« rodomont », définition dans le dictionnaire Littré

rodomont

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rodomont

(ro-do-mon) s. m.
  • Terme familier. Fanfaron qui vante sa bravoure, pour se faire valoir et se faire craindre. C'est un rodomont. Le cavalier qui faisait tant le rodomont se nommait don Luc de Ribera, Lesage, Guzm. d'Alf. VI, 1. En partant pour la guerre, Un rodomont fait peur, Pannard, Œuv. t. III, p. 341.

    Celui qui parle, agit avec hauteur comme s'il était au-dessus des autres. J'ose dire qu'il n'y a guère de gens à qui il convienne moins qu'à Tertullien de faire le rodomont, Analyse de Bayle, t. I, p. 249. Il faut que je sois bien possédé du démon, Pour souffrir les hauteurs d'un pareil rodomont, Destouches, Glor. III, 10.

HISTORIQUE

XVIe s. Ils [les Espagnols] sont tous rodomones de piafe encore que gars de courage pour la pluspart, Pelerin d'amour, t. II, p. 717, dans LACURNE. On l'appeloit en Piemont un des rodomones de là [brave militaire], Brantôme, Dames gal. t. II, p. 261, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Rodomont, personnage créé par le Boiardo et adopté par l'Arioste, et qui est renommé par sa vaillance et son caractère altier et insolent dans les guerres fictives de Charlemagne et des Sarrasins d'Afrique. Le Boiardo le nomma d'abord Rotomonte, signifiant, d'après Scheler : qui roule des montagnes, de rotare, rouler, et monte, montagne.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

RODOMONT. - ÉTYM. Ajoutez : Comme les poëtes italiens ont beaucoup emprunté aux œuvres de nos anciens trouvères, il se pourrait que le Rodomont de Boïardo fût une réminiscence du Rodomorus de Benoît de Sainte-More : Rodomorus esteit li septmes [le septième chef] ; Car molt esteit cruex et pesmes, N'iert enveisiez ne deduios, Mes molt esteit chevaleros, le Roman de Troie, v. 7969. Ce roman a été beaucoup lu dans le moyen âge, et on lui a fait bien des emprunts, entre autres Boccace et, par l'intermédiaire de Boccace, Shakespeare.