« taxer », définition dans le dictionnaire Littré

taxer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

taxer

(ta-ksé) v. a.
  • 1Régler, limiter le prix des denrées, des marchandises. Taxer le prix du pain. Taxer la viande.

    Fig. Il importe de ramener tout ce que nous faisons au motif qui l'a produit, et de taxer toutes nos actions dans notre cœur même, Massillon, Carême, Confess.

    Régler les frais de justice. Taxer des vacations.

    Terme de procédure. Fixer les frais de justice faits dans un procès, une faillite.

  • 2Faire une imposition soit en deniers, soit en denrées. Je reçois un arrêt du conseil d'en haut de M. l'abbé Tribolet, qui me taxe à donner aux pauvres de mes villages vingt boisseaux de blé par mois, Sévigné, à Mme de Guitaut, 4 févr. 1694. Du jour où la nation permit aux rois d'établir un impôt général sans son concours, et où la noblesse eut la lâcheté de laisser taxer le tiers état pourvu qu'on l'exceptât elle-même…, Tocqueville, l'Anc. régime et la révol. II, 10.

    Taxer d'office, régler par autorité supérieure et extraordinaire la taxe qu'un taillable devait payer. Comme sa taxe avait été portée trop haut, l'intendant la diminua et le taxa d'office.

    Fig. Ainsi on taxe son jeu et ses plaisirs pour les pauvres : on les fait entrer en société de son gain, Massillon, Carême, Vérit. culte. Il [Épaminondas] leur disait : Sphrodias a une fille en âge d'être mariée ; il est trop pauvre pour lui constituer une dot ; je vous ai taxés chacun en particulier suivant vos facultés, Barthélemy, Anach. ch. 5.

  • 3Accuser quelqu'un d'un défaut, d'un tort, soupçonner. Cicéron le taxe [Épicure] de cela [avoir méprisé les lettres] et particulièrement du peu d'estime qu'il faisait de la dialectique, La Mothe le Vayer, Vertu des païens, II, Épicure. M. Chapelain dit que taxer ne doit point être banni du beau langage ; M. de la Mothe le Vayer est du même sentiment ; il ajoute que c'est une pure imagination de dire que taxer pour noter et même pour accuser ne doit plus être employé dans le beau style, Vaugelas, Rem. not. Th. Corn. t. I, p. 371, dans POUGENS. Je m'offre à vous y servir, puisqu'il m'en a déjà taxée, Molière, G. Dand. I, 7. Le commissaire : Comment ? vous croyez donc qu'un homme de justice ?… - Sganarelle : Ce que j'ai dit n'est pas pour taxer votre office, Molière, Éc. des mar. III, 5. Les remontrants avaient déclaré que des hommes de grand nom et de grande réputation dans la réforme avaient établi des choses qui ne convenaient pas avec la sagesse de Dieu ; ces grands hommes qu'ils voulaient taxer étaient les auteurs de la réforme, Calvin, Bèze…, Bossuet, Var. XI. Tubéron avait taxé de crime la conduite de ceux qui avaient porté les armes contre César, Rollin, Traité des Ét. III, 3.

    Absolument. Je ne taxe personne, je ne fais tomber sur personne le soupçon, le reproche dont il s'agit.

  • 4Se taxer, v. réfl. Fixer la somme qu'on veut donner. Ces sages sénateurs avaient quelquefois pour le peuple une juste condescendance, comme lorsque dans une extrême nécessité non-seulement ils se taxèrent eux-mêmes plus haut que les autres, ce qui leur était ordinaire, mais encore qu'ils déchargèrent le menu peuple de tout impôt, Bossuet, Hist. III, 6. Dans quelques pays, les moines s'y étant emparés des dîmes au préjudice des curés, les paysans ont été obligés de se taxer eux-mêmes pour fournir à la subsistance de leurs pasteurs, Voltaire, Dict. phil. Impôt.
  • 5S'accuser soi-même. Il s'est taxé de trop d'indulgence.

    S'accuser réciproquement. Ils se taxent de mauvais procédés.

REMARQUE

Quelques-uns disent encore ce méchant mot : Il m'a taxé en ma réputation. Il faut dire : il a maltraité ma réputation ; ce mot de taxé ne vaut rien dans cet endroit, Marg. Buffet, Observ. p. 65, 1668. Cette remarque n'a plus de place aujourd'hui.

HISTORIQUE

XIIIe s. Desquels la value jugeons et taussons à la somme de…, Du Cange, taxare. Et taxa on les despens à cent mil livres de tournois à reprendre dedens cinq ans, Chr. de Rains, p. 223. Quant il fet ses establissemens, il tauxe l'amende, Beaumanoir, XLIX, 4.

XVe s. Le comte de Vuarvich par pitié fut respité de la mort, et tauxé à telle penitence que je vous diray, Froissart, IV, p. 293.

XVIe s. Et qu'il ne payeroit rançon, fors que il meismes se voudroit tauxer, Menard, Hist. de Guesclin, p. 298, dans LACURNE. Taxant et maudissant par cris desesperez Les astres sans raison contre lui conjurez, Desportes, Angelique, 1. … pour un prix d'argent qu'il leur taxa, Amyot, Caton, 43. Ce neantmoins encore ne peut il pas eviter que ses malveuillans ne l'en taxassent et blasmassent, Amyot, Pomp. 4. Ce que j'ay dit n'est pas pour taxer ceux de qui j'ay parlé, la vertu desquels j'ay tousiours grandement admirée, Lanoue, 611.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. taxar ; espag. tasar ; portug. taixar ; ital. tassare ; du lat. taxare, taxer, blâmer, proprement toucher souvent, fréquentatif de tagere pour tangere (voy. TACT).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

TAXER.
3Ajoutez :

Taxer de, avec un verbe à l'infinitif. La reine lui faisait la guerre de ce qu'il lui avait apporté des bas de soie incarnats, jaunes et bleus, le voulant taxer d'avoir mal choisi les couleurs propres à la condition présente, Malherbe, Lexique, éd. L. Lalanne.