« tiède », définition dans le dictionnaire Littré

tiède

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

tiède

(tiè-d') adj.
  • 1En parlant des liquides, qui est entre le chaud et le froid. Un bain tiède. Tous deux, en la trouvant sans fièvre, Dirent qu'elle prendrait huit jours le lait de chèvre, Et que celui de vache après l'allait guérir, Surtout qu'il ne fallait lui donner que mi-tiède, Poisson, Œuv. diverses, poésies.
  • 2 Par extension, il se dit d'autre chose que des liquides. Un certain loup dans la saison Que les tièdes zéphirs ont l'herbe rajeunie, La Fontaine, Fabl. v, 8. Les hivers y sont tièdes, et les rigoureux aquilons n'y soufflent jamais, Fénelon, Tél. VIII. [Crucifix] Dans mes tremblantes mains tu passas, tiède encore De son dernier soupir, Lamartine, Médit. II, 22.

    Fig. Mon cœur est tiède encor des feux de ma jeunesse, Lamartine, Harm. II, 12.

  • 3 Fig. Sans action, nonchalant, sans ardeur, sans ferveur. Fi ! ne me parlez point, pour être vrais amants, De ces gens qui pour nous n'ont nuls emportements, De ces tièdes galants, de qui les cœurs paisibles Tiennent déjà pour eux les choses infaillibles, Molière, Fâch. II, 4. Ne craignez point… que ma joie se refroidisse ; elle a un fond si chaud qu'elle ne peut être tiède, Sévigné, 5 févr. 1674. Je résolus de vous écrire des lettres tièdes et languissantes, pour jeter dans l'esprit de celle à qui vous les donniez, que l'on cessait de vous aimer, La Fayette, Princ. Clèves, Œuv. compl. t. II, p. 118, dans POUGENS. Ce zèle avec lequel elle animait les âmes les plus tièdes à secourir le prochain, Fléchier, Mme d'Aiguillon. Ah ! si j'étais secondé ! mais les frères sont tièdes, les frères ne sont point rassemblés, Voltaire, Lett. Damilaville, 6 juill. 1764. On est bien tiède aujourd'hui à Paris sur l'intérêt public ; on va à l'Opéra Comique le jour qu'on brûle le chevalier de la Barre, et qu'on coupe la tête à Lalli, Voltaire, Lett. Chabanon, 7 août 1769. Vous pouvez juger si, se sentant prête à les quitter [ses enfants], ses caresses furent tièdes et modérées, Rousseau, Hél. VI, 11.

    Communion tiède, celle qui se fait avec peu de préparation et sans dévotion.

    Substantivement, en parlant des personnes. Mais le lâche et le tiède a douleur sur douleur, Et voit fondre sur lui tout ce qu'il appréhende, Corneille, Imit. I, 25. Votre zèle est égal à votre raison ; je hais les tièdes, Voltaire, Lett. Damilaville, 15 mars 1765. [L'archevêque Mailly] jaloux de la considération dont jouissait le cardinal de Noailles, entreprit de se distinguer dans le parti opposé, et y laissa bientôt derrière lui les plus fanatiques qu'il appelait les tièdes, Duclos, Œuv. t. v, p. 424.

    L'enfer des tièdes, par allusion au passage de l'Enfer de Dante, III, où il place ceux qui ne sont ni pour Dieu ni pour le diable.

  • 4Adverbialement. Boire tiède

HISTORIQUE

XIIIe s. … Et de vin teve Les plaies que il a lui leve [lave], Bi. et Jehan, 4437. Prendés un drapiel, si le molliés en ewe tieve, Alebrand, f° 14.

XIVe s. Laissier refroidier jusques à tiedc, Ménagier, II, 5.

XVIe s. Cela maintenoit les deux parties en ardeur et appetit de nouveaux amoureux, non tiedes, ne languissans, Amyot, Lyc. 28. Vous avez trop d'esgard, de conseil, de sagesse ; Mon humeur n'est pas propre à si tiede maistresse, Desportes, Élég. II, 1.

ÉTYMOLOGIE

Poitou, tude ; prov. tebe ; catal. tebi ; espagn. tibio ; ital. tepido, tiepido ; du lat. tepidus, tiède, tepor, chaleur ; sanscr. tapas, chaleur. On remarque que les formes romanes en v ou b font abstraction du d et gardent le p ; c'est l'inverse pour le français tiède.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

TIÈDE. - HIST. Ajoutez : XIIe s. Ce ke il [Hély] encontre les visces de ses sogez fut teddes, enarst [s'alluma] sor lui la destrenzons del parmanable governeor, li Dialoge Gregoire lo pape, 1876, p. 367.