« ras », définition dans le dictionnaire Littré

ras

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

ras, rase [1]

(râ, râ-z') adj.
  • 1Tondu de près, coupé jusqu'à la peau. Une barbe rase. Ils sont tellement accoutumés en Italie à la cabale des moines, qu'à peine peuvent-ils rien faire ou entreprendre sans le ministère de quelque tête rase, Patin, Lett. t. II, p. 200. Il y a près d'elle [dans un tableau] une vieille femme ou peut-être un eunuque, la tête rase, Diderot, Lett. Falconet, mai 1766.

    Adverbialement. Tondre ras. Couper ras. Tondre ras une chienne.

  • 2Qui a le poil fort court. Les chevaux des pays chauds ont le poil plus ras que les autres. Elle [la nature] est encore venue au secours des animaux en les couvrant de robes à poil ras, Bernardin de Saint-Pierre, Étude V.
  • 3Il se dit de la peau, du cuir qui est sans poil. Il [l'éléphant] n'est pas revêtu de poil comme les autres quadrupèdes, la peau est tout à fait rase, Buffon, Quadrup. t. IV, p. 275.
  • 4 Par extension, rase campagne, campagne fort unie, où il n'y a ni éminences, ni vallées, ni bois, ni rivières. Les Assyriens s'étaient campés en rase campagne, et, selon leur coutume, que les Romains imitèrent depuis, ils avaient environné et fortifié leur camp d'un large fossé, Rollin, Hist. anc. Œuvr. t. II, p. 173, dans POUGENS. Urbain II tint vers Plaisance un concile en rase campagne, où se trouvèrent plus de trente mille séculiers, outre les ecclésiastiques, Voltaire, Mœurs, 54.
  • 5Table rase, voy. TABLE.
  • 6Mesure rase, mesure remplie de manière que le contenu n'excède pas les bords. Des douze futailles, six sont mesurées comble, et les six autres rases, Genlis, Maison rust. t. I, p. 31, dans POUGENS.

    Verser du vin à ras de bord, emplir le verre jusqu'au bord.

  • 7 Terme de marine. Bâtiment ras, bâtiment qui est moins élevé au-dessus de l'eau que ceux de son espèce.

    Bâtiment ras comme un ponton, bâtiment qui a perdu tous ses mâts.

  • 8Au ras, à ras, loc. adv. Au niveau de. Au ras de l'eau. Au ras l'eau. Madame d'Heudicourt était auprès du roi sur un petit siége tout bas et presque au ras de terre, Saint-Simon, 97, 25.

    Être mis au ras, se dit chez le bœuf, quand le bord des incisives caduques se nivelle.

  • 9 S. m. Ras, étoffe croisée et unie, dont le poil ne paraît pas. Sa seule robe en pierrerie Valait plus d'une métairie ; Elle était de ras de Châlons, Scarron, Virg. IV. Ras ou rases. ras drapés, rases dites de seigneur, doubles croisées, blanches et mêlées, Tabl. annexé aux lett. patent. du 18 sept. 1780, Auch.
  • 10Ras, filière par laquelle on fait passer le lingot qui sort de l'argue. Le tireur d'or les fait passer par trois différentes filières, dont la première s'appelle ras, la 2e précaton ou prégaton, et la dernière fer à tirer… l'opération du ras se nomme le dégrossi du trait…, Dict. des arts et mét. Tireur d'or.
  • 11Ras de métal, extrémité de la tulipe d'une bouche à feu.

HISTORIQUE

XVIe s. On ha desmoly et abbattu plus de deuz cens maisons, et troys ou quatre ecclises raz terre, Rabelais, Ép. 8. Du demourant, avoyent la barbe rase et piedz ferratz, Rabelais, Pant. V, 27. Des chappeaulx, les ungz sont raz, les autres à poils, Rabelais, I, 13. Poiter la teste et la barbe rase, Montaigne, III, 92. Une campagne rase et unie, Amyot, P. Aem. 27. Les gregues et provensalles ne sont venues en usaige que depuis que les bas de soye, raz de Millan et d'estame ont eu le cours et la vogue en ce royaume, Carloix, IV, 27. Vouloir prendre un homme ras par les cheveux, Cotgrave

ÉTYMOLOGIE

Prov. ras ; ital. raso, du lat. rasus, de radere, raser.