« cordelier », définition dans le dictionnaire Littré

cordelier

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

cordelier

(kor-de-lié ; l'r ne se lie jamais ; au pluriel, l's se lie ; les cordeliers et leur couvent ; dites : les kor-de-lié-z et…) s. m.
  • 1Nom des religieux de l'ordre de St-François d'Assise, qui sont habillés de gros drap brun ou noir avec un petit capuce, un chaperon et un manteau de même étoffe, et qui ont une ceinture de corde où il y a trois nœuds : on les appelle aussi franciscains et frères mineurs. Ils se divisent en conventuels ou de la grande observance à qui il est permis de posséder des immeubles, et en observantins ou de l'étroite observance qui ne peuvent rien posséder. Les cordeliers embrassent les sentiments de Scot, parce que Scot était cordelier, Malebranche, Recherche, V, 6. Un cordelier, son orateur [de Jean duc de Bourgogne], nommé Jean Petit, soutint, en présence du dauphin qui présidait, que le duc d'Orléans, par diverses actions, s'était montré un impie et un tyran, Saint-Foix, Ess. Paris, Œuvres, t. V, p. 157, dans POUGENS.

    Aller sur la haquenée, sur la mule des cordeliers, voyager le bâton à la main.

    Avoir la conscience large comme la manche d'un cordelier, être peu scrupuleux.

    Parler latin devant les cordeliers, parler avec assurance d'une chose qu'on connaît mal devant des gens qui la connaissent bien.

    Être gris comme un cordelier, être ivre, par un mauvais jeu de mots sur le vêtement gris que les cordeliers portaient autrefois.

  • 2Dans la Révolution française, membre du club des cordeliers, club ainsi nommé parce qu'il siégeait dans un ancien couvent de cordeliers. Camille Desmoulins avait été membre de ce club, et c'est pour cela qu'il intitula le Vieux cordelier le journal où il blâmait les excès révolutionnaires et qui le fit bientôt périr sur l'échafaud.
  • 3 S. f. Cordelières, religieuses de l'ordre de St-François d'Assise, qui doivent leur fondation et leur établissement à Blanche, fille du roi saint Louis. Leur habit se rapproche de celui des cordeliers.

HISTORIQUE

XIIIe s. Cil cordeler …Qui tousjours vont deschauz et se frotent au lange, Chantepleure, ms. de St-Germain, f° 104, dans LACURNE. Or sui Robers, or sui Robins, Or cordeliers, or jacobins, la Rose, 11240.

XIVe s. Li uns des cordeliers, qui estoit moult prodons, Salua hautement chevaliers et barons, Guesclin. 8705. Aus ordres mendians, à la gent cordeliere Donna tant de florins, que cil à voit [voix] legiere Crioient hautement…, Baud. de Seb. I, 891.

XVe s. Vous en sçavez assez, et seroit parler latin devant les cordeliers, Commines, III, 4.

XVIe s. Et que surtout il se gardast que son mari ne le vist aller aux cordeliers, Marguerite de Navarre, Nouv. XXX. Il la trouva encore en la chapelle, si desesperée, que, s'il lui eut esté licite de se rendre cordeliere, elle y fut demeurée, Marguerite de Navarre, ib. CXIV. Un mal et un cordelier, rarement seul par sentier, Leroux de Lincy, Prov. t. I, p. 9.

ÉTYMOLOGIE

Cordelle ; bourguig. codelei.