« tardif », définition dans le dictionnaire Littré

tardif

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

tardif, ive

(tar-dif, di-v') adj.
  • 1Qui ne se hâte pas assez, avec un nom de personne. Ô remède trop lent ! ô filles trop tardives, Rotrou, Hercule mour. IV, 1. Un Turenne qui, plus tardif en apparence, n'en était que plus sûr du succès, Massillon, Or. fun. Louis le Grand. L'impétueux Turnus, avide de combats, De sa troupe tardive a devancé les pas, Delille, Én. IX. Némésis, la tardive déesse, Qui frappe le méchant sur son trône endormi, Chénier, à Charlotte Corday.

    Tardif à. Ô cœurs pesants et tardifs à croire non ce qui est écrit par les prophètes, mais ce qui a été promis par Jésus-Christ même, Bossuet, 1re instr. past. 37.

  • 2 Poétiquement. Qui vient le soir. [Si j'étais étoile] Je viendrais chaque nuit, tardif et solitaire, Sur les monts que j'aimais briller près de la terre, Lamartine, Médit. II, 8.
  • 3Lent, en parlant de choses. Nestor le reconnaît et se hâte, mais d'un pas pesant et tardif, de l'aller recevoir, Fénelon, Tél. X. [La justice divine] … n'en est pas moins redoutable Pour être tardive à punir, Rousseau J.-B. Odes, I, 4. Ils n'obéissent jamais mieux que quand ils vont à pas tardifs, Montesquieu, Esp. v, 10. Si ta voile tardive attend ici l'aurore, Bientôt tu la verras armer tous ses vaisseaux, Te suivre, t'arrêter, t'attaquer sur les eaux, Delille, Én. IV.
  • 4Qui vient tard, trop tard, avec un nom de chose. Une occasion si tardive à s'offrir, Mairet, Solim. I, 2. Les sermons du P. Bourgoing n'étaient pas le fruit de l'étude lente et tardive, Bossuet, Bourgoing. Il [M. de Montausier] savait qu'une charité tardive, selon les Pères de l'Église, avait plus d'avarice que de piété, Bossuet, Duc de Mont. Ô soins tardifs et superflus ! Racine, Phèdre, V, 6. Je fixai à cet instant la tardive époque de mon retour à mes devoirs, Rousseau, Hél. v, 9. La nuit est tardive à leur impatience, Chénier M. J. Charles IX, IV, 3.
  • 5Qui se forme, se développe lentement. Ces sortes d'esprits sont tardifs. À la campagne et dans le pauvre peuple, les enfants sont plus tardifs, parce qu'ils sont mal et trop peu nourris ; il leur faut deux ou trois années de plus, Buffon, Hist. nat. Hom. Œuv. t. IV, p. 238.

    Arbre tardif, arbre qui arrive tard à son plein développement. Bon, disais-je en moi-même, les arbres tardifs sont ceux qui portent les meilleurs fruits, Molière, Mal. imag. II, 6.

    En un autre sens, arbre tardif, arbre qui donne des fruits tardifs.

  • 6En parlant des fruits, qui mûrit tard. Cerises, pêches, poires tardives.

    Fig. Jeune et brillant héros, dont la haute sagesse N'est point le fruit tardif d'une lente vieillesse, Boileau, Disc. au roi.

    Se dit en parlant de plantes qui fleurissent tard comparativement à d'autres.

    Terrain tardif, terrain où les productions sont lentes à venir.

    Agneaux, perdreaux, poulets tardifs, ceux qui naissent après les autres.

HISTORIQUE

XIIe s. Dedans quatorze jors viendront li plus tardif, Sax. XXIV.

XIIIe s. Pere, por Diu, car te haster ; Trop es tardius d'à Diu aler, Gui de Cambrai, Barl. et Jos. p. 160. Cascuns par soi bien le semont, Qu'il face con loiaus amis, Et del retor ne soit targis, Partonop. v. 2024. Tu ne daigneras ouir leur complainte, car trop sera tardive, Psautier, f° 69. Si est l'orine espesse, et li pous sera tardius, Alebrand, f° 10.

XIVe s. Quant est as infortunes, l'en doit estre perecheux et tardif de appeler ses amis, Oresme, Éth. 290.

XVIe s. Combien chacune [étoile] est hastive ou tardive à faire son cours, Calvin, Instit. 16. Nous avons l'esprit tardif et hebeté, Calvin, ib. 100. Mais tu es Dieu pitoyable… Tardif à estre irrité, Marot, IV, 304. Tant les saisons sont tardifves en ces quartiers là, Amyot, Lucull. 60. Le sang devient espais, tardif et congelé, Paré, XXII, 8. En nostre siecle, elles [les femmes] reservent plus communement à estaler leurs bons offices et la vehemence de leur affection envers leurs maris perdus… tardif tesmoignage et hors de saison, Montaigne, III, 177. Ce roi [Charles IX]… juste harquebusier, Giboyoit aux passans trop tardifs à noyer, D'Aubigné, Tragiques, les Fers. Encor esclorrez-vous, fleurs si franches, si vives, Bien que vous paroissiez dernieres et tardives, D'Aubigné, ib. les Feux.

ÉTYMOLOGIE

Dérivé de tard ; wallon, tâdrou, tardif, tadrow, tardive ; Berry, tardi ; provenç. tardiu ; espagn. tardio ; ital. tardivo.