« superflu », définition dans le dictionnaire Littré

superflu

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

superflu, ue

(su-pèr-flu, flue) adj.
  • 1Qui est de trop. Des ornements superflus. Un rude hiver achève de dépouiller la princesse Anne de ce qui lui restait de superflu, Bossuet, Anne de Gonz. Elle [Mme d'Aiguillon] donna ce qu'elle avait de superflu…, elle se retrancha de ce que d'autres auraient pris pour nécessaire, Fléchier, Mme d'Aiguillon. L'abondance des choses nécessaires, le mépris des superflues, Fénelon, Tél. v. Ce qui est superflu [dans une pièce de théâtre] est toujours mauvais, Voltaire, Comm. Corn. Rem. Poly. v, 2.

    Terme de botanique (système de Linné). Polygamie superflue, ordre qui comprend des fleurs hermaphrodites au disque et femelles à la circonférence.

    Rimes superflues, celles qui embrassent non-seulement la syllabe consonante tout entière, mais tout ou partie de la syllabe précédente, comme jalousie et Andalousie.

  • 2Inutile. Vous ne vouliez pas me rendre un office superflu, Guez de Balzac, liv. VI, lett. 3. Refusa-t-il à quelqu'un la liberté de lui dire des choses nécessaires ? n'accorda-t-il pas à plusieurs la consolation de lui en dire de superflues ? Fléchier, Lamoignon. N'attirez point sur vous des périls superflus, Racine, Mithr. IV, 4. Que nous servent, hélas ! ces regrets superflus ? Racine, Esth. I, 5. Vous connaissez vos crimes ; Il serait superflu de vous les reprocher, Voltaire, Olymp. v, 6. En toute chose, rien de superflu, Rousseau, Ém. II. Nos longs et lourds convois auraient appesanti notre marche ; il était plus à propos de vivre du pays ; on eût pu l'en dédommager ensuite, mais on fit le mal nécessaire et le mal superflu, Ségur, Hist. de Nap. III, 2.
  • 3 S. m. Ce qui est de trop. C'est [la purgation des capucins] un remède pour ôter le superflu bien superflu, Sévigné, 29 juin 1689. Le point principal n'est pas d'avoir du superflu en hommes, mais de rendre ce que nous en avons le moins malheureux qu'il est possible, Voltaire, Dict. phil. Population. Ces hommes sont quelquefois agités par un superflu de vie dont ils ne savent que faire, Staël, Corinne, XIII, 1.

    Par plaisanterie. Je m'étais amusé dans votre cour à expulser le superflu de la boisson, Molière, Méd. malg. lui, III, 5.

  • 4Ce qui est, pour la vie, au delà du nécessaire. Pour le pourvoir de ce nécessaire qu'il [le pauvre] n'a pas, vous emploierez ce superflu que vous avez, Bourdaloue, 8e dim. après la Pentecôte, Dominic. t. III, p. 103. Les hommes veulent tout avoir, et ils se rendent malheureux par le désir du superflu, Fénelon, Tél. v. Troïle est utile à ceux qui ont trop de bien ; il leur ôte l'embarras du superflu, il leur sauve la peine d'amasser de l'argent, La Bruyère, V. Ô le bon temps que ce siècle de fer ! Le superflu, chose très nécessaire, A réuni l'un et l'autre hémisphère, Voltaire, Mondain. Le superflu devient avec le temps chose très nécessaire, Buffon, Ess. arithm. mor. Œuvr. t. x, p. 135. M. d'Alembert établit pour principe de morale l'obligation de ne pas regarder comme légitime l'usage de son superflu, lorsque d'autres hommes sont privés du nécessaire, Condorcet, d'Alembert. Pendant la paix, il cultive un petit champ qui suffirait à peine aux besoins de l'homme le plus modéré dans ses désirs, et qui procure à Phocion un superflu dont il soulage les besoins des autres, Barthélemy, Anach. ch. 7.

HISTORIQUE

XIVe s. Et dient en tel cas lez expositeurs, que une negacion est superflue, Oresme, Éth. 334. J'entens art humain par science De philosophie et prudence, Qui vienne des mains preparer La matiere, puis separer Le superflu, l'Alch. à nat. 351.

XVe s. Le vray deduit estoit de regarder la belle pucelle qui ordonnée estoit pour le pris ; car tant estoit superflue en toutes exquises beaultez, qu'elle rassasioit tous ceulx qui la regardoient, Perceforest, t. v, f° 88.

XVIe s. Je ne seray point superflu [prolixe] en ramassant ici ce qu'on peut trouver en leurs livres, Calvin, Inst. 1120. L'homme superflu et excessif en s'aimant trop, se va apauvrissant, Lanoue, 172. Quand le peu suffit, le beaucoup devient superflu, Lanoue, 263. Il bannit aussi tous mestiers superflus et inutiles, Amyot, Lyc. 14. Le commun populaire, qui paravant se passoit à peu, en devint superflu, sumptueux et dissolu, Amyot, Péric. 16. Mettre son argent en choses curieuses et superflues, Amyot, Caton, 36. Couper un sixiesme doigt en nombre superflu, Paré, Introd. 2. Polypes, chancres et autres chairs superflues, Paré, ib. Nous avons assez de travail du mal, sans nous travailler à ces regles superflues [touchant la manière de se comporter dans la douleur], Montaigne, III, 201. Tout ce qui est au-delà [des nécessités naturelles] est superflu pour eulx [des peuples sauvages], Montaigne, I, 241.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. superflu ; espagn. et ital. superfluo ; du lat. superfluus, de super, au-dessus, et fluere, couler (voy. FLUER).