« velours », définition dans le dictionnaire Littré

velours

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

velours

(ve-lour ; l's ne se lie jamais) s. m.
  • 1Étoffe dont l'endroit est plus ou moins velu, et l'envers est ferme et serré ; il se fabrique en employant deux chaînes, l'une pour le corps de l'étoffe, l'autre pour le velouté ; on en fait en soie, en coton et en laine. Velours figuré, ciselé. On doit à leurs travaux réunis [de Montigni et de Holker] nos manufactures de draps et de velours de coton, Condorcet, Montigni.

    Velours épinglé, voy. ÉPINGLÉ.

    Velours plain, celui qui est tout uni.

    Velours à ramage, celui qui est diversifié par un grand nombre de figures.

    Velours à deux poils, à quatre poils, etc. suivant que le poil du velours est plus ou moins épais. Un carrosse de velours cramoisi à six poils, Dancourt, Cheval. à la mode, I, 1.

    Velours ras, celui qui n'a point de poils.

    On fait maintenant beaucoup de velours de laine pour manteaux de femmes.

    Velours d'Utrecht, velours qui a la chaîne en fil, la trame en laine, et le velouté en poil de chèvre ; il sert pour meubles.

    Fig. Jouer sur le velours, se dit d'un joueur qui, après avoir gagné des parties, ne risque plus, en continuant à jouer, que de perdre ce qu'il a gagné.

    Jouer sur le velours, se dit aussi, en général, pour agir sans risque.

    Faire patte de velours, se dit du chat lorsqu'il retire ses griffes en jouant de la patte. La patte de velours cache toujours les griffes, Carmontelle, Prov. posth. Entrée à l'Opéra, sc. 8.

    Fig. Faire patte de velours, cacher sous des dehors caressants le dessein qu'on a de nuire. Qui veut ne pas blesser fait patte de velours, Fabre D'Églant. Intrigue épist. I, 4.

    Fig. et populairement. C'est un velours sur l'estomac, en parlant d'un manger ou d'une boisson, qui donne une sensation de bien-être.

  • 2Velours-maurienne, sorte de gros drap qu'on fait en Maurienne, et dont les Savoyards pauvres sont habillés.
  • 3Surface d'une pelouse. C'est le plus petit des ruisseaux, Qui soudain fait luire ses eaux Sur le velours d'une prairie, P. Lebrun, Poés. t. II, 34.

    Marcher sur le velours, marcher sur une pelouse fine et douce.

    Fig. Un chemin de velours, une morale facile et accommodante. Veut-on monter sur les célestes tours, Chemin pierreux est grande rêverie ; Escobar sait un chemin de velours, La Fontaine, Ball. sur Escobar.

  • 4 Terme de botanique. Assemblage de poils serrés, mous, courts et ras.

    Dents en velours, dents de poissons très rapprochées, par opposition à dents en scie.

  • 5Nom spécifique, pour Bruguière, d'une coquille univalve, le cône de Luçon, dit vulgairement velours anglais et qui se trouve aux Philippines.
  • 6 Nom donné par Geoffroy à plusieurs coléoptères plus ou moins veloutés ; il appelait velours vert le cryptocéphale soyeux, dit aussi vulgairement gribouri soyeux, et nommait velours noir, le mélolonthe huméral, Legoarant
  • 7Très familièrement. Faute de langage qui consiste à mettre en liaison une s au lieu d'un t : il était-z à la campagne.

    Le mot velours, employé dans ce sens, vient de ce que cette liaison est moins rude que celle qui se fait avec le t, de même que le velours est plus doux au toucher que le cuir.

    PROVERBE

    Habit de velours, ventre de son, se dit d'une personne qui épargne sur la nourriture et fait des dépenses d'ostentation.

    On dit aussi : Ventre de son et robe de velours.

HISTORIQUE

XIIe s. Que est devenu li velox Que feis à lui apareiller ? Fabliaux mss. p. 22, dans LACURNE.

XVe s. Ils [les seigneurs] sont vestus de velouz et de camocas, fourrés de vairs et de gris ; et nous [paysans anglais] sommes vestus de povres draps, Froissart, II, II, 106. Arriere, satin, camelot, Puisque le veloux vient en place, Coquillart, dans MÉNAGE.

XVIe s. Toute la noblesse de la cour y fut chassée [au siége de Lafère], et n'y souffrit pas beaucoup d'incommoditez, tant pour la belle saison, assavoir en juin, que pour la commodité de toutes choses ; comme aussi n'aians à craindre aucun secours ni courses du dehors ; aussi l'appelloit-on le siege de velours, D'Aubigné, Hist. II, 367. À iceux je donneray le nom de cauteres de velours, à raison qu'ils ne font douleur, et aussi que je les ay recouverts [achetés de l'inventeur] par du velours, Paré, XXV, 32.

ÉTYMOLOGIE

Bourguig. veleur, velor ; ital. velluto ; bas-lat. vellutum, proprement velu, de villus, poil. L'ital. velluto vient certainement de vellutum. Nous n'avons du français que le nominatif velox, qui peut venir soit de vellutum, soit de villosum. Pour décider la question, il faudrait avoir le régime, qui serait dans le premier cas velout, dans le second velous. L'analogie avec l'italien et le t de velouter rendent plus probable la première hypothèse.