« taille », définition dans le dictionnaire Littré

taille

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taille

(tâ-ll', ll mouillées, et non tâ-ye) s. f.
  • 1Tranchant d'une épée. Il y avait des épées longues et sans pointe, qui ne servaient qu'à frapper de taille, comme étaient celles des Gaulois, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. XI, 1re part. p. 381, dans POUGENS. Ils frappent de pointe et de taille, à droite, à gauche, Voltaire, Zadig, 19.

    Arme de taille, arme blanche qui agit du tranchant ; ne s'emploie guère que dans l'expression : arme d'estoc et de taille, celle qui agit de la pointe et du tranchant.

    D'estoc et de taille, de la pointe et du tranchant.

    Fig. Qui d'estoc et de taille étrillent les auteurs, Régnier, Sat. X. N'importe, parlons-en [d'une bataille] et d'estoc et de taille Comme oculaire témoin : Combien de gens font-ils des récits de bataille Dont ils se sont tenus loin ! Molière, Amph. I, 1.

    À la taille, se disait autrefois d'un homme dont la tête était mise à prix. Pour sauver un homme qui aura sa tête à la taille, je me mettrai en danger d'y mettre la mienne, Malherbe, le Traité des bienf. de Sénèque, IV, 12.

  • 2Manière dont on coupe certaines choses. La taille de cet habit ne vaut rien.

    Habit galonné sur les tailles, habit galonné sur tous les endroits où il est taillé, sur toutes les coutures. Un temps fameux par cent batailles Mit du galon sur bien des tailles, Béranger, Vieux habits.

    Taille des arbres, opération dans laquelle on coupe aux arbres fruitiers des bourgeons ou des branches, à l'effet de leur donner une forme particulière, de leur faire produire chaque année des fruits, ou de maintenir entre les diverses parties un certain équilibre. La taille fixe principalement l'attention des vignerons, Barthélemy, Anach. chap. 59.

    Taille en vert, taille qui se fait tant qu'il y a du vert sur les arbres, par opposition à taille d'hiver.

    Taille des ruches, opération par laquelle on enlève aux abeilles le superflu de leur miel et de leur cire.

    Manière dont on coupe une plume pour écrire. La taille de cette plume ne vaut rien.

  • 3Particulièrement, manière dont on coupe la pierre, le bois avec art et selon certaines dimensions. La taille des pierres. La chaux carbonatée grossière est employée pour les constructions ; la solidité de quelques-unes de ses variétés et la facilité qu'on trouve à la taille lui donnent un grand avantage, Brongniart, Traité de min. t. I, p. 206.

    Terme de marbrier. Taille brute, dressage préliminaire. Taille apparente, taille faite pour profiler ou élégir. Taille d'épaisseur, équarrissage.

    Pierre de taille, toute pierre, dure ou tendre, qu'on a dressée avec l'instrument. La pierre de taille se vend à la voie à Paris, Genlis, Maison rust. t. I, p. 22, dans POUGENS.

    Fig. À peine me fus-je expliqué, que le pauvre homme [Fontanieu] se prit à respirer tout haut, comme si on lui eût ôté une pierre de taille de dessus l'estomac, Saint-Simon, 508, 206.

  • 4 Terme de métallurgie. Taille de fonderie, plan sur lequel glissent les tenailles.
  • 5 Terme de houilleur. Chemin pratiqué dans une veine de houille, dans un massif de minerai.

    Chargeur à la taille, celui qui charge le charbon extrait par l'ouvrier à la veine.

    Se dit d'une méthode d'extraction qui consiste à placer un certain nombre d'ouvriers de front suivant toute la longueur d'un massif.

  • 6Manière dont on travaille les pierres précieuses. Un lapidaire qui entend bien la taille du diamant, des diamants. On en demandait quatre millions [du diamant dit plus tard le Régent] ; mais, faute d'acheteurs, on le donna pour deux, et de plus les rognures qui sortirent de la taille, Duclos, Œuv. t. v, p. 323.

    Taille en rose, voy. DIAMANT.

    Taille en brillant, taille dans laquelle on a un diamant à pointes, ou on le ramène à cette forme : on abat un peu plus de la moitié de la hauteur de sa pointe ou pyramide carrée qui est au-dessus, on abat environ un demi-quart de la hauteur de la pyramide d'en dessous, et alors la lumière, entrant par la grande face que l'on a faite en dessus, allant frapper le fond formé par la petite face, revient en avant, puis, traversant les faces de côté, éprouve l'action connue sous le nom d'effet prismatique.

  • 7 Terme de gravure. Incision faite avec le burin dans le cuivre ou dans toute autre matière. Ce sont les secondes et troisièmes tailles qui donnent à la peau sa mollesse, Diderot, Salon de 1765, Œuv. t. XIII, p. 359, dans POUGENS.

    Taille-douce, gravure faite sur une planche de cuivre avec le burin seul, sans le secours de l'eau-forte. Cet ouvrage [de Tournefort], qui a conservé sa première forme de lettres adressées à M. de Pontchartrain, aura 200 planches en tailles-douces, très bien gravées, de plantes, d'antiquités, Fontenelle, Tournefort. Il [Louis XIV] donna mille louis à Benserade pour faire graver les tailles-douces de ses Métamorphoses d'Ovide en rondeaux, Voltaire, Louis XIV, 25. Dans la taille-douce, tout est éclairé, le travail introduit l'ombre et la nuit, Diderot, Salon de 1765, Œuv. t. XIII, p. 361. Une seconde opération du citoyen Gengembre, opération que je n'hésite pas à qualifier de découverte, fut la multiplication des planches pour la gravure en taille-douce, Camus, Instit. Mém. litt. et beaux-arts, t. III, p. 476. Anciennement, taille-douce était un terme d'orfévrerie, et signifiait la gravure au burin et en hachure sur les pièces de vaisselle ; ni Robert Étienne, en 1539, ni Jean Nicot, en 1606, n'ont admis cette expression ; Monet, en 1635, la prend encore dans le sens de travail d'orfévrerie, sans application à l'expression : tailler en taille-douce ; c'est dans le XVIIe siècle seulement qu'on distingua, dans le commerce des estampes, les épreuves de la gravure en taille-douce de celles que fournissent les travaux de la pointe sèche, les eaux-fortes et les tailles de bois en relief, De Laborde, Émaux, p. 510.

    Taille de bois, gravure qui se fait sur une planche de bois.

    Taille-douce se dit aussi de l'estampe tirée sur une taille-douce. Les tailles-douces n'étant faites que d'un peu d'encre, Descartes, Dioptr. 4. La taille-douce que Charron mit au-devant du livre de la Sagesse, peut donner matière à des réflexions ; il semble que ce soit une figure favorable aux pyrrhoniens, Anal. de Bayle, t. IV, p. 190.

    Taille de bois, estampe tirée sur une planche de bois.

  • 8 Terme de monnaie. Division d'un marc d'or ou d'argent en une certaine quantité de pièces égales. Les louis étaient à la taille de trente au marc.
  • 9 Terme de chirurgie. Opération par laquelle on extrait les calculs formés dans la vessie. Le duc d'Estrées périt avant cinquante ans de l'opération de la taille, Saint-Simon, 59, 248. Les médecins et chirurgiens, ayant su qu'il [un condamné à mort] était incommodé de la pierre, présentèrent [en 1474] une requête que plusieurs personnes étaient travaillées du même mal ; qu'il était fort douteux que l'opération de la taille pût leur sauver la vie ; mais qu'on pouvait en faire l'épreuve sur un criminel, Duclos, Œuv. t. III, p. 51.
  • 10Bois coupé qui commence à repousser. Une jeune taille. Une taille de deux ans.
  • 11Longueur du corps humain de la plante des pieds au vertex, ainsi dite parce que, en idée, le corps est supposé avoir été taillé à une certaine dimension. Une riche taille. Comme, d'après Quételet, l'homme continue à croître depuis vingt ans jusqu'à vingt-cinq ans et même trente ans d'environ 12 à 15 millimètres, la taille moyenne du Français [homme] dont la croissance est achevée, serait de 1655 millimètres. Ma taille est deux ou trois doigts au-dessous de la médiocre, Voiture, Lett. 78. Un fantôme pareil, et de taille et de face, Tandis que vous fuirez, remplira votre place, Corneille, Médée, IV, 6. Petit de taille, noir, le regard un peu louche, Corneille, Œdipe, IV, 4. Ils [les Apuliens] sont presque de la taille des géants, Fénelon, Tél. X. On a exagéré la grandeur des Patagons, qui habitent vers le détroit de Magellan ; mais on croit que c'est la nation de la plus haute taille qui soit sur la terre, Voltaire, Mœurs, 146. La grande taille pour les hommes est depuis cinq pieds quatre ou cinq pouces jusqu'à cinq pieds huit ou neuf pouces… la taille médiocre est depuis cinq pieds ou cinq pieds un pouce, et la petite taille est au-dessous de cinq pieds, Buffon, Hist. nat. hom. Œuv. t. IV, p. 328. Le duc d'Orléans était d'une figure agréable, d'une physionomie ouverte, d'une taille médiocre, mais avec une aisance et une grâce qui se faisait sentir dans toutes ses actions, Duclos, Œuv. t. V, p. 195.

    Fig. Ils nous feront une France à leur taille ; Pour ces laquais comptons trois mille francs, Béranger, 10 000 francs. Les rois fuyaient ; les rois n'étaient pas de sa taille [de Napoléon], Hugo, Crépusc. 2.

    Absolument. Ne pas avoir la taille, ne pas avoir la taille exigée pour le service militaire.

    Être de taille à, être assez grand, assez fort pour. Et le mâtin était de taille à se défendre hardiment, La Fontaine, Fabl. I, 5.

    Fig. Je ne suis de taille ni d'humeur à pouvoir d'une belle essuyer la froideur, Molière, Mis. III, 1. Ce n'est pas que nous manquions de postulants pour s'enrôler, mais il ne sont pas de taille, D'Alembert, Lett. à Voltaire, 21 mars 1776. Les partis ont un merveilleux instinct pour découvrir et pour perdre les hommes de taille à les combattre, Chateaubriand, Stuarts, De l'ouverture du long parlement.

    Il se dit, dans le langage familier, de la longueur de toute sorte d'objets. Le papier et mon écriture la font paraître [cette lettre] d'une taille excessive, Sévigné, 3 juill. 1677.

  • 12Il se dit de la hauteur et grosseur des animaux. Une grenouille vit un bœuf Qui lui sembla de belle taille, La Fontaine, Fabl. I, 3. La taille de nos animaux quadrupèdes n'approche pas de celle de l'éléphant, du rhinocéros, de l'hippopotame ; nos plus gros oiseaux sont fort petits, si on les compare à l'autruche, au condor, au casoar, Buffon, Quadrup. t. II, p. 7.

    En vétérinaire, la taille des animaux se mesure du point le plus élevé du garrot au sol.

    Un cheval entre deux tailles, un cheval d'une taille médiocre. VERBE :

    De toutes tailles bons lévriers.

  • 13Particulièrement, conformation du corps depuis les épaules jusqu'à la ceinture. Son habit lui prend bien la taille. Outre que sa taille ronde ne lui permettait pas même de monter sur un âne, quand on en aurait pu trouver d'assez forts pour la porter, Scarron, Rom. com. II, 10. J'ai bon air, bonne mine, Les dents belles surtout, et la taille fort fine, Molière, Mis. II, 1. Quelle joie de vous voir belle et de belle taille ! Sévigné, 9 mars 1672. Elle avait la plus jolie taille du monde, Hamilton, Gramm. 7. Labranche : Tu peux te servir de ceux [des habits] de mon maître… Qui, justement, tu es à peu près de sa taille. - Crispin : Peste ! il n'est pas mal fait, Lesage, Crispin rival, 3. Cette taille, comme elle est bien prise ! Marivaux, Pays. parv. 1re part. Menues plutôt que bien faites, elles [les Parisiennes] n'ont pas la taille fine ; aussi s'attachent-elles volontiers aux modes qui la déguisent, Rousseau, Hél. II, 21. Elles se tenaient de manière que leurs bras étaient entrelacés autour de leurs tailles, Genlis, Ad. et Th. t. I, p. 431, dans POUGENS. Quoiqu'elle ait une taille un peu longue et l'habitude, à quarante-cinq ans, de porter des corps bien baleinés, Genlis, ib. t. I, p. 29.

    Cette femme n'a point de taille, elle est grosse et courte. Elle n'avait point de taille, encore moins d'air, Hamilton, Gramm. 6.

    Nom donné, dans quelques provinces, au corsage, en parlant de robes de femmes.

  • 14 Terme de boulangerie et de boucherie. Petit bâton divisé en deux parties qui se rapportent et sur lesquelles le vendeur et l'acheteur font des coches ou petites entailles, pour marquer la quantité de pain, de viande fournie et reçue. Prendre à la taille le pain chez le boulanger. Les tailles corrélatives à leurs échantillons font foi entre les personnes qui sont dans l'usage de constater ainsi les fournitures qu'elles font, Code civ. art. 1333.

    Jouer à la taille, se dit de joueurs qui, au lieu de se payer à la fin de chaque partie, notent les pertes et les gains et ne règlent entre eux qu'après un temps plus ou moins long.

  • 15Sous l'ancienne monarchie, imposition qu'on levait sur les personnes qui n'étaient pas nobles ou ecclésiastiques, ou qui ne jouissaient pas de quelque exemption (on disait la taille ou les tailles). Feu ma mère m'amena petit garçon à Paris, pour me retirer des champs où la guerre et la taille font trop et trop de désordres, Patin, Lett. t. II, p. 282. Il est seigneur de la paroisse où ses aïeux payaient la taille, La Bruyère, VI. Ce mot de taille venait de l'usage des collecteurs, de marquer sur une petite taille de bois ce que les contribuables avaient donné, Voltaire, Mœurs, 84.

    Taille personnelle, celle qui se levait sur chaque personne taillable. Taille réelle, celle qui se levait sur les terres et les possessions taillables. Il [l'abbé de Saint-Pierre] travailla beaucoup pour délivrer la France de la tyrannie de la taille arbitraire, Voltaire, L. XIV, écrivains, St-Pierre. Indépendamment de la taille réelle et de la taille d'exploitation, qu'on peut répartir d'après des principes fixes, il existe encore une taille appelée personnelle et qui dépend non de la propriété territoriale, mais des autres facultés des contribuables, Necker, Compte rendu au roi, janv. 1781, p. 67. La taille entraînait, quand elle était personnelle, c'est-à-dire perçue sur les facultés présumées des contribuables, une série d'inquisitions et d'injustices qui devenaient insupportables pour tout paysan un peu aisé, Lavergne, Rev. Deux-Mondes, 15 avril 1867, p. 978.

    Taille jurée, celle que le seigneur imposait sans s'enquérir de la valeur des biens des habitants, par opposition à taille abonnée, par laquelle on se rédimait au prix d'une somme fixe.

  • 16Au pharaon, au vingt-et-un, se dit de la série complète des coups qui se suivent, jusqu'à ce que le banquier ait retourné toutes les cartes du jeu qu'il a dans la main. En faveur du mariage jouons quelques reprises de lansquenet, ou quelques tailles de pharaon, Dancourt, Dér. du pharaon, sc. 25. Elle fit donner un siége et un jeu de cartes à Candide, qui perdit cinquante mille francs, en deux tailles, Voltaire, Candide, 22.
  • 17 Terme de musique. Autrefois, partie vocale intermédiaire entre la basse et la haute-contre. Il chantait une méchante taille aux trios, du temps qu'on en chantait, Scarron, Rom. com. I, 5.

    Fig. L'humilité chante la basse, disait-il, et l'ambition chante le dessus ; la colère fait la taille, et la vengeance la contre-taille, la modestie tient le tacet, la prudence bat la mesure et conduit le concert, Francion, liv. II, p. 474.

    Taille, nom qu'on donnait autrefois en France à la voix de ténor, Fétis, Dict. de musique, taille.

    C'est une bonne taille, une belle taille, se disait d'un homme qui a une belle voix de taille.

    Haute taille, voix qui approche de la haute-contre.

    Basse-taille, c'est le ténor grave. On distinguait les tailles élevées et les basses-tailles ; on donne aujourd'hui ce dernier nom à toutes les basses profondes, plus spécialement désignées au siècle dernier sous le nom de basses-contre. Elle aimait fort honnêtement un brave musicien qui avait une très belle basse-taille, Voltaire, Les deux consolés.

  • 18Basse-taille, en termes de sculpture, se dit des figures de peu de saillie exécutées sur le marbre, sur la pierre, le bronze, etc. On dit maintenant bas-relief. Ses pères sont représentés par des médailles jusqu'à saint Louis ; toutes ses victoires, par des basses-tailles, couvertes comme sous des tentes dont les coins sont ouverts, et portés par des squelettes, dont les attitudes sont admirables, Sévigné, à Bussy, 10 mars 1687.
  • 19Taille haute, taille basse, certains gestes de la danse des bouffons (Dict. de danse, 1787).

HISTORIQUE

XIIIe s. Tuit li pavement du palais et des chambres sont tuit d'or, de pierres de taille espesse bien deux doie [doigts], Marc Pol, p. 539. Se il [des usagers] vuelent fou [du hêtre] pour airdoir, il convient qu'il le prangnent tout à taille et à aire, gros et graille, einsi con il vient, Bibl. des ch. 6e série, t. III, p. 567. Taille et tonlieus [elle] assist au païs par maistrie, Berte, LX. La clartez de la nuit ne souffist pas à ouvrer de leur mestier, car leur mestier est de taille, Liv. des mét. 156. Renart maudit la chevauchiée Qui sor lui a fet itel taille ; Fuiant s'en torne, Ren. 20523. Si i avoit trestout à taille De riches pierres grant plenté [quantité] Qui moult rendoient grant clarté, la Rose, 1072. … Tant orent aise Qu'oublié orent la destresce, Et chanta chacuns de leesce ; Quar povres qui a bien sanz faille, Met tout le mal à la viez taille, Rutebeuf, II, 203.

XIVe s. Et sans espandre ou baillier vostre argent chacun jour, vous pourrez envoier maistre Jehan au bouchier, et prendre char sur taille, Ménagier, II, 4. Et seront tailliés [les parisis] de taille de recours, sans fors et sans foible, Ordonn. 25 sept. 1327. Punicion et correccion des fais perpetrés et avenus, en ladite ville et taille [territoire] d'icelle, Du Cange, tallia.

XVe s. Et devisoit au maistre de ses ouvriers de taille [sculpture] et de peinture… à faire nouvelles images et peintures, Froissart, III, IV, 14. Il estoit chaussetier, et gens de telle taille l'ont [credit] quant ilz [les gens d'une commune] sont ainsi desordonnez, Commines, VI, 7. Par ceste exemple… puet estre clerement entendue la forme et la taille d'un lay à tous ceulx qui les vourront faire, Deschamps, Poésies mss. f° 400. Uns tableaux d'ivoire, en deux pieces, où il y a plusieurs ymages de haute taille très deliéement ouvrées de plusieurs histoires, De Laborde, Émaux, p. 510.

XVIe s. Deux coupes d'argent vermeil doré, de taille douce, pesant ensemble sept marcs quatre onces, De Laborde, ib. Car mieulx nous vaut, soit d'estoc ou de taille, Se defendant, mourir en la bataille, Marot, J. V, 75. Dont pour ce coup Françoys eurent conqueste, Car à l'assault plusieurs misrent à taille, Marot, J. V, 95. Voyla com d'Alvian desiroit la bataille, Pensant en sa musique faire la contre et taille, Mais luy et tout le camp se trouverent deceuz, Quant oultre leur vouloir le roy fist le dessus, Marot, J. V, 118. Larges fossez, à fons de cuve et taille, Tous remplis d'eau, boulevars et renfors, Marot, J. V. 148. Taille seigneuriale [loyaux-aides ou aides en 4 cas] est le double des redevances, Loysel, 909. La plus grande violence des barbares consistoit en coups de taille de leurs espées, Amyot, Cam. 68. Où le desbat [entre Charles-Quint et François Ier] n'estoit que à taille, il [Clément VII] le mettait à poincte, Bonivard, Source de l'idolâtrie, p. 90. [Les loups] Semblent se faire honneur, qui premier de la taille [taillis] Sortiroit, pour fuïr la meute qui l'assaille, Plaisir des champs, p. 283. Un homme de petite taille, plein de vigueur, Montaigne, II, 17. À vieil compte nouvelle taille, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 149.

ÉTYMOLOGIE

Voy. TAILLER ; wallon, teie, coupure ; provenç. talha, incision, impôt, forme, façon ; catal. talla ; espagn. taja, tala, talla ; portug. talha ; ital. taglia. Championnière, De la propriété des eaux courantes, p. 496, sépare taille, impôt, des autres significations, et pense qu'il représente le latin talia (de talis, choses semblables), les rédacteurs d'actes mettant souvent his talia, ou alia talia, à la suite d'énumérations de prestations. Scheler sépare aussi du reste taille, impôt, le tirant d'un type fictif tacula, qui dérive du bas-lat. tacus, imposition. Mais taille, impôt, ne paraît pas être autre chose que l'extension de la taille usitée dans certains commerces où l'on fait des coches pour marquer ce qui est dû.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

TAILLE. Ajoutez :
20Dans la verrerie, manière de tailler le cristal. Depuis les tailles qui se rapprochent plus ou moins de la taille courante jusqu'aux tailles les plus riches, Enquête, Traité de comm. avec l'Anglet. t. VI, p. 570.

Taille courante, taille qui consiste en une côte plate ou une olive dans le bas des pièces, et une simple côte plate sur le col et sur l'épaulement des articles fermés, ib. p. 569.

21Papier taille-douce. Le papier dit taille-douce, le seul des papiers de tenture qui n'ait droit à aucune déduction, est un papier commun, sans enduit et dont les dessins sont obtenus par la pression d'une planche gravée en creux, tandis que, pour les autres papiers de tenture, les dessins s'obtiennent au moyen de lames de cuivre en relief sur la planche à imprimer ; la transparence du fond, aussi bien que les dessins du papier taille-douce, le fait distinguer aisément, Douanes, Tarif de 1877, note 564.