« rancune », définition dans le dictionnaire Littré

rancune

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

rancune

(ran-ku-n') s. f.
  • Ressentiment tenace et qu'on n'oublie pas. De mon côté, moi, j'ai une vieille rancune contre le financier, Dancourt, Foire de Besons, sc. 13. Ce qui me retient, c'est la peine que cela vous fera, c'est la rancune que vous en prendrez contre moi, Marivaux, Marianne, 4e part. Bien rosser et garder rancune est aussi par trop féminin, Beaumarchais, Mar. de Figaro, V, 8. Les rancunes de l'amitié sont plus durables que toutes les autres ; elles survivent à la colère, Genlis, Vœux témér. t. III, p. 133, dans POUGENS. J'ai de la rancune de prince ; Mon bon roi, vous me le paierez, Béranger, M. jours gras.

    Sans rancune, ou point de rancune, c'est-à-dire oublions le passé, oublions nos sujets de plainte. Amour… Qui fut (soit dit sans rancune) Si sujet à caution, Chaulieu, Voyage de l'amour et de l'amitié.

    Rancune tenant ou tenante, se dit pour signifier qu'on se rapproche tout en gardant son inimitié. Comptez sur moi comme sur vous-même dans ce moment, mais rancune tenant toujours, Voltaire, Socrate, II, 8.

    Rancune à part, se dit lorsque, n'étant pas bien avec quelqu'un, et ayant néanmoins un intérêt commun avec lui, on oublie de part et d'autre pour un temps les griefs réciproques.

    Fig. et en forme de dicton populaire, en parlant d'une étoffe, d'un cuir, etc. : C'est de la rancune de prêtre, ou c'est fait en rancune de prêtre, ça durera toujours, c'est inusable.

HISTORIQUE

XIe s. Diz cops il fiert par duel [deuil] e par rancune, Ch. de Rol. CLXVIII.

XIIIe s. Et se descovri lors aparantment la rancune, Hist. occid. des crois, t. II, p. 348. Amors a tele nature, Que sa joie fait torner à rancure, Ms. de poésies franç. avant 1300, t. I, p. 51, dans LACURNE.

XIVe s. Li rois fut de mal cuer et de felon coraige, Et fut pleins de rancune, de corroux et de raige, Girart de Ross. V. 3191.

XVe s. Et estoit tenu Pietre du Bois en paix parmi tant qu'il avoit juré qu'il ne traiteroit jamais ni ne procureroit nulle guerre ni rancunes des bonnes gens de Gand envers le duc de Bourgogne, Froissart, II, II, 241.

XVIe s. Ame exempte de vengeance et de rancune, Montaigne, I, 402.

ÉTYMOLOGIE

Berry, rancure ; prov. rancura ; anc. espagn. rencura ; ital. rancura ; du lat. rancus, rance, avec la finale ura ou una.