« vaquer », définition dans le dictionnaire Littré

vaquer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

vaquer

(va-ké ; au XVIIe siècle, on prononçait il vâque, et l'on prononce encore ainsi en Normandie) ; je vaquais, nous vaquions, vous vaquiez ; que je vaque, que nous vaquions, que vous vaquiez v. n.
  • 1Être vacant, n'être point occupé, en parlant d'emplois, d'offices, de dignités, etc. Il a les yeux ouverts sur tout ce qui vaque, poste, abbaye…, La Bruyère, VIII. La chaire de Ramus pour les mathématiques, qui se donne au concours, étant venue à vaquer au Collége royal, il se prépara à entrer dans la lice, Fontenelle, Sauveur. Les fiefs qui vaquaient par la mort du possesseur, Montesquieu, Esp. XXXI, 5. Le procureur général Jean de Saint-Romain a remarqué que, du temps de Pie II, vingt-deux évêchés ayant vaqué en France pendant trois années, il fallut porter à Rome cent vingt mille écus, Voltaire, Dict. phil. Annates.

    Impersonnellement. Il a vaqué chez Monsieur une charge de vingt mille écus, Sévigné, 19 juillet 1671. Il vaque, à votre nomination, une cure considérable, Bossuet, Lett. rel. 90.

  • 2Être libre, disponible, en parlant des logements. Il vaque, dans sa maison, un appartement que vous pourrez louer.

    On dit de même : Il vaque un lit dans cet hôpital.

  • 3Il se dit des tribunaux lorsque les fonctions ordinaires y cessent pendant quelque temps. La cour vaque pendant tel temps.
  • 4Vaquer à, se livrer, s'adonner à, s'occuper de (pour la transmission du sens d'être vacant au sens de s'occuper, comparez se livrer à, qui vient du latin liberare). Comme l'ours en un jour ne disait pas deux mots, L'homme pouvait sans bruit vaquer à son ouvrage, La Fontaine, Fabl. VIII, 10. Et bien vous prend, ma sœur, que son noble génie N'ait pas vaqué toujours à la philosophie, Molière, Femm. sav. I, 1. Je dis toujours que rien n'est si occupé qu'un homme qui n'est point amoureux ; avant qu'il ait vaqué à madame de…, madame de…, madame de…, madame de…, le jour et la nuit sont passés, Sévigné, 343. Et dedans et dehors on [Louis XIV] sera également sur ses gardes ; voyez combien de troupes et quelle puissance il faut avoir pour vaquer à tant de choses à la fois, Sévigné, 12 janv. 1689. Si nous pouvions faire la paix en Italie et en Allemagne, nous vaquerions à cette guerre anglaise et hollandaise avec plus d'attention, Sévigné, 5 janv. 1689. Et n'est-ce pas l'orgueil, chrétiens, qui a retiré tant de philosophes du milieu de la multitude ? nous voulons, disaient-ils, vaquer à nous-mêmes, Bossuet, Sermons, Loi de Dieu, 2. La dissipation du monde qui nous empêche de vaquer à Dieu, Bourdaloue, 14e dim. après la Pentecôte, Dominic. t. III, p. 383. C'était s'aveugler en quelque sorte que de s'enfermer dans un tombeau, comme on dit qu'il [Démocrite] faisait, pour vaquer plus librement à la méditation, Rollin, Hist. anc. XXVI, 1re part. III, II, 2. Ils tentent de vaquer à la prière ; et leur cœur, fermé à la vérité, ne s'y repaît que de fantômes et de chimères, Massillon, Carême, Dégoûts.

    Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.

HISTORIQUE

XIIIe s. Et quant il [Frédéric] fu trespassez de cest siecle, l'empire vaca longuement sanz roi et sanz empereor, Latini, Trésor, p. 102.

XIVe s. Comme se il n'eust que faire mes que de vaquer à ouvres urbaines et privées, Bercheure, f° 25, recto. Et dit li uns à l'autre à la fois et souvent : Vive ce Bertrand, vive, qui regne tellement, Qui ne vous lairra mie ci vaquer longuement, Guesclin. 18073. [Les princes] doivent vacquer au salut de leurs ames et au profit commun de leur peuple, Songe du vergier, I, 184.

XVe s. Luy qui oncques temps n'employa en oiseuse, volt adonc vacquer à mettre à effect le bon desir que tousjours avoit eu en l'esprit, Bouciq. III, 3.

XVIe s. Les pouils sont suffisants pour faire vacquer la dictature de Sylla, Montaigne, II, 171. Pour employer le temps qui me demeuroit vuide, après avoir vacqué au devoir de mon office, j'ay…, Amyot, Épit. Trois jours durant l'on ne vacqua à aultre chose que à faire les apprests necessaires pour cest effect, Carloix, v, 28. Il fut vacqué deux jours entiers à leurs procès, Carloix, x, 7.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. vacar ; espagn. vagar ; ital. vacare ; du lat. vacare, être vide. Il y a dans l'ancienne langue des confusions entre vaguer et vaquer.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

VAQUER. Ajoutez :
5Avoir un congé, en parlant d'un écolier. De conseil pris avec M. de Montausier, je ferai la leçon demain ; et l'après-midi, monsieur, nous ferons vaquer Monseigneur [le Dauphin], Bossuet, Lett. à Huet, dans Correspond. 25 déc. 1876, p. 1084.