« tocsin », définition dans le dictionnaire Littré

tocsin

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

tocsin

(tok-sin) s. m.
  • 1Bruit d'une cloche qu'on tinte à coups pressés et redoublés, pour donner l'alarme. J'entends sonner le tocsin. Le bruit du tocsin. Je ne conçois pas comment on n'a point sonné le tocsin contre eux [les commis des fermes] dans tous les villages, et comment on ne les a pas exterminés, Voltaire, Lett. Mme de St-Julien, 14 déc. 1775.

    Fig. Cet arrêt [prononcé par la nation soulevée contre les juges d'Arras] est leur seul châtiment ; c'est un tocsin général qui éveille la justice endormie, Voltaire, Pol. et lég. Méprise d'Arras. En France, on laisse en repos ceux qui mettent le feu, et on persécute ceux qui sonnent le tocsin, Chamfort, Maximes et pensées, VIII.

    Fig. Sonner le tocsin, donner l'alarme.

    Fig. Sonner le tocsin, signifie aussi exciter un soulèvement, exciter, enflammer les passions. Le même Jurieu, qui a condamné les guerres civiles comme contraires à l'esprit du christianisme, sonne maintenant le tocsin, et n'oublie rien pour montrer que ces guerres sont légitimes, Bossuet, Var. déf. 1er disc. 14. Vous verrez aussitôt le peuple féminin S'élever à grands cris et sonner le tocsin, La Chaussée, Préj. à la mode, IV, 14.

    Sonner le tocsin contre, sur quelqu'un, exciter contre lui le public. Ces titres ne coûtent rien aux réformés, pourvu qu'on ait sonné le tocsin contre Rome, Bossuet, Var. 44. Autant que les anabaptistes méritaient qu'on sonnât le tocsin sur eux de tous les coins de l'Europe…, Voltaire, Mœurs, 133. Les sermons, ou plutôt les tocsins qu'on sonne à Versailles contre nous en présence du roi, D'Alembert, Lett. à Voltaire, 11 janv. 1758. Voilà les cuistres de l'université qui viennent de sonner un nouveau tocsin, D'Alembert, ib. 26 déc. 1771.

  • 2Dans quelques villes, la cloche du tocsin, ou, simplement, le tocsin, la cloche destinée à sonner le tocsin. Le tocsin est placé dans cette tour.

HISTORIQUE

XIVe s. Bientost en oyrent nouvelles par le touquesaint de ladite ville, qui est accoutumé de sonner par la guette d'icelle ville, quant nos annemis y survainent, Du Cange, touquassen.

XVIe s. Ils avoient sonné le toxsainct, Carloix, III, 12. Les ungs vindrent aux clochers pour battre le tocsainct, Carloix, VIII, 12. On dit sonner le tocsin… mais il vaut mieux escrire toquesin ; et encore, si en adjoutant un g, on escrit toquesing, on approchera plus près de l'étymologie ; car c'est un mot gascon, composé de toquer, au lieu de ce que nous disons toucher ou frapper, et de sing qui signifie cloche, et principalement une grosse cloche, comme voulentiers en effroy on sonne la plus grosse, H. Estienne, Précellence, p. 186.

ÉTYMOLOGIE

Toquer, et le lat. signum, pris, au moyen âge, dans le sens de cloche.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

TOCSIN. Ajoutez :
3 Fig. Satire à couplets. Il [Law] entendit alors résonner dans l'air les notes menaçantes de ce tocsin : Français, la bravoure vous manque… Pendre Law avec le Régent Et vous emparer de la Banque, C'est l'affaire d'un moment, H. Babou, Journ. offic. 7 avr. 1875, p. 2518, 1re col.