« vaste », définition dans le dictionnaire Littré

vaste

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

vaste

(va-st') adj.
  • 1Qui est d'une fort grande étendue. Un vaste horizon. Une vaste campagne. Les Romains avaient fait de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique un vaste empire, Montesquieu, Esp. XXI, 15. Ce qui est compris aujourd'hui sous le nom de Russie ou des Russies est plus vaste que tout le reste de l'Europe et que ne le fut jamais l'empire romain ou celui de Darius conquis par Alexandre, Voltaire, Russie, I, 1.

    Par exagération et plaisanterie. Est-ce par les appas de sa vaste rheingrave, Qu'il a gagné votre âme ? Molière, Mis. II, 1. Vainement portait-il le plus beau point, la perruque la plus vaste et la mieux poudrée qu'on pût voir, Hamilton, Gram. 7.

  • 2 Par extension, qui s'étend, règne sur une grande étendue. Assez et trop longtemps une funeste guerre Par ses vastes horreurs désola cette terre, Mairet, Mort d'Asdr. I, 2. Je perdrai mes États et garderai mon rang ; Et ces vastes malheurs où mon orgueil me jette Me feront votre esclave et non votre sujette, Corneille, Nicom. III, 1. Ô belles, évitez Le fond des bois et leur vaste silence, La Fontaine, Clochette. Et, traînant avec soi les horreurs de la guerre, De sa vaste folie emplir toute la terre, Boileau, Sat. VIII. La vaste cruauté des Romains, Lamotte, dans DESFONTAINES.
  • 3 Fig. Se dit des choses morales, des conceptions de l'esprit, etc. Un vaste plan. Une vaste entreprise. Ne songez [vieillard] désormais qu'à vos erreurs passées, Quittez le long espoir et les vastes pensées, La Fontaine, Fabl. XI, 8. Je refuse d'un cœur la vaste complaisance Qui ne fait du mérite aucune différence, Molière, Mis. I, 1. Il [L'homme] ne peut pas se satisfaire par toutes sortes d'objets, il a le cœur trop vaste, Pascal, Pass. de l'amour. Je ne m'égare point dans ces vastes désirs, Racine, Esth. III, 4. Vaste dans ses desseins, simple dans l'exécution, Montesquieu, Esp. XXXI, 18.

    Cet homme a l'esprit vaste, c'est un esprit vaste, un vaste génie, il a un esprit d'une étendue extraordinaire, embrassant toute sorte de connaissances, capable des plus grandes affaires. Tant est haut son courage [de Louis XIV], tant est vaste son intelligence, tant ses destinées sont glorieuses ! Bossuet, Louis de Bourbon. Le droit qu'un esprit vaste et ferme en ses desseins A sur l'esprit grossier des vulgaires humains, Voltaire, Mahomet, II, 5.

    On dit de même : homme d'une vaste érudition.

  • 4 Terme d'anatomie. Muscles vaste externe et vaste interne, ou, substantivement, le vaste externe, le vaste interne, gros muscles qui occupent le côté interne et le côté externe de la cuisse.

HISTORIQUE

XIIIe s. En une waste [déserte] regiun Le meinent hors de la maisun, Dunt la terre ert [était] neire e obscure, Marie de France, Purgatoire, 915.

ÉTYMOLOGIE

Lat. vastus, vaste et aussi désert, seul sens que l'ancienne langue connaisse, et qui se rattache aussi au germanique ; anc. haut-allem. wuosti, désert ; moy. haut-allem. wasten, ravager. Ce mot, usité dans le XIIe siècle au sens de désert, ne paraît plus dans les siècles suivants ; le Dict. français-latin de R. Estienne ne l'a pas. Il a été refait du latin au commencement du XVIIe siècle.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

VASTE. - REM. Ce n'est qu'après d'assez longs débats que ce mot a été admis, au XVIIe siècle, en un sens favorable et non pas péjoratif, en rapport avec le vastus latin. On soutenait que l'étendue juste et réglée fait le grand, tandis que la grandeur démesurée fait le vaste. Le témoignage le plus curieux qui soit resté de ces débats, est la très spirituelle Dissertation de Saint-Évremond sur le mot vaste, adressée à MM. de l'Académie française (Œuvres de Saint-Évremond, t. IV, p. 1, Amsterdam, 1726) (note de M. Ch. Berthoud).