« terminer », définition dans le dictionnaire Littré

terminer

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

terminer

(tèr-mi-né) v. a.
  • 1Borner, limiter. Par le corps, j'entends tout ce qui peut être terminé par quelque figure, qui peut être compris en quelque lieu, et remplir un espace en telle sorte que tout autre corps en soit exclus, Descartes, Médit. II, 1. Alger, qui termine l'empire des Turcs en Afrique, est l'ancienne Numidie, Voltaire, Mœurs, 161. Au delà se présente la presqu'île de Pallène ; et, dans le lointain, le mont Athos termine cette superbe vue, Barthélemy, Anach. ch. 35.

    Fig. Borner, arrêter dans une limite déterminée. Ainsi, ma sœur, du moins vous avez dans vos plaintes Où porter vos souhaits et terminer vos craintes, Corneille, Hor. III, 4.

  • 2Achever, finir. Souffre qu'avec honneur je termine mes jours, Corneille, Hor. II, 6. On ne pouvait assez louer l'incroyable dextérité de Madame à terminer tous les différends d'une manière qui conciliait tous les intérêts opposés, Bossuet, Duch. d'Orl. Il termina plusieurs guerres par sa valeur, et n'en entreprit aucune par ambition, Fléchier, Hist. de Théodose, I, 1. Terminons des regrets qui pourraient trop s'étendre, Quinault, Rol. I, 4. Ainsi fut terminée la seconde guerre punique, après avoir duré dix-sept ans, Rollin, Traité des Ét. 3e part. ch. 1.

    Terme de manége. Terminer des courbettes, des voltes, les finir selon les règles.

  • 3Mettre un terme. La mort termina les conquêtes d'Alexandre.

    Être au bout, à l'extrémité de quelque chose. Toute la force d'une phrase se réunit quelquefois dans le mot qui la termine, Condillac, Conn. hum. II, I, 12. Ces dieux, ces demi-dieux, cette famille immense, Que termine César, que Jupiter commence, Delille, Géorg. III.

  • 4Se terminer, v. réfl. Être achevé, terminé. L'affaire se termina par un traité de paix solennel. Le public aime assez que chaque acte se termine par quelque morceau brillant qui enlève les applaudissements, Voltaire, Comm. Corn Bérén. III, 4. L'histoire de l'Académie française publiée par Pellisson et d'Olivet se termine au commencement du siècle où nous vivons, D'Alembert, Œuv. t. VI, p. 17.
  • 5Aboutir. Vous serez surpris quand vous apprendrez à quoi se termine un si grand éclat, Pascal, Prov. I. Un amour ardent et sensible pour les vérités de la foi, soit pour celles qui regardent la soumission de l'esprit, soit pour celles qui regardent la pratique dans le monde ; à quoi toute la religion se termine, Mme Périer, Vie de Pascal. Aux premiers siècles, toutes les intrigues du conclave se terminaient à choisir entre les prêtres celui qui paraissait avoir le plus de zèle et de force pour soutenir le martyre, Sévigné, 26 juill. 1691. Si ses enfants [de l'Église] inclinent la tête devant le livre de l'Évangile,… s'ils le baisent avec respect, tout cet honneur se termine à la vérité éternelle qui nous y est proposée, Bossuet, Exp. de la doctr. de l'Égl. 5. Puisque ses crimes [de Jérusalem] recommencent sans cesse, que toutes mes miséricordes sur elle se terminent à de nouvelles ingratitudes, Massillon, Carême, Inconst.
  • 6Être borné. La fécondité de notre esprit ne se termine pas à cette parole intérieure, à cette pensée intellectuelle, à cette image de la vérité qui se forme en nous, Bossuet, Hist. II, 6. Car enfin le Tout-Puissant n'aurait fait que des ouvrages peu dignes de lui, si toute sa magnificence ne se terminait qu'à des grandeurs exposées à nos sens infirmes, Bossuet, ib.
  • 7 Terme de grammaire. Avoir telle ou telle désinence. Les verbes de la 1re conjugaison se terminent en er à l'infinitif.

HISTORIQUE

XIIe s. Tuit ti homme [tous tes hommes] mal te terminent, Mal te veulent, mal te destinent, Moult te heent [haïssent], moult te menacent, Mal te quierent, mal te pourchacent, Roman de Brut, f° 53, dans LACURNE.

XIIIe s. Or [elles] le truevent de biau confort… Et tost par l'ostel s'espandi Que Jehans esteit terminés [gueri], Bl. et Jeh. 1412.

XIVe s. Fini, c'est chose terminée, limittée et certaine, Oresme, Éth. 46. Or est garie [la langueur d'un chevalier] et tierminnée, Jean de Condé, t. II, p. 193.

XVe s. Environ nonne que le dit enfant fut terminez [mort], Du Cange, terminare. Fin de compte, la chose termina en paix, Commines, VII, 3.

XVIe s. Comment pouvoyent ils terminer leurs afflictions à une minute de temps, veu qu'ils estoyent affligez toute leur vie ? Calvin, Instit. 336. Ceulx de qui ny les bornes qui separent l'Asie de l'Europe ne peuvent terminer l'insatiable convoitise d'avoir, comment se contenteroient ils du leur ? Amyot, Pyrr. 23. Il le supplia bien humblement de vouloir terminer ceste guerre, Amyot, Sylla, 48. C'estoit un amour se terminant en amitié, Montaigne, I, 212. Par laditte coustume un pere ou mere est hoir de son enfant terminé [décédé] sans hoir procreé de sa chair en leal mariage, à la charge de payer les debtes, Coust. gén. t. I, p. 765.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. termenar, terminar ; espagn. terminar ; ital. terminare ; du lat. terminare, de terminus, terme.