« voleur.2 », définition dans le dictionnaire Littré

voleur

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

voleur, euse [2]

(vo-leur, leû-z') s. m. et f.
  • 1Celui, celle qui a volé, qui vole habituellement. Une troupe de voleurs arabes qui avaient fait une irruption dans le camp, avaient tué tous ses frères, Sacy, Bible, Paralip. II, 22, 1. Jésus-Christ vient, dit-il, comme un voleur, toujours surprenant et impénétrable dans ses démarches ; c'est lui-même qui s'en glorifie dans toute son Écriture, Bossuet, Mar.-Thér. Comme un voleur, direz-vous, indigne comparaison ! n'importe qu'elle soit indigne de lui, pourvu qu'elle nous effraye, et qu'en nous effrayant, elle nous sauve ? Bossuet, ib. Car, sitôt que du soir les ombres pacifiques D'un double cadenas font former les boutiques… Les voleurs à l'instant s'emparent de la ville [Paris], Boileau, Sat. VI. On obligeait le voleur d'un chien de chasse à faire trois tours sur la place publique, en lui baisant le derrière, Saint-Foix, Ess. Paris, Œuvr. t. IV, p. 24, dans POUGENS. La loi des Douze Tables permettait de tuer le voleur de nuit, aussi bien que le voleur de jour qui, étant poursuivi, se mettait en défense, Montesquieu, Esp. XXIX, 15. En vérité, en lisant l'histoire des York, des Lancastre et de bien d'autres, on croit lire l'histoire des voleurs de grands chemins, Voltaire, Lett. H. Walpole, 15 juillet 1768. En Angleterre, les voleurs sont très rarement meurtriers, parce qu'ils ne sont pas forcés au meurtre par une loi qui n'aurait pas assez distingué la rapine et l'assassinat, Voltaire, Pol. et lég. Prix de la just. et de l'hum. II.

    Fig. C'est une beauté fort différente de celle de la reine Épicharis ; mais, si elle n'est pas si égyptienne qu'elle, elle ne laisse pas d'être pour le moins aussi voleuse : dès sa première enfance, elle vola la blancheur à la neige…, Voiture, Lett. 69. Le jour fatal est proche, et vient comme un voleur, Boileau, Ép. III.

    Familièrement. Être fait comme un voleur, avoir ses vêtements en désordre, en mauvais état.

    Au voleur ! cri pour appeler du secours contre un voleur. Au voleur ! au voleur ! à l'assassin ! au meurtrier ! justice, juste ciel ! je suis perdu ; je suis assassiné ! Molière, l'Av. IV, 7.

    Fig. Votre œil en tapinois me dérobe mon cœur ; Au voleur, au voleur, au voleur, au voleur ! Molière, Préc. 10.

  • 2 Par exagération. Celui qui exige plus qu'il ne devrait demander. Ce marchand est un voleur.
  • 3Il se dit des conquérants, des mauvais princes. Les successeurs d'Alexandre volent aujourd'hui pour eux les provinces qu'il avaient volées pour leur maître voleur, Voltaire, Dial. XXIX, 1. Un prince qui, sans forme de justice et sans justice, emprisonne ou fait périr des citoyens, est un voleur de grand chemin qu'on appelle Votre Majesté, Voltaire, Pensées sur le gouvern. 1752.

HISTORIQUE

XVIe s. Quant au mot de voleur, l'ordonnance du roy François premier faite contre eux nous enseigne l'origine, quand elle dit qu'il y avoit des meschans hommes, lesquels, faisant semblant de voler l'oyseau, aguetoient des marchands sur les chemins ; si cela n'est vray, il est bien trouvé, Pasquier, Rech. VIII, p. 719, dans LACURNE. Les voleurs qui se sont engraissés de la substance du peuple et qui ont pillé à toutes mains les meubles des presents et des absents, Sat. Mén. Disc. de d'Aubray.

ÉTYMOLOGIE

Voler 2.