« rêve », définition dans le dictionnaire Littré

rêve

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

rêve [1]

(rè-v') s. m.
  • 1Combinaison involontaire d'images ou d'idées, souvent confuses, parfois très nettes et très suivies, qui se présentent à l'esprit pendant le sommeil. Non-seulement ils [les rossignols] dorment, mais ils rêvent, et d'un rêve de rossignol, car on les entend gazouiller à demi-voix et chanter tout bas, Buffon, Ois. t. IX, p. 151. Je demande que chacun réfléchisse sur les rêves, et tâche de reconnaître pourquoi les parties en sont si mal liées, et les événements si bizarres ; il m'a paru que c'était principalement parce qu'ils ne roulent que sur des sensations et point du tout sur des idées, Buffon, Disc. nat. animaux, Œuv. t. V p. 325. Si les organes seuls produisent les rêves de la nuit, pourquoi ne produiraient-ils pas seuls les idées du jour ? Voltaire, Dict. phil. Somnambules. C'est un état bien singulier que celui du rêve, aucun philosophe que je connaisse n'a encore assigné la vraie différence de la veille et du rêve, Diderot, Salon de 1767, Œuv. t. XIV, p. 253, dans POUGENS. Elle croit aux songes ; quand elle a fait un mauvais rêve, la voilà de mauvaise humeur pour toute la journée, Genlis, Théât. d'éduc. la Tendresse matern. sc. 1. Ainsi de nos pensers nos rêves sont l'écho, Delille, Imag. 1. Le rêve du méchant est son premier supplice, Delille, ib. Là jamais ne s'élève Bruit qui fasse penser ; Jusqu'à ce qu'il s'achève, On peut mener son rêve Et le recommencer, Lamartine, Harm. III, 10.

    Fig. et familièrement. Il a fait un beau rêve, se dit d'un homme qui a joui d'un bonheur très court, qui s'est bercé d'un espoir trompeur.

    Il se dit aussi d'un succès, d'un bonheur que rien ne pouvait faire attendre. être d'un siècle entier la pensée et la vie, Émousser le poignard, décourager l'envie, Ébranler, raffermir l'univers incertain, Aux sinistres clartés de la foudre qui gronde, Vingt fois contre les dieux jouer le sort du monde, Quel rêve !… et ce fut ton destin, Lamartine, Méditat. II, 7, Bonaparte.

    Fig. et familièrement. Les histoires que vous nous contez là sont de beaux rêves, elles n'ont pas plus de suite, de vraisemblance que si elles étaient des rêves.

    Fig. et familièrement. C'est un rêve que de vous voir ici, on s'y attendait si peu qu'il semble qu'on rêve.

    Fig. Le rêve de quelqu'un, ce à quoi il songe toujours. Sans vieillir, accablé de jours, La fin du monde est mon seul rêve, Béranger, Juif errant.

  • 2 Fig. Il se dit de tout ce qui est comparé à un rêve. Ce n'est pas là un système de philosophie [la physique de Descartes], c'est le rêve d'un homme en délire, Voltaire, Dial. XXIX, 10. Délires insensés ! fantômes monstrueux ! Et d'un cerveau malsain rêves tumultueux ! Chénier, l'Invent. De ce rêve enchanteur je goûtais le mensonge, Chénier M. J. Fénelon, II, 3. Vous m'avez délaissé, doux rêves de la vie, Chénier M. J. la Prom. Nos guerriers, instruits par vos leçons, Comme un rêve insensé méprisent mes soupçons, Delavigne, Vêp. sicil. III, 3. La gloire est le rêve d'une ombre, Lamartine, Médit. I, 11.

SYNONYME

RÊVE, RÊVERIE. Le rêve est d'un homme endormi ; la rêverie est d'un homme éveillé.

ÉTYMOLOGIE

Voy. RÊVER. Il est singulier que ce mot n'ait aucun historique.