« suprême », définition dans le dictionnaire Littré

suprême

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

suprême

(su-prê-m') adj.
  • 1Qui est au-dessus de tout. J'atteste des grands dieux les suprêmes puissances, Corneille, Hor. III, 6. Vous-même, Venir me consoler de ce malheur suprême ! Corneille, Œdipe, v, 3. Amour, par son savoir suprême, Ne l'eut pas fait amant qu'il en fit un héros, La Fontaine, Filles de Minée. Qui est-ce qui s'est acquitté plus dignement de cette suprême magistrature que M. le Tellier ? Fléchier, le Tellier. Du reste il [Apollon] l'enrichit [le sonnet] d'une beauté suprême, Boileau, Art p. Songez-vous… Que j'ai sur votre vie un empire suprême ? Racine, Baj. II, 1.
  • 2Le pouvoir suprême, l'autorité de monarque. Claude vous adopta… Vous appela Néron, et du pouvoir suprême Voulut avant le temps vous faire part lui-même, Racine, Brit. IV, 2. On entend par suprême pouvoir cette autorité raisonnable, fondée sur les lois mêmes et tempérée par elles, Voltaire, Lois de Minos, not.
  • 3L'Être suprême, Dieu. Toute la philosophie de Newton conduit nécessairement à la connaissance d'un être suprême qui a tout créé, tout arrangé librement, Voltaire, Phil. Newt. I, 1.

    Céleste, divin. Suprême majesté [Dieu], qui jettes dans les âmes Avec deux gouttes d'eau de si sensibles flammes, Rotrou, Saint Genest, IV, 7. Souvent la sagesse suprême Sait tirer notre bonheur même Du sein de nos calamités, Rousseau J.-B. Od. II, 4. Lâche et faible instrument des vengeances suprêmes, Voltaire, Fanat. III, 6.

  • 4Dans le style soutenu et dans la poésie, qui appartient aux derniers moments de la vie. L'instant, le moment suprême. Les volontés suprêmes d'un mourant. Vole, et ne trahis point la volonté suprême D'un soudan qui commande et d'un ami qui t'aime, Voltaire, Zaïre, v, 10. Est-il quelque mortel, à son heure suprême, Qui n'expire appuyé sur le mortel qu'il aime ? Delille, Imag. VI. Mais puisque de ces bords, comme elle [l'espérance], tu t'envoles, Hélas ! et que voilà tes suprêmes paroles…, Permets-moi de répondre et de t'interroger, Lamartine, Mort de Socrate.

    Les honneurs suprêmes, les funérailles. Ces montagnes de morts privés d'honneurs suprêmes, Corneille, Pomp. I, 1.

  • 5Au suprême degré, loc. adv. Beaucoup, extrêmement.

    Au suprême, même sens. La faveur de Mme de Maintenon est toujours au suprême, Sévigné, 11 sept. 1680.

  • 6 S. f. Nom donné en Espagne, sous Charles II, au conseil de l'Inquisition. Un arrêt de la suprême (cour sous-entendu).
  • 7La suprême, nom d'un fort bonne poire, qui vient à la fin de l'été, et qui se nomme autrement poire de figue.
  • 8 S. m. Terme de cuisine. Les parties les plus délicates de la volaille, accompagnées d'un coulis. Un suprême de volaille. Je ne vous interrogerai pas sur les fricassées, les blancs-mangers, les suprêmes et autres plats vulgaires qui sont l'A B C du métier, Scribe Et Mélesville, le Secrétaire et le cuisinier, sc. 10.

REMARQUE

1. Suprême est un superlatif et ne prend aucun degré de comparaison. Cependant on l'a construit quelquefois avec si : Flots d'azur…, D'un charme si suprême Que l'incrédule même S'agenouille à leurs bords ! Hugo, Feuill. d'aut. 37.

2. Pautex remarque que dans suprême il n'y a point d's supprimée, et que, prenant dans ses dérivés l'accent aigu (suprématie), il devrait avoir non l'accent circonflexe, mais l'accent grave comme emblème, problème, système, etc.

HISTORIQUE

XVIe s. Quelque supreme plaisir et excessif contentement, Montaigne, I, 69. Cette vertu supreme, belle, triomphante, Montaigne, I, 176.

ÉTYMOLOGIE

Lat. supremus, forme superlative de super, sur, au-dessus.