« regimber », définition dans le dictionnaire Littré

regimber

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regimber

(re-jin-bé) v. n.
  • 1Ruer au lieu d'avancer, en parlant des bêtes de monture, quand on les touche de l'éperon, de la houssine, de l'aiguillon. Oza, qui vit qu'un des bœufs avait fait un peu pencher l'arche en regimbant, étendit la main pour la soutenir, Sacy, Bible, Paralip. I, XIII, 9.

    Fig. Regimber contre l'éperon, résister inutilement. Il vous est dur de regimber contre l'aiguillon, Sacy, Bible, Act. des apôt. XXVI, 14.

  • 2 Fig. Se montrer récalcitrant, résister. Auguste, qui ne s'accommodait pas de louanges ordinaires et qui regimbait comme un cheval chatouilleux contre ceux qui le flattaient grossièrement, J. Bruslé, Lucien en belle humeur, t. I, p. 448, dans POUGENS. Lorsque vous ne faites que secouer le mors et regimber contre toutes les lois, sans vouloir souffrir ni qu'on vous retienne, ni qu'on vous enseigne, ni qu'on vous conduise, Bossuet, 2e sermon, Purification, 1. Non que tu sois pourtant de ces rudes esprits Qui regimbent toujours, quelque main qui les flatte, Boileau, à Seignelay, Ép. IX. Platon ne peut s'empêcher de se plaindre que son disciple [Aristote] avait regimbé contre lui, Fénelon, Arist. Le corps contre l'esprit regimbe à tout moment, Regnard, Démocr. I, 2. Nous avons quatorze éditions de ce livre [de Henri Estienne, Apol. pour Hérodote] ; car nous aimons les injures qu'on nous dit en commun, autant que nous regimbons contre celles qui s'adressent à nos personnes en notre propre et privé nom, Voltaire, Dict. phil. Diodore. Messieurs les critiques, j'en appelle au parterre, adieu ; laissez-moi le droit de regimber, mais donnez-moi toujours cent coups d'aiguillon, Voltaire, Lett. Thiriot, 1er déc. 1738.

    Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.

HISTORIQUE

XIIe s. Estroitement font les chevax tenir, Que il ne puissent regimber ne hennir, Raoul de C. 251.

XIIIe s. Cui ge porré bien asener N'aura talent de regiber, Ren. 7588.

XIVe s. Quant le cheval senti qu'il estoit formenez, Dessouz le chevalier a si fort regibé, Que li chevaliers est à la terre versez, Guesclin. 2549.

XVe s. Tu fais que fol et que felon De regiber contre aguillon, Mart. de St Paul. Le suppliant dist à icelle Jehanne que si feroit, ou elle en seroit courrouciée, et ladite Jehanne lui dit qu'elle le feroit si bien courroucier, qu'elle le garderoit bien de regipper, Du Cange, repedare.

XVIe s. Il n'est plus temps de regimber, quand on s'est laissé entraver, Montaigne, III, 322.

ÉTYMOLOGIE

Bourguig. regippai ; Berry, regiper, reginguer. Nicot le tire de re, et jambe ; mais Diez élève des doutes, à cause de regiber, la nasale d'ordinaire étant intercalée, non supprimée. Le Poitevin a giber, ruer. Reginguer du Berry vient de gigue.