« turc », définition dans le dictionnaire Littré

turc

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

turc, urque [1]

(turk, tur-k') adj.
  • 1De Turquie. Je suis très humble serviteur de son altesse turque, Molière, Bourg. gent. IV, 6. Nous avons arrêté nos yeux sur une galère turque assez bien équipée, Molière, Scapin, II, 11.
  • 2Chien turc, espèce de chien sans poil.
  • 3Cheval turc, cheval de Turquie ; on le croit produit par des croisements de l'arabe et du persan, faits à une époque éloignée et inconnue. Il est plus long, plus étoffé que le premier ; il a la croupe plus arrondie et plus droite, mais il est bien loin d'avoir ses qualités.
  • 4S. m et f. Un Turc, une Turque, celui, celle qui est indigène de la Turquie. Vif comme un Français, grave comme un Espagnol, rusé comme un Italien, hardi comme un Turc, fier comme un Écossais, Dancourt, Com. des coméd. II, 11. Les Turcs habitaient autrefois au delà du Taurus et de l'Immaüs, et bien loin, dit-on, de l'Araxe ; ils étaient compris parmi ces Tartares que l'antiquité nommait Scythes, Voltaire, Mœurs, 53.

    Fig. et familièrement. C'est un vrai Turc, se dit d'un homme rude, sans pitié. Il est Turc là-dessus, Molière, Avare, II, 5.

    Être fort comme un Turc, être très robuste ; locution née de la force qu'on attribue aux portefaix de Constantinople.

    De Turc à More, sans ménagement, à la rigueur (sans doute par allusion à la façon rigoureuse dont les Turcs traitaient les Maures d'Afrique). On n'y fait quartier à personne [dans un tripot], tout le monde y vit de Turc à More, Scarron, Rom. com. I, 3. Il faut toujours traiter les affaires d'intérêt de Turc à More, Maintenon, Lett. à M. d'Aubigné, 21 mai 1683. De quoi donc se plaint ce rare et trop heureux mari ? et quelle humeur atrabilaire le pousse à traiter de turc à More une demi-douzaine d'honnêtes garçons dont le seul tort est d'avoir eu des yeux pour vous voir ? Ch. de Bernard, la Chasse aux amants, XII.

    Traiter quelqu'un de Turc à More, voy. MORE, n° 2.

  • 5Abusivement, Turc se dit pour musulman. Géronte : Cinq cents écus ! n'a-t-il point de conscience ? - Scapin : Vraiment oui, de la conscience à un Turc ! Molière, Scapin, II, 11. C'est la coutume… qui fait tant de chrétiens ; c'est elle qui fait les Turcs, les païens, les métiers, les soldats, Pascal, Pens. x, 8, édit. HAVET. Ne voyons-nous pas, disent-ils [les impies], mourir et vivre les bêtes comme les hommes, et les Turcs comme les chrétiens ? Pascal, ib. XXIV, 16.

    Se faire Turc, se faire musulman.

  • 6Le Grand Turc, ou, simplement, le Turc, l'empereur de Turquie. Vous savez que le fils du Grand Turc est ici ? Molière, Bourg. gent. IV, 5. Moi, je vous dis qu'elle ne songe non plus à lui qu'au Grand Turc, Genlis, Théât. d'éduc. Tendr. matern. sc. 18.
  • 7Le turc, la langue turque. Je vous l'avais bien dit, qu'il parle turc, Molière, Bourg. gent. v, 5.
  • 8À la turque, loc. adv. à la façon des Turcs. Destin conta à ses camarades de quelle façon il s'était sauvé avec son habit à la turque, avec lequel il pensait représenter le Soliman de Mairet, Scarron, Rom. com. I, 12. Je suis fâché qu'il [Salomon] ait commencé son règne à la turque, en égorgeant son frère, Voltaire, Dict. phil. Salomon.

    Fer à la turque, fer de cheval dont la branche interne est plus courte et plus épaisse que la branche externe.

    Fig. Sans ménagement. Traiter quelqu'un à la turque.

  • 9En musique, rondeau turc, ou à la turque, ou alla turca, morceau vif à 2/4, fortement rhythmé. Le rondeau turc de Mozart. Il y a une marche turque dans les Ruines d'Athènes, de Beethoven.
  • 10Point turc, espèce de jour fait avec une grosse aiguille et du fil fin, formant deux rangées de petits trous contrariés, encadrés, des deux côtés, par un cordonnet ou un feston.
  • 11Gazon turc, la saxifrage mousseuse.

HISTORIQUE

XIIIe s. Si avoit un frere qui avoit non Alexis, que il avoit rachaté de la prison des Turs, Villehardouin, XLII.

XVe s. Il y avoit encore une autre ambassade du petit turc, lequel disoit, se les chrestiens vouloient faire guerre au grand turc, que son seigneur se joindroit avec les chrestiens, Monstrelet, t. III, p. 85, dans LACURNE.

XVIe s. Ceux qui se souloient habiller à la bohemienne, je les fais acoustrer à la turque, Cymbalum mundi, p. 90. Les armées turquesques, Montaigne, I, 366.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. TURC. Ajoutez :
12Rouge turc ou rouge d'Andrinople (voy. ANDRINOPLE au Supplément), sorte de rouge. La moitié des toiles que nous achetons est teinte en rouge turc, Enquête, Traité de comm. avec l'Anglet. t. IV, p. 496.