« susciter », définition dans le dictionnaire Littré

susciter

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

susciter

(su-ssi-té) v. a.
  • 1Faire naître, faire paraître dans un certain temps, en parlant des hommes extraordinaires que Dieu pousse. Il est temps que Dieu suscite des disciples au docteur de la grâce, Pascal, Prov. II. L'impiété s'augmente, et Dieu suscite en Orient un roi plus superbe et plus redoutable que tous ceux qui avaient paru jusqu'alors, c'est Nabuchodonosor, Bossuet, Hist. II, 4. L'expérience nous apprend encore que Dieu suscite de temps en temps des femmes fortes qu'il élève au-dessus des faiblesses ordinaires de la nature, Fléchier, Mme de Mont. Ces hommes célèbres par leurs lumières que Dieu suscite dans les besoins de son Église, Massillon, Carême, Mélange.

    Il se dit des choses en un sens analogue. Dans le temps de ces royaumes, le Dieu du ciel suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit, Sacy, Bible, Daniel, II, 44. Ils [les hommes pieux qui s'irritent contre les obstacles à la piété] croient rendre service à Dieu en murmurant contre les empêchements, comme si c'était une autre puissance qui suscitât leur piété et une autre qui donnât vigueur à ceux qui s'y opposent, Pascal, Lett. à M. Périer, 1661. Dieu suscita le bras du puissant Saladin, Voltaire, Zaïre, I, 2.

    En termes de l'Écriture, susciter lignée à son frère, faire revivre le nom de son frère mort sans postérité, en épousant sa veuve ; ce qui était d'usage chez les Juifs. La femme du mort n'en épousera point d'autre que le frère de son mari, qui la prendra pour femme et suscitera des enfants à son frère, Sacy, Bible, Deutéron. XXV, 5.

  • 2En un sens défavorable, faire naître ce qui peut nuire, troubler, accabler. Va, dangereux ami que l'enfer me suscite, Ton damnable artifice en vain me sollicite, Corneille, Théod. v, 3. Achaz, roi de Juda, impie et méchant… au lieu de recourir à Dieu qui lui suscitait ces ennemis pour le punir, Bossuet, Hist. I, 7. Les prières séditieuses, par lesquelles nous avons vu qu'il [Luther] savait si bien animer le monde, et susciter des exécuteurs à ses prophéties, Bossuet, Var. x, 54. En profanant par le péché le sang de Jésus-Christ, et en le suscitant contre nous, Bourdaloue, Exhort. sur le Jugem. du peuple contre J. C. t. II, p. 58. Molière eut des ennemis cruels, surtout les mauvais auteurs du temps, leurs protecteurs et leurs cabales : ils suscitèrent contre lui les dévots, Voltaire, Vie de Molière. Diderot me suscita quelque tracasserie, Rousseau, Confess. IX. Les ennemis de Périclès l'accusèrent de l'avoir suscitée [la guerre du Péloponnèse], Barthélemy, Anach. Introd. part. 2, sect. 3.

    On dit à peu près dans le même sens : Sa gloire, son mérite lui a suscité bien des envieux, etc.

HISTORIQUE

XIIe s. … por Dieu, le fil Marie, Qui suscita le mort en Betanie, Raoul de C. 207.

XIIIe s. Après nous les convient giter [les pierres, nous, Deucalion et Pyrrha] Por nos lignages susciter, la Rose, 17836.

XIVe s. Il commença à querre matiere de guerre suscitier, Bercheure, f° 14.

XVIe s. Je susciterai sur mes brebis un pasteur, assavoir mon serviteur David, Calvin, Instit. 253. Ses amis allerent enhortant et suscitant le peuple assistant de croire à ce qu'il avoit dit, Amyot, Solon, 11. Valerius remonstra qu'il seroit trop dangereux de donner occasion et moyen de susciter quelque nouvelleté à une tourbe de peuple pauvre, Amyot, Public. 3. Susciter à quelqu'un des procès et des querelles, Amyot, Thém. 8. Eunus, celuy qui suscita le premier la guerre des serfs en la Sicile…, Amyot, Sylla, 74. Petilius ayant esté suscité par Caton pour luy demander [à Scipion] compte de l'argent…, Montaigne, II, 47.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. et espagn. suscitar ; ital. suscitare ; du lat. suscitare, de susum, en haut, et citare, appeler (voy. CITER).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

SUSCITER. Ajoutez :
3 V. réfl. Se susciter, se lever, apparaître. Que les ombres de nos neveux se suscitent, se forment et se montrent, Diderot, Lett. IV à Falconet, t. XVIII, p. 116, éd. Assézat.