« vérole », définition dans le dictionnaire Littré

vérole

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vérole

(vé-ro-l') s. f.
  • 1Nom donné autrefois à la variole, comme on le voit dans le Dict. de l'Académie, 1re édition, et dans celui de Furetière. Je ne m'étonne pas si, avec de telles précautions [se farder], on ne voit pas qu'elle a eu la vérole, Sévigné, 2 oct. 1689.

    Plus tard, vérole perdit le sens de variole, et on distingua la petite vérole et la grosse vérole.

  • 2Petite vérole, synonyme vulgaire de variole. La petite vérole a su vous dégager ; La peur de la gagner les a fait déloger, Hauteroche, Le soup. mal apprêté, sc. 22. Je vous approuve de n'avoir point été à Lambesc exposer votre beauté et la jeunesse de Pauline à la fureur de la petite vérole ; c'est un mal qu'on ne saurait trop éviter, Sévigné, 599. Le pourpre, mêlé à la petite vérole dont Monseigneur mourut, fit juger inutile et dangereuse l'ouverture de son corps, Saint-Simon, 295, 26. Le plus grand éclat de Mme la princesse de Conti n'a duré que jusqu'à sa petite vérole, qu'elle eut à dix-sept ou dix-huit ans, Mme de Caylus, Souvenirs, p. 159, dans POUGENS. Il est très certain que la petite vérole ne fut connue des Romains qu'au sixième siècle, Voltaire, Dict. phil. Lèpre. Louis XV a été le seul roi de France qui soit mort de cette funeste maladie nommée variole ou petite vérole, Voltaire, Fragm. sur l'hist. 23. On n'inocule guère avant l'âge de quatre ans ; depuis cet âge jusqu'au terme ordinaire de la vie, la petite vérole naturelle détruit, selon les inoculateurs, entre la septième et la huitième partie du genre humain, D'Alembert, Œuv. t. IV, p. 323. Ils estiment qu'en faisant l'évaluation la plus forte, le nombre de ceux qui ont deux fois la petite vérole peut être 1 sur 9 à 10 mille, D'Alembert, ib. p. 418.

    Fig. Segrais, homme d'esprit, me dit un jour que cette fantaisie de se faire religieux ou religieuse était la petite vérole de l'esprit, et que cette maladie prenait ordinairement entre quinze et dix-huit ans ; j'en fus attaqué à dix-sept, L'Abbé de St Pierre, dans Revue des Deux-Mondes, 1er fév. 1869, p. 558.

    Petite vérole naturelle, celle que l'on gagne spontanément, par opposition à petite vérole artificielle, celle que l'on inocule. Ils prétendent que six petites véroles artificielles produiront à peine autant d'effet pour la contagion qu'une seule petite vérole naturelle, D'Alembert, Œuv. p. 424.

    Petite vérole confluente, petite vérole où les pustules, surtout au visage, se touchent. Petite vérole discrète, celle où il y a peu de pustules et éloignées les unes des autres.

    Petite vérole volante, petite vérole modifiée et généralement très bénigne qui survient d'ordinaire chez les personnes vaccinées ou qui ont eu la petite vérole. Elle a eu depuis son retour une très jolie petite vérole volante, dont elle n'a point été du tout malade, Sévigné, 11 juill. 1672.

  • 3Grosse vérole, ou, simplement, vérole, nom vulgaire de la syphilis ; on évite par bienséance de se servir de ce mot. Cependant que le roi [Louis XIII] est occupé à faire la guerre, le roi d'Espagne… va en des lieux qui ne se peuvent pas nommer honnêtement ; je ne veux point faire de jugement sur les différentes inclinations de ces deux princes ; mais je sais bien que, tant qu'ils vivront de la façon, le roi d'Espagne ne prendra point de ville, ni le roi de France la vérole, Guez de Balzac, liv. II, lett. 5. Des fièvres, de la peste et de l'orde vérole, Régnier, Sat. X. Le parlement de Paris, toujours zélé pour le bien public, fut le premier qui donna un arrêt contre la vérole, en 1497, Voltaire, Homme aux 40 écus, de la vérole. La vérole se communique, et l'on n'a que trop d'exemples d'enfants qui sont, même en naissant, les victimes de la débauche de leurs parents, Buffon, Hist. anim. Œuv. t. IV, p. 118.

    Suer la vérole, suer pour guérir de la vérole.

  • 4 Terme de zoologie. Petite vérole, la cyprée nucule (Inde) de Linné, la porcelaine grenue de Lamarck (mollusques).

HISTORIQUE

XIIIe s. Rogne, vairole et apostume, Des XXIII manieres de vilains.

XVe s. J'ay la rougole et la verole, J'ay chascun jour la feinterole, J'ay la jaunice, et suis ethique, Mir. de Ste Genev. Je demeuray à partir aucuns jours, parce que le roy fut malade de la petite verole et en peril de mort, Commines, VII, 6.

XVIe s. De la grosse verole dite maladie venerienne : Les François la nomment la maladie de Naples ; et les Napolitains, lo mal di françose : les genevois, lo male di broscese : les Espagnols, la bouez : les Allemans, françouse, Paré, XVI, 1. Panurge… contrefaisoit ceux qui ont eu la verole ; car il tordoit la gueule et retiroit les doigts, et, en parole enrouée, leur dist…, Rabelais, II, 9.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. variola ; du bas-lat. variola, dans un texte du VIe siècle (hoc anno morbus validus cum profluvio ventris et variola Galliam et Italiam valde afflixit) ; du lat. varius, varié, à cause de l'apparence des malades.