« tintamarre », définition dans le dictionnaire Littré

tintamarre

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

tintamarre

(tin-ta-ma-r') s. m.
  • Terme familier. Bruit éclatant, accompagné de confusion et de désordre. Les trompes et les cors font un tel tintamarre Que le bonhomme est étonné, La Fontaine, Fabl. IV, 4. Parmi ce spectacle si rare [d'un feu d'artifice], Figure-toi le tintamarre, Le fracas et les sifflements Qu'on entendait à tous moments, La Fontaine, Œuvres diverses, t. II, p. 302. L'esprit de ce souverain juge du monde [l'homme] n'est pas si indépendant qu'il ne soit sujet à être troublé par le premier tintamarre qui se fait autour de lui, Pascal, Pons. III, 9, édit. HAVET. Vous ne savez pas tout le tintamarre qu'a fait ici le tonnerre, Bossuet, Lett. abb. 106. Un gouverneur qui fait grand tintamarre et brûle ses faubourgs, Hamilton, Gramm. 8. Comment veut-il juger d'une pièce en effet Au tintamarre affreux qu'au parterre on a fait ? Piron, Métrom. v, 2.

    Au plur. Fût-il Suivi de cent clairons sonnant des tintamarres, Hugo, Ruy Blas, I, 2.

    Par extension. Bruit des fêtes, des réceptions. Je pense, ma chère enfant, au tintamarre où vous avez été ces derniers jours ; nous étions dans des occupations bien différentes, Sévigné, 6 mars 1680. Nous trouvons partout… les compliments et le tintamarre qui accompagne vos grandeurs, Sévigné, à Mme de Grignan, 30 juill. 1689. Au milieu de tout le tintamarre du mariage du roi, leurs morts [de la Vrillière et de Grammont] ne feront pas le moindre petit bruit, Voltaire, Lett. Mme de Bernières, 7 sept. 1725. Cela va faire un tintamarre, un sabbat dans la maison, Al. Duval, le Naufrage, sc. 17.

    Fig. Éclat, effet produit. Ce bruit de la vaisselle [portée à la monnaie] fit un grand tintamarre à la cour, Saint-Simon, 233, 106.

HISTORIQUE

XVe s. Ô tintamarre plaizant Et doulcement rezonnant Des tonneaux que l'on relie, Basselin, L.

XVIe s. Tant cette ame [de Rodomont] enragée, inhumaine et terrible Faisoit de tintamarre et se monstroit horrible, Desportes, Mort de Rodomont. Le malade oit un bruit et tintamarre aux oreilles…, Paré, XVI, 40. Leurs pieces de batteries [balistes des anciens] representoient, comme l'effect, aussi le tintamarre des nostres, Montaigne, I, 363. Fiez-vous à vostre philosophie, vantez-vous d'avoir trouvé la febve au gasteau, à veoir ce tintamarre de tant de cervelles philosophiques, Montaigne, II, 249. La foudre et le tonnerre ne font point un tel tintamarre que fait une femme lorsqu'elle se met sur ses ergots pour abbayer, Cholières, Contes, t. II, après-dîn. II, p. 68, dans POUGENS.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, titamâr ; d'après Pasquier, Recherches, p. 734, de tinte à marre, les vignerons ayant l'habitude de s'avertir au loin en tintant ou frappant sur le fer de leurs marres.