« sourdine », définition dans le dictionnaire Littré

sourdine

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

sourdine

(sour-di-n') s. f.
  • 1Épinette d'une espèce particulière, dont les cordes étaient touchées par de petites pièces de bois recouvertes de drap ; ce qui produisait un son sourd et mystérieux. Il y en avait [des épinettes] d'une espèce particulière, dont le son était fort doux, et qu'on appelait à cause de cela sourdines, Fétis, la Musique, II, 16.
  • 2Ce qu'on met à un instrument de musique pour en modifier ou en étouffer le son : un petit morceau de bois qui se place sur le chevalet pour les instruments à cordes ; des pavillons à ouverture et des cônes percés en carton, pour les instruments à vent. Quand une partie d'instrument doit être jouée avec sourdines, on a soin de l'indiquer par ces mots : con sordini.

    Fig. Mettre une sourdine à sa voix, à son ton, à ses prétentions, rendre sa voix moins bruyante, son ton moins haut, ses prétentions moins éclatantes.

  • 3Dans une montre à répétition, ressort qui empêche le marteau de frapper sur le timbre.
  • 4Sonner la sourdine, se disait, à la guerre, d'un son de la trompette quand il fallait marcher à petit bruit.

    De là, sourdine s'est dit pour marche en silence. Comme on ne gagnait rien à cette sourdine imparfaite, la Breteche permit tout le bruit de guerre, Saint-Simon, 29, 85.

  • 5À la sourdine, loc. adv. Sans le bruit qui accompagne ordinairement la marche d'une troupe militaire. Ils en sont décampés à la sourdine, sans trompette, comme ils font assez souvent, Pellisson, Lett. hist. t. III, p. 93.

    Fig. Secrètement. Mais j'ai plus à vous dire : il s'est à la sourdine Marié depuis peu, Hauteroche, le Deuil, 14. C'étaient des concerts entiers de voix et d'instruments qu'il faisait venir de Paris à la sourdine, et qui se déclaraient inopinément, Hamilton, Gramm. 7. Et je prévis bien des ce temps Que votre muse libertine Serait philosophe à trente ans ; Alcibiade en son printemps Était Socrate à la sourdine, Voltaire, Ép. 111, Au marquis de Villette. Le sang de nos martyrs fait des prosélytes ; le troupeau des sages grossit à la sourdine, Voltaire, Lett. d'Alemb. 3 juill. 1773. Elle [Mme de Geoffrin] estimait le baron d'Holbach, elle aimait Diderot, mais à la sourdine, et sans se commettre pour eux, Marmontel, Mém. VII.

  • 6Voltaire en a fait un adjectif féminin. J'ai fait ce que j'ai pu pour les mânes de ce M. de la Creuse, qui s'est tué comme Brutus, pour avoir perdu une commission de tabac ; mais je ne sais si mes représentations sourdines en faveur de cette âme romaine ou anglaise réussiront, Voltaire, Lett. Thiriot, 4 févr. 1737.

HISTORIQUE

XVIe s. Dès la nuict, partans avec la sourdine, ils s'en vont à grandes traittes et en desordre vers Nantes, D'Aubigné, Hist. II, 435. … Et puis à jour couchant en trois coups de sourdine aians chassé par rudesse hommes et femmes du village, sortent, et par petits chemins esquivent une lieue…, D'Aubigné, ib. II, 448. Le Lau, aiant fait sonner la sourdine, perça de sa cavalerie avant jour, D'Aubigné, ib. II, 138.

ÉTYMOLOGIE

Sourd.