« tison », définition dans le dictionnaire Littré

tison

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

tison

(ti-zon) s. m.
  • 1Reste d'une bûche, d'un morceau de bois dont une partie a été consumée. Je trouve des tisons du feu de la Saint-Jean, Régnier, Sat. X. J'agace mes tisons ; mon adroit artifice Reconstruit de mon feu le savant édifice, Delille, Trois règ. I. Faisons, comme un tison qu'on heurte au dur chenet, Étinceler la vie, Hugo, Crép. 33.

    Familièrement, on dit que les tisons se baisent, quand ils sont à peine rapprochés et font un maigre feu. Nous ne retrouvions au logis que le feu de quelques tisons qui se baisaient sous la marmite, et auxquels à peine tour à tour nous était-il permis de dégeler nos doigts, Marmontel, Mém. I.

    Familièrement. Garder les tisons, être toujours sur les tisons, avoir toujours le nez sur les tisons, se tenir constamment près du feu.

    Fig. et familièrement. Cracher sur les tisons, se dit des gens âgés qui ne quittent pas le coin du feu.

    Fig. Les tisons, le foyer, le logis. On ne peut s'amuser à rien ; quand on est loin de ses tisons, il faut courir, Sévigné, 22 nov. 1671.

    Fig. Prendre le tison par où il brûle, commencer une affaire autrement qu'il ne faut.

    Terme de mythologie. Tison de Méléagre, tison auquel était attachée la vie de ce héros ; les Parques entrèrent dans la chambre d'Althaea, sa mère, et lui dirent que son fils vivrait jusqu'à ce que le tison qui était au feu fût consumé ; Méléagre ayant tué les frères d'Althaea à cause des querelles suscitées par les dépouilles du sanglier de Calydon, celle-ci conçut un tel courroux qu'elle jeta au feu le tison fatal ; et Méléagre mourut.

  • 2 Fig. Ce qui allume, enflamme, comme fait un tison. Oui, je suis votre honte et le fatal tison Qui remplira de feu toute votre maison, Desmarets, Visionnaires, IV, 6. Le voilà, le beau fils, le mignon de couchette, Le malheureux tison de ta flamme secrète, Molière, Sgan. 6.

    Tison de la discorde, personne qui porte le trouble, la dissension, la sédition (la Discorde est représentée un tison allumé à la main). Tison de la discorde et fatale furie, Que le démon de Rome a formée et nourrie, Racine, Mithr. v, 1.

    Tison de discorde, se dit aussi d'une chose qui est une matière de discorde, un sujet de dissensions. L'indigence, qui est le tison de la discorde, Comte de Caylus, Acad. de ces dames, Œuv. t. XII, p. 95.

    Fig. Un tison d'enfer, personne perverse, digne de brûler en enfer. Adieu, tison d'enfer, fesse-mathieu femelle, Regnard, le Joueur, v, 10. Les jésuites aussi criaient contre Pascal, et l'eussent appelé pamphlétaire ; mais le mot n'existait pas encore ; ils l'appelaient tison d'enfer, la même chose en style cagot, Courier, Pamphlet des pamphlets.

HISTORIQUE

XIIe s. De trois tisons [morceaux de bois] est faite ceste sente, por ceu ke li piet de ceos [ceux] ki à lei se vorront apoier, ne puist glacier [glisser] en la voie, Saint Bernard, 568.

XIIIe s. Lors les ont mises sor la brese Qui des tisons lor fu remese, Ren. 928. Toutevoiz trouva l'en par len quatre plungeurs, que, au froter que nostre nef avoit fait au sablon, en avoit bien osté quatre taises [toises] du tyson [quille] sur quoy la neî estoit fondée, Joinville, 283. Quar on puet [peut] de legier esprendre Sans painne et sans aatisson Un auques enarse tisson [un tison déjà un peu brûlé], Mouskes, ms. p. 149, dans LACURNE.

XVe s. Assez esteint est en moy le tison De sot desir…, Orléans, Ball. 121. Sur le Noël morte saison… Et qu'on se tient en sa maison Pour le frimas, près du tison, Villon, Pet. testam.

XVIe s. Chascun buschet fait son tison, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 267. Tison brusle tison, Leroux de Lincy, ib. p. 426. Vieilles amours et vieux tisons s'allument en toutes saisons, Leroux de Lincy, ib. p. 434. Le tison qui l'esveille et l'embrase et la tue Lui faict pour le plaisir mespriser bruit et reve, D'Aubigné, Tragiques, éd. LALANNE, p. 110.

ÉTYMOLOGIE

Prov. tizo, tuzo ; cat. tio ; esp. tizon : portug. tiçâo ; ital. tizzo, tizzone ; du lat. titionem.