« macabre », définition dans le dictionnaire Littré

macabre

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macabre

(ma-ka-br') adj. f.
  • Usité dans cette locution : danse macabre, suite d'images en peinture qui représentent la Mort, entraînant avec elle, en dansant, des personnages de toutes les conditions, rois, prêtres, chevaliers, moines, hommes du commun ; ce genre de peinture eut la vogue aux XIVe et XVe siècles, dans les églises et autres monuments publics. La danse macabre de l'église de Kermaria, dans le département des Côtes-du-Nord.

HISTORIQUE

XVe s. Peintures notables de la danse macabre et autres [aux Innocents, à Paris, en 1407], Hist. litt. de la France, t. XXIV, p. 716. À Paris vers les charniers encontre la charronnerie à l'endroit de la danse macabre, Journal de Paris sous Charles VI, an 1420, p. 120, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Lorrain, maicaibré se dit d'une configuration fantastique des nuages. Du Cange a chorea Machabæorum (danse des Machabées), qu'il définit ainsi : cérémonie plaisante, pieusement instituée par les ecclésiastiques, et dans laquelle des dignitaires, tant de l'Église que du monde, conduisant ensemble la danse, sortaient tour à tour de la danse pour exprimer que chacun de nous doit subir la mort. On lit, en effet, dans un texte de 1453 : Quatuor simasias vini exhibitas illis qui choream Machabæorum fecerunt. On ne peut douter que la danse macabre et la danse des Machabées ne soit une seule et même chose. On peut supposer que les sept frères Machabées, avec Éléazar et leur mère, souffrant successivement le martyre, donnèrent l'idée de cette danse où chacun des personnages s'éclipsait tour à tour, et qu'ensuite, pour rendre l'idée encore plus frappante, on chargea la mort de conduire cette danse fantastique. Devant chorea Machabaeorum, on ne peut faire compte de l'arabe makbara, chambre funéraire.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

MACABRE. Ajoutez :

2 Par extension, qui a le caractère des figures de la danse macabre. Amalgame singulier de burlesque et de tragique ! voyez-vous ces deux figures macabres [Louis XIII et Richelieu, malades et mourants] plongées dans leurs coussins et chuchotant [au sujet de la conspiration de Cinq-Mars] ; la mort déjà les tire par les pieds, Henri Blaze de Bury, Rev. des Deux-Mondes, 15 août 1876, p. 940.

ÉTYMOLOGIE

Ajoutez, à la fin : Pour surcroît de preuve à l'étymologie de macabre par Machabaeorum, voici un exemple de Macabré pour Machabée : XIIe s. Dedens la cambre l'ont mené ; Très le tans Judas Macabré Ne fut veüe autresi faite, Perceval le Gallois, V. 34621. Macabré est aussi un nom propre des chansons de geste : Macabrés l'amirals ne aseüra mie, Aiol et Mirabel, V. 891, éd. Forster. Qu'il faille lire Macabrés, est prouvé par ce vers : Voire, dist Macabrés, cent fois, se vous volés, ib. V. 1772.