs par les deux bouts.

    Terme d'imprimerie. Partie d'une page qui ne doit pas être remplie.

    Terme de relieur. La partie du livre qui regarde la fin des pages. Rogner un livre par la tête et par la queue.

    Terme de marine. Queue d'un bossoir, la partie de cette pièce qui se trouve en dedans du bâtiment.

    Queue d'un pavillon, l'extrémité de la partie flottante de cet étendard.

    Queue d'un pavillon de la série, bout de drisse sortant de la gaîne de 1m, 46 ; c'est la distance à observer entre deux signaux sur une même drisse.

    Queue d'un affût de canon, la partie la plus en dedans du navire.

    Queue d'une poulie, partie de la caisse opposée au point d'attache.

    Aviron de queue, aviron pour faire tourner et évoluer soudainement une embarcation ; on dit aussi aviron de gouverne.

  • 18Autrefois, queue du billard, le petit bout de l'instrument qui s'appelait billard et qui servait à pousser les billes.

    Aujourd'hui, queue se dit, absolument, de l'instrument dont on se sert pour pousser les billes.

    Faire fausse queue, toucher la bille à faux avec la queue.

    Queue à procédé, queue dont le petit bout est garni d'un morceau de cuir, et avec laquelle on exécute des coups impossibles avec la queue sans procédé.

  • 19L'extrémité d'une chose. La queue du bois. La queue de l'étang de Montmorency.

    Queue de tranchée, partie de la tranchée où les assiégeants déposent leurs munitions et leurs matériaux.

    Terme de marine. Queue d'un banc ou d'un haut-fond, son extrémité, située du côté opposé à sa partie la plus élevée, ou à la direction des courants et des vents régnants.

    Terme d'anatomie. La queue d'un muscle, son insertion inférieure, par opposition à sa tête ou insertion supérieure.

  • 20 Fig. Le bout, la fin. La queue de l'hiver. Ma fille, il n'est plus question de moi, je me porte bien, c'est-à-dire autant que l'on se porte bien de la queue d'un rhumatisme, Sévigné, 12 févr. 1676.

    Avoir une queue, avoir des suites. Il fut convenu que les évêques pourraient faire imprimer sans permission les livres de religion dont ils seraient les auteurs ; article qui fit après une queue, Saint-Simon, 214, 246.

    La queue d'une affaire, les derniers soins qu'elle exige, quoiqu'elle semble terminée.

    On a pris cette affaire par la tête et par la queue, on l'a examinée à tous les points de vue.

    Ne point laisser, ne point faire de queue dans un payement, payer en totalité. Vous ne me parlez point de mes treize cents francs de l'année 1685 ; il ne faut pourtant point laisser traîner cette queue, Sévigné, à d'Herigoyen, 26 févr. 1687.

    Commencer le roman par la queue, commencer une histoire par où on devrait la finir.

    Fig. Prendre le roman par la queue, vivre maritalement avant le mariage ; ou parler de mariage avant de parler d'amour. Mais en venir de but en blanc à l'union conjugale, ne faire l'amour qu'en faisant le contrat du mariage, et prendre justement le roman par la queue, Molière, Préc. V.

    Fig. Tirer un sonnet par la queue, achever péniblement un sonnet. En allant même par la rue, la plupart marmottaient entre leurs dents, et tiraient quelque sonnet par la queue, Francion, liv. V, p. 192. Et n'allez pas toujours d'une pointe frivole Aiguiser par la queue une épigramme folle, Boileau, Art p. II.

    Terme de musique. On appelle queue ce que les Italiens nomment coda, pour désigner la fin, la péroraison d'un morceau.

    Terme de marine. Queue d'un grain, l'averse finale d'une pluie abondante qui est tombée sur le navire par avalanches interrompues.

    Queue, à certains jeux, somme indépendante de l'enjeu principal. Va pour dix francs, mais sans queue.

    Au piquet à écrire, queue des jetons, la totalité des jetons qu'on a mis aux paris.

    Au whist, queue se dit quelquefois pour fiche de consolation. Nous avons cinq de queue.

    Queue des paris, ce qui revient au joueur qui a gagné le plus de paris. Mettre à la queue.

  • 21Se dit souvent des débris d'une faction, d'un parti. La queue de Robespierre.
  • 22La dernière partie, les derniers rangs d'un corps, d'une compagnie. La queue d'un cortége, d'une procession. La queue d'un régiment. Mettre un soldat à la queue de sa compagnie, pour cause d'indiscipline. Leur escadron plia par la queue, et la tête se retira de l'eau sans fuir, Pellisson, Lett. hist. t. I, p. 140.

    Prendre la queue, se mettre aux derniers rangs. MM. d'Estrées nous firent proposer de se départir de l'ancienneté et de prendre la queue, Saint-Simon, 19, 230.

    Attaquer en queue une armée, un régiment, l'attaquer par ses derniers corps, ses dernières compagnies. Ils se sentirent attaqués vivement en tête et en queue, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. I, p. 387, dans POUGENS.

    Prendre en queue, même sens. Caenus les prit en queue, conformément à l'ordre qu'il en avait reçu, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. VI, p. 506.

    Familièrement, prendre quelqu'un en queue, l'attaquer par derrière. La Rappinière le prit en queue, et se mit à travailler sur lui à coups de poing, Scarron, Rom. com. I, 3.

    Donner en queue, donner sur la queue d'une armée, la prendre en queue.

    Queue d'armée, de camp, de troupe, partie d'une armée, d'un camp, d'une troupe, occupant le terrain à l'opposite du front de bandière.

    Terme de marine. Queue d'une ligne, le dernier vaisseau d'une ligne. Notre arrière-garde, commandée par M. le comte d'Estrées, fut pressée par l'escadre bleue des Anglais ; les trois vaisseaux de la queue de notre armée furent fort maltraités, Mém. de Villette, 1690, dans JAL.

    Vaisseau de queue, celui qui termine une ligne de marche ou de bataille.

    À la queue, en queue, à la suite, immédiatement après. Il suivait en queue. Ce chasseur était à la queue des chiens. Il se passe des choses assez plaisantes dans notre dispute ; je trouve qu'on en pourrait bien faire une petite comédie, et que cela ne ferait pas trop mal à la queue de l'École des femmes, Molière, Critique, 7. Eumène était fort mal, et il se faisait porter en litière à la queue de l'armée, Rollin, Hist. anc. Œuv., t. VII, p. 138, dans POUGENS.

    À la queue, en queue, à la poursuite, aux trousses. Ce voleur a les gendarmes en queue. Les gendarmes sont à la queue de ce voleur. Turenne est là ; l'on n'y doit craindre rien ; Vous dormirez, ses soldats dorment bien, Non pas toujours ; tel a mis mainte lieue Entre eux et lui, qui les voit à sa queue, La Fontaine, Poésies mêlées, XLI.

  • 23File de gens qui attendent à la porte d'un spectacle, d'un bureau pour entrer à leur tour. La queue s'étendait jusqu'à tel endroit. Se mettre à la queue. On faisait queue à la porte des boulangers. Un citoyen, député de la section de la Réunion, se présente au corps municipal, et y dénonce les marchands comme étant les principaux moteurs des rassemblements qui ont lieu journellement et connus sous le nom de queues, Moniteur universel, 6 prairial an II, p. 999, 2e col.

    Queue à queue, à la file, successivement. Ces bateaux descendent la rivière queue à queue. Ces trois loups sont venus queue à queue.

    À la queue leu leu, ou à la queue lou-lou. En voyant cette émigration des grandes dames, toutes ces femmes de robe imaginèrent que ce devait être l'usage de la cour, et elles se mirent à défiler à la queue lou-lou révérencieusement et silencieusement devant la présidente Molé, qui ne savait que devenir, Souvenirs de la marquise de Créquy, t. V, ch. 12. (voy. LEU).

  • 24Sans queue, loc. adv. Sans ajouter une désignation particulière. Monsieur sans queue, c'était le frère du roi. Monsieur le Prince sans queue, c'était le premier prince du sang. Mme la duchesse d'Orléans est accouchée d'un fils qui se nommera M. le Prince sans queue, Patin, Nouv. lett. t. I, p. 339, dans POUGENS.
  • 25 Terme de marine. Queue de chat, cordage avec lequel on infligeait les peines corporelles.
  • 26Queue-du-chat, figure de contredanse.

    Demi-queue-du-chat, pas figuré des anciennes contredanses, qui consiste en ce que deux couples opposés vont prendre la place l'un de l'autre, le cavalier tenant sa dame par la main, et sans se séparer, comme cela a lieu dans la demi-chaîne anglaise. La demi-queue-du-chat prend quatre mesures.

  • 27 Terme d'anatomie. Queue de cheval, faisceau des nerfs lombaires et sacrés qui termine la moelle épinière.
  • 28Queue-de-cochon, tarière terminée en vrille. Des queues-de-cochon.
  • 29Queue-de-renard, voy. RENARD.
  • 30Queue-de-rat, espèce de lime ronde, qui sert à agrandir les trous percés dans les métaux.

    Queue-de-rat, tabatière dont le couvercle de bois est soulevé par une longue et étroite lanière de cuir.

    Terme de vétérinaire. Queue-de-rat, dartre allongée qui fait tomber les poils de la place malade et qui survient aux jambes des chevaux.

    Terme de marine. Queue-de-rat, façon donnée à l'extrémité d'un cordage qu'on amincit comme la queue d'un rat.

    Queue-de-rat, la prêle des champs (équisétacées), et la fléole des prés (graminées).

    Grande queue-de-rat, la fétuque élevée (graminées).

  • 31Queue-d'oison, bateau en gondole pour pêcher le hareng et le maquereau.
  • 32Queue-de-paon, nom donné par les mineurs au cuivre panaché ou sulfure de cuivre irisé.
  • 33Queue-de-cheval, prêle des marais. Des queues-de-cheval.

    Queue-de-lion ou léonurus, nom vulgaire de la phlomide léonure de Linné, devenue le léonotis léonure d'Aiton. Des queues-de-lion.

    Queue-de-souris, plante ainsi nommée à cause du réceptacle des fleurs qui s'allonge de manière à ressembler à une queue de souris.

    Queue d'or, le mésoprion chrysure (poissons acanthoptérygiens) de Cuvier (côtes du Brésil), le spare queue-d'or de Lacépède, Legoarant

    Queue-d'hermine, le cône hermine de Brugnière, dit aussi hermine.

    Queue-de-flèche, paille en queue, oiseau.

    Queue-blanche, le pygargue.

    Les queues-aiguës, genre d'oiseau.

PROVERBES

Mi-mai, queue d'hiver.

Il n'y en a point de plus empêché que celui qui tient la queue de la poêle, il est plus difficile de conduire une affaire que d'en parler ou de la contrôler. Valot y est bien empêché, car il tient la queue de la poêle, Patin, Lett. t. II, p. 108, dans POUGENS.

Il viendra un terme où les renards auront besoin de leur queue, il y a telles personnes qu'on méprise ou qu'on choque et dont on aura besoin en un autre temps.

Cette queue n'est pas de ce veau-là, se dit de deux choses qui n'ont pas de rapport entre elles.

Il faut que chacun garde sa queue, il faut que chacun conserve son bien, par allusion à la fable du renard qui avait perdu sa queue.

Quand on parle du loup, on en voit la queue, on parlait d'une personne et au moment même elle est arrivée.

À la queue gît le venin, le venin est à la queue, proverbe né de la croyance populaire au venin de la queue de certains serpents, et tout naturellement du venin de la queue des scorpions, des guêpes ; on le dit quand on prévoit que la fin d'une chose présente des difficultés, recèle des dangers. Le serpent a deux parties Du genre humain ennemies, Tête et queue…, La Fontaine, Fabl. VII, 17.

HISTORIQUE

XIe s. Blanche la cue, et la crignete jalne, Ch. de Rol. CXIII.

XIIe s. Bien [il] m'a le nu [nœud] fait en la coe ; Juglé [trompé] m'a e envilani, Benoit de Sainte-Maure, II, 15239. E les cues [des bœufs] tutes ensemble une part turnerent, Rois, p. 254. De ce est ke Moyses comandet ke la cowe del sacrifize soit coverte en l'alteir, Job, p. 448.

XIIIe s. De ma fable faz tel defin, Que chascuns se gart de la soe [femme], Q'ele ne li face la coe, Nouv. recueil de fabliaux et contes, t. I, p. 317. La coe ot [le bouton de rose] droite comme jons, Et par dessus siet li boutons, la Rose, 1673. Gart que nule ordure n'i voie, Qu'il se metroit tantost à voie, Et s'enfuiroit keuë levée, S'en seroit honteuse et grevée, ib. 14493. Que il deviegne Turc, s'ait sa loi defiée, Trois coes face faire à l'us de lor contrée, Ch. d'Ant. VI, 10. Des biens de sainte Eglise se complaint Jesus Christ, Que on met en joiax et en vair et en gris ; Si s'en traient leur keues Margos et Beatrix ; Et li membre Diu sont povre, nu et despris, Rutebeuf, 238. Dont il avint ainsi que notre nef hurta à une queue de sablon [banc de sable] qui estoit en la mer, Joinville, 283. Et la queue du feu qui partoit de li [le feu grégeois] estoit bien aussi grant comme un grant glaive, Joinville, 222.

XIVe s. Et fist dire moult hautement… De rendre Bretaigne com soue [sienne]. N'est celui qui meuve la coue, Car là estoint bien atrapez, Liv. du bon Jeh. 2900. Scellé du grand sceau à double queue, Déclaration du roi du 8 mars 1396.

XVe s. Et à leur departement [au départ des soldats anglais] feirent lesdits Parisiens grant huée en criant à la queue, Monstrelet, t. II, p. 127, dans LACURNE. Nous le suyvrons queue à queue, moi et mes gens, le Jouvencel, f° 32, dans LACURNE. [Dame] la plus noble et la plus haultaine du monde, de laquelle ne estoye digne de porter sa queue, Perceforest, t. V, p. f° 53. En toutes façons une bataille perdue a tousjours grant queue et mauvaise pour le perdant, Commines, II, 2.

XVIe s. Messire Jean Chapperon et ledit seigneur d'Auton meirent cinq cents hommes de guerre en leurs vaisseaulx, c'est à savoir quatre cents dedans la nau du dict Chapperon, et cent dedans la barque du seigneur d'Auton, et se meirent sur mer à queue de vache [l'un derrière l'autre], Annales de Louis XII, p. 341, dans LACURNE. Toutes fois et quantes que le nom de Dieu se trouve sans queue, comme l'on dit, il se rapporte au Pere seul, Calvin, Instit. 93. Pour ce que l'abus du mot emporte une mauvaise queue, je suis contraint de le reprouver, Calvin, ib. 1163. Il seroit monsieur sans queue, Rabelais, I, 11. Puis après lui avoir coupé la bourse, il lui coupe la queue [part comme un joueur qui fait Charlemagne] ; et s'en va chercher sa pratique, deçà, delà, par la ville, Despériers, Contes, LXXXIII. Je croy que si l'autheur eust osé les apeller prophetes, qu'il l'eust fait ; ils meritoient pourtant bien ce nom, mais avec ceste queue, à sçavoir de Satan, Lanoue, 136. L'armée contraire se mist à sa queue [à sa poursuite], Lanoue, 622. On fit encore sauter une mine où les soldats ne firent plus que bransler la queue, quoique Strosse et le Gart se missent à leurs testes, D'Aubigné, Hist. II, 49. Il voulut entrer en Berri pour prendre le chemin de la Charité ; mais la pluspart de sa suite lui coupa la queue [l'abandonna], D'Aubigné, ib. III, 59. Nous nous embarquasmes en nos trois batteaulx, queue à queue l'un de l'autre, Carloix, VIII, 30. Queue-de-cheval a prins ce nom à cause que son herbe ressemble aucunement le poil de la queue d'un cheval ; aucuns nomment ceste herbe aspresta, par sa grande aspreté et rudesse du manier…, De Serres, 607. Tel engrossissement [des racines dans les tuyaux] est par les fontaniers appelée queue de renard, De Serres, 771. L'insertion de sa queue [d'un muscle], Paré, XIII, 18. En la queue et en la fin Gist de coustume le venin, Leroux de Lincy, Prov. t. I, p. 198. Donnerent trois assauts sur la pointe du jour queue sur queue, mais ils furent tous jours repoussez, Montluc, Mém. t. II, p. 62, dans LACURNE. Il sembloit, quand ils [les huguenots] y oyoient parler de moy, qu'ils avoient le bourreau à la queue, ID. liv. v. Vache ne sçait que vaut sa queue, jusques à ce qu'elle l'ait perdue, Cotgrave

ÉTYMOLOGIE

Berry, coue ; bourg. quoue ; saintong. coue ; wallon, cowe ; namur. cawe ; prov. coa, coda, coza ; catal. coa, cua ; port. cauda ; ital. coda ; du latin cauda, que Corssen, Beiträge, p. 446, croit être, d'après Meyer, pour skauda, radical sansc. ska, couvrir, dresser, lever en l'air.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. QUEUE.
21Ajoutez :

Fig. Vous verrez que, par un juste retour, les véritables philistins pourraient bien être en fin de compte non pas les esprits restés dévots au culte de Mozart, mais tous ces fanatiques attardés qu'on appelle aujourd'hui la queue de Robespierre, H. Blaze de Bury, Rev. des Deux-Mondes, 15 oct. 1875, p. 811.

Fig. Couper sa queue, se dit d'un chef de parti qui se sépare de la partie la plus violente de ses adhérents.

34Queue de morue, nom d'une sorte de brosse. Brosses plates dites queues de morue en fer-blanc, brosses à tableaux… Queues de morues et pinceaux fins, Alm. Didot-Bottin, 1871-72, p. 1226, 1re col.
35 Queue de chat, queue de cheval, noms vulgaires des cirrus, Journ. offic. 20 sept. 1873, p. 5976, 2e col.
36Queue fourchue vulgaire, ou grande queue fourchue, bombyx vinula ; la queue fourchue dite hermine, bombyx herminea ; la petite queue fourchue, bombyx furcula. Ces noms proviennent de deux appendices un peu divergents, situés au bas des ailes.