« subsister », définition dans le dictionnaire Littré

subsister

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subsister

(sub-si-sté) v. n.
  • 1En parlant des choses, exister encore, continuer d'être. Les trois cents statues de Démétrius de Phalère furent toutes renversées de son vivant même ; et le tableau où le courage de Miltiade était représenté, subsista plusieurs siècles après lui, Rollin, Hist. anc. Œuvr. t. III, p. 155, dans POUGENS. Il est évident que les modes d'une substance ne peuvent point subsister sans la substance qu'ils modifient, Anal. de Bayle, t. III, p. 411. Ces deux grands empires [d'Occident et d'Orient] sont anéantis, et les ouvrages de Virgile et d'Horace et d'Ovide subsistent, Voltaire, L'homme aux quarante écus, Un bon souper. Son livre des synonymes est très utile ; il subsistera autant que la langue, et servira même à la faire subsister, Voltaire, Louis XIV, écrivains, l'abbé Girard. Qu'Oromase, le bienfaisant, et Arimane, le malfaisant, tous deux ennemis mortels, se concilient pour faire subsister ensemble la lumière et les ténèbres, Voltaire, Princ. d'act. 21.

    Il se dit des peuples en un sens analogue. Au lieu que les peuples de Grèce et d'Italie, de Lacédémone, d'Athènes, de Rome, et les autres qui sont venus si longtemps après, ont fini il y a si longtemps, ceux-ci [les Juifs] subsistent toujours, Pascal, Pens. XIV, 4, éd. HAVET.

    Il se dit également des races d'animaux. Les ossements conservés dans le sein de la terre… présentent des espèces d'animaux quadrupèdes, qui ne subsistent plus, Buffon, Min. t. VII, p. 220.

  • 2Se maintenir, conserver sa position, son rang. Un tas d'hommes perdus de dettes et de crimes, Que pressent de mes lois les ordres légitimes, Et qui, désespérant de les plus éviter, Si tout n'est renversé, ne sauraient subsister, Corneille, Cinna, v, 1. Pour subsister en cour c'est la haute science, Corneille, Poly. v, 1. De sorte qu'au lieu que les rois ont une obligation insigne à ceux qui demeurent dans leur obéissance, il arrive, au contraire, que ceux qui subsistent dans le service de Dieu, lui sont eux-mêmes redevables infiniment, Pascal, Lett. à Mlle de Roannez, 5. Je me souviens fort bien qu'ils [les Provençaux] ne se font valoir et ne subsistent que sur les dits et redits, et les avis qu'ils donnent toujours pour animer et trouver de l'emploi, Sévigné, 3 janv. 1689. Ne pouvant subsister sans les soldats, il [l'empire romain] ne pouvait subsister avec eux, Montesquieu, Rom. 16.
  • 3 Fig. Il se dit de toutes les choses qui subsistent idéalement. Ma remarque subsiste. Un trône imaginaire Qui ne peut subsister que par l'heur de vous plaire, Corneille, Sertor. IV, 2. Les fondateurs d'ordres, en établissant l'esprit de retraite, ont prévu que la dévotion et l'esprit d'oraison ne pouvaient subsister sans le silence, Bossuet, Sermons, Instruct. sur le silence, 1. C'est une faute que j'ai laissée subsister trop longtemps, Voltaire, Lett. au pr. roy de Prusse, 15 avr. 1739. Le culte de ces divinités [Apollon et Diane] subsiste dans l'île [Délos] depuis une longue suite de siècles, Barthélemy, Anach. ch. 76.
  • 4En parlant des personnes, vivre et s'entretenir. La priant [la fourmi] de lui prêter [à elle cigale] Quelque grain pour subsister Jusqu'à la saison nouvelle, La Fontaine, Fabl. I, 1. Comme il y a longtemps que vous subsistez sur l'impossible [les dépenses excédant les revenus], il faut prendre encore sur ce fonds miraculeux, Sévigné, 526. Que de pauvres, que de familles ruinées pour la cause de la foi ont subsisté, pendant tout le cours de sa vie, par l'immense profusion des aumônes de la reine ! Bossuet, Reine d'Anglet. Bientôt, pour subsister, la noblesse sans bien Trouva l'art d'emprunter et de ne rendre rien, Boileau, Sat. v. Une muse affamée Ne peut pas, dira-t-on, subsister de fumée, Boileau, Art p. IV. Il est impossible qu'une ville soit bien peuplée si les campagnes ne le sont pas, à moins que cette ville ne subsiste uniquement du commerce étranger, Voltaire, Mœurs, 193. Il [Turenne] brûla, avec le même sang-froid, les fours et une partie des campagnes de l'Alsace, pour empêcher les ennemis de subsister, Voltaire, Louis XIV, 12. Ce peuple [les Zaporaviens] sans femmes et sans famille, subsistant de rapines, entassant leurs provisions dans leurs îles [du Borysthène] pendant l'hiver, Voltaire, Russ. I, 17. Solon donna tous ses soins à ce que chaque citoyen pût subsister de son travail, Condillac, Hist. anc. Lois, ch. 16.

    Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.

HISTORIQUE

XVIe s. Seigneur, si tu prens garde aux iniquitez, qui est-ce qui subsistera ? Calvin, Inst. 646.

ÉTYMOLOGIE

Lat. subsistere, de sub, sous, et sistere, fréquentatif de stare, être debout (voy. STABLE).