« vogue », définition dans le dictionnaire Littré

vogue

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

vogue

(vo-gh') s. f.
  • 1Ancien terme de marine. Allure d'un bâtiment à rames. Avoir de la vogue, bien marcher.

    Nom donné quelquefois à la partie du plat-bord d'un navire à rames.

  • 2 Fig. Réputation, crédit d'une personne, comparés à la vogue puissante d'une galère. La plupart des gens ne jugent des hommes que par la vogue qu'ils ont ou par leur fortune, La Rochefoucauld, Max. 212. Le rôle de Roxelane l'avait mise en vogue [une actrice], Hamilton, Gram. 9. À peine fut-il [le médecin Chirac] fixé à Paris, qu'il y eut une vogue étonnante, Fontenelle, Chirac. Vous pensez que toute la gloire d'une femme consiste à faire une dépense folle, à se servir de la marchande de modes le plus en vogue, Genlis, Théât. d'éduc. la Bonne mère, II, 3.

    Il se dit des choses. C'est souvent du hasard que naît l'opinion, Et c'est l'opinion qui fait toujours la vogue, La Fontaine, Fabl. VII, 15. L'indifférence des religions avait la vogue en Angleterre, quand les dispersés [les protestants chassés par la révocation de l'édit de Nantes] y sont arrivés, Bossuet, 6e avert. 3e part. 9. Cette manière de billet a été mise en vogue par les gens d'affaires, pendant la dernière guerre, pour mettre leurs effets à couvert des recherches qu'on pourrait faire contre eux, Vauban, Dîme, p. 88. L'une des grâces de la nature, l'une de ces choses qui embellissent le monde, qui est de tous les temps, et d'une vogue ancienne et populaire, La Bruyère, XIII. Notre langue a autant de vogue qu'en avait autrefois la langue grecque, Voltaire, Lett. Chabanon, 9 mars 1772. Telle fut l'origine de ces contes moraux qui ont eu depuis tant de vogue en Europe, Marmontel, Mém. v.

  • 3Nom, à Genève, en Savoie, en Dauphiné, en Provence, en Languedoc, dans le Forez, dans la Bresse, de la fête annuelle d'un village. On fut contraint de dresser des feuillées par les rues comme on fait aux vogues de villages, Rubis, Hist. de Lyon, cité dans le Journ. de Trévoux, juill. 1733, p. 1197. Telle est la tenue dans laquelle on les voit aux vogues ; c'est ainsi qu'ils [les Bressans] appellent ces fêtes rustiques désignées par les Bretons sous le titre d'assemblées, Francis Wey, Article sur le Bressan, dans la Galerie des Français peints par eux-mêmes, Province, t. II, p. 322.

HISTORIQUE

XVIe s. Puis donques que la malediction de Dieu s'est espandue haut et bas, et a la vogue par toutes les regions du monde, à cause de la coulpe d'Adam, Calvin, Instit. 172. Le premier des capitaines atheniens qui apperceut de la terre ceste grosse flotte qui venoit à pleine vogue pour les investir, ce fut Conon, Amyot, Lysand. 20. Encore fut il plaint et regretté de tout le peuple, comme s'il fust en la plus grande vogue de son credit, Amyot, Lucullus, 87. Depuis que les bas de soye ont eu le cours et la vogue en ce royaume, Carloix, IV, 27. Quand il se presente à nous quelque doctrine nouvelle, nous avons grande occasion de nous en desfier, et de considerer qu'avant qu'elle feust produicte, sa contraire estoit en vogue, Montaigne, II, 330. Charles-Quint se servoit principalement de Flamans et Bourguignons qui avoient la vogue, Brantôme, Buren.

ÉTYMOLOGIE

Voy. VOGUER ; wallon, vok.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

VOGUE. - HIST. XVIe s. Ajoutez : Ceux de la garnison de Marualz faisoient une feste comme vogues, où venoient gens de toutes pars, Paradin, Chron. de Savoye, p. 216.