« ronfler », définition dans le dictionnaire Littré

ronfler

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

ronfler

(ron-flé) v. n.
  • 1Faire le bruit nommé ronflement. Tout ronflait et de bonne sorte, Scarron, Virg. II. Il n'y avait pas longtemps qu'il dormait, ronflant comme une pédale d'orgue, Scarron, Rom. com. II, 16. Il dort le jour, il dort la nuit et profondément, il ronfle en compagnie, La Bruyère, VI. J'entends ronfler autour de nous, dit Leandro Perez, et je crois que c'est ce gros homme que je démêle dans un petit corps de logis, Lesage, Diable boit. 16. Je n'osai jamais interrompre ma lecture, et continuai de lire tandis qu'il continuait de ronfler, Rousseau, Confess. IX.
  • 2Il se dit d'un cheval à qui la peur, la colère, etc. fait faire un certain bruit des narines.
  • 3 Fig. et familièrement. Faire un bruit prolongé, en parlant de certaines choses bruyantes. Le canon ronflait de ce côté. Une toupie qui ronfle. Il faut entendre aussi ronfler les violons, Et je veux avec vous danser les cotillons, Regnard, le Légat. II, 4. Et les échos de ces sauvages bois Où le dieu Mars fait ronfler son tonnerre, Marmontel, Polym. ch. I.

    Fig. Faire ronfler des vers, les déclamer avec emphase. Ils ne savent pas faire ronfler les vers, et s'arrêter au bel endroit, Molière, Préc. 10. Vingt poëtes épris Sur de sublimes tons font ronfler Melpomène, Voltaire, Ép. 104.

    Il se dit de ce qui est ronflant. Je conviendrai qu'en effet, lorsqu'un vers ronfle bien dans la bouche d'un acteur, quelquefois le parterre ne demande rien de plus, D'Olivet, Rem. Rac. 75.

    Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.

HISTORIQUE

XIVe s. Mais ceulx dormant à qui il s'aloit desraignant [parlant], Nul mot n'ont respondu ; aincois vont fort ronflant, Guesclin. 19474.

XVe s. Et le cheval qui devant le duc alloit atout les deux escuyers, quand il sentit iceux derriere lui, il commença à ronfler et à avancer, Monstrelet, I, 36.

XVIe s. Il ne vouloit point de soudards qui ronflassent plus fort en dormant, qu'ilz ne crioient en se battant, Amyot, Caton, 17. …Puis en le caressant [Bucéphale] un peu de la voix et de la main tant qu'il le veit ronflant et soufflant de courroux…, Amyot, Alex. 9. Ils faisoient ronfler leur contrat et ordonnances bien hautement de ceste qualité, Carloix, III, 25. Après avoir faict ronfler [tirer] son artillerie…, Carloix, IV, 14. Barbare peuple, arrogant et volage, Vanteur, causeur, n'ayant rien que langage, Qui, jour et nuict dans un poisle enfermé, Pour tout plaisir se joue avec un verre, Ronfle à la table ou s'endort sur la terre, Desportes, Diverses amours, XLIII, Adieu à la Poloigne. [Caton, prêt à se tuer] se print si profondement à dormir, que ses valets de chambre l'entendoient ronfler, Montaigne, I, 340.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. ronflar ; toscan, ronfiare ; sicilien, runfuliari ; vénét. ronflar ; ce sont, d'après Diez, des onomatopées. On a dit ronchier, qui vient de rhoncare : XIIIe s. Vos me ronchiez lez l'oïe, Cant je dor leis vos costeiz, Arch. miss. scient. 2e série, t. V, p. 240.