« venimeux », définition dans le dictionnaire Littré

venimeux

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

venimeux, euse

(ve-ni-meû, meû-z') adj.
  • 1Qui a du venin, en parlant de certains animaux. Le scorpion est venimeux. Cerbère l'a versé ; jadis ce monstre esclave Fit écumer sur lui sa venimeuse bave, Rotrou, Hercule mourant, IV, 1.
  • 2Il se dit des choses infectées du venin de quelque animal. On dit que les herbes sur lesquelles le crapaud et la chenille ont passé sont venimeuses, Dict. de l'Académie.
  • 3 Fig. Qui a un poison moral. Propos venimeux. La lecture des écrits de Jean-Jacques m'a fait faire en même temps celle de ces venimeuses productions, qu'on a pris grand soin d'y mêler, Rousseau, Dial. 3.

    Langue venimeuse, personne médisante.

REMARQUE

Venimeux ne se dit bien maintenant que des animaux qui ont du venin, ou des choses qu'ils ont infectées de leur venin, tandis que vénéneux est réservé aux plantes qui ont un poison, mais cette distinction est récente ; et auparavant venimeux se disait des plantes. Leurs flèches [celles des Crotoniates] sont trempées dans le suc de certaines herbes venimeuses qui viennent, dit-on, des bords de l'Averne et dont le poison est mortel, Fénelon, Tél. x. Vos oignons et vos artichauts sont de très bonnes choses ; mais je ne vois pas quelle a été votre idée en couvrant la terre de tant de plantes venimeuses, à moins que vous n'ayez eu le dessein d'empoisonner ses habitants, Voltaire, Songe de Platon.

HISTORIQUE

XIIIe s. Le ferai devorer as venimeus serpens qui conversent en terre, Psautier, f° 188. Car saluz ne vous ren je mie, Rous venimeus de pute foi, Ren. 13637. Et par la plaie dolereuse De detraccion venimeuse, la Rose, 4953.

XIVe s. Bestes venimeuses si com sont serpens et leur semblables, H. de Mondeville, f° 80 bis, verso.

XVe s. Dyanira… Quant la venimeuse chemise Luy bailla [à Hercule]…, Deschamps, Poésies mss. f° 507. Ces langues venimeuses, Villon, Ballade.

XVIe s. Une riviere qui avoit l'eau froide et claire, mais elle estoit sallée et venimeuse à boire, Amyot, Anton. 61. Il vaudroit beaucoup mieux s'eslongner d'une si venimeuse concorde, Amyot, ib. 64. Ce feut cette venimeuse doulceur [de Jules César] qui envers le peuple romain sucra la servitude, La Boétie, Servit. volont. Ce jour-mesme il sortit à ce bon roi une apostume fort venimeuse au genouil droit, D'Aubigné, Hist. III, 517.

ÉTYMOLOGIE

Venin, qui, dans l'ancienne langue s'écrivant souvent venim, a donné venimeux ; wallon, vilmeu ; Berry, varineux ; norm. velimeux ; provenç. verenos, verinos ; ital. velenoso.