« verrou », définition dans le dictionnaire Littré

verrou

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

verrou

(vè-rou ; Chifflet, Gramm. p. 209, dit qu'on l'écrit verrouil, mais qu'on le prononce verrou) s. m.
  • 1Moyen de fermeture consistant en une barre de fer ronde ou carrée, de même dimension dans toute sa longueur, ayant une queue au milieu et un mouvement de va-et-vient entre deux crampons. Et voyant que le chien n'aboyait point la nuit, Que les verrous graissés ne faisaient aucun bruit, Régnier, Sat. x. Et les soins défiants, les verrous et les grilles Ne font pas la vertu des femmes ni des filles, Molière, Éc. des maris, I, 2. Songez à la fortune brillante de cet homme [le maréchal de Luxembourg] où il ne manquait plus rien, à l'honneur qu'il avait eu de commander les armées du roi, et le voilà [mis en prison] ; songez ce que ce fut pour lui que d'entendre fermer ces gros verrous ; et, s'il a dormi par excès d'abattement, songez au réveil, Sévigné, 26 janv. 1680.

    Enfermé au verrou, se dit de celui qui a tiré le verrou d'une chambre pour empêcher qu'on ne vienne l'y déranger. Madame Célie avait l'air si affairé… et puis madame est enfermée avec elle au verrou, Genlis, Théâtre d'éduc. la Bonne mère, I, 2.

    Tenir quelqu'un sous le verrou, le tenir renfermé. Il [un mari] tient sa femme aux yeux si doux Sous triple porte à deux verrous, Béranger, Deo grat.

    Être sous les verrous, être enfermé, être en prison. Je passe encor, grâce à Bridoie, Un carnaval sous les verrous, Béranger, Mes jours gras.

    On dit dans un sens analogue : L'or ouvre tous les verrous, force les verrous.

    Tirer le verrou, pousser le verrou de manière qu'il ferme la porte.

    Fig. Il y a de certaines douleurs dont on ne doit point se consoler, ni revoir le monde ; il faut tirer les verrous sur soi, comme disait notre bon cardinal [de Retz], Sévigné, 20 sept. 1675.

    Fig. Porter l'épée en verrou, la porter horizontalement.

    Baiser le verrou, se disait de quelques coutumes où le vassal qui ne trouvait pas son seigneur dans son château, pour lui rendre l'hommage, en était quitte pour heurter trois fois, l'appeler trois fois par son nom, et baiser la cliquette ou verrou de la porte ; de quoi il devait prendre acte, et en laisser copie.

  • 2Verrou à ressort, moyen de fermeture dont une extrémité recourbée est terminée par un bouton, et dont l'autre extrémité, aplatie, entre dans un crampon.

    Verrou de sûreté, synon. de serrure de sûreté.

  • 3 Terme de plombier. Mécanisme qui sert à faire changer de direction aux cylindres du laminoir.

HISTORIQUE

XIIIe s. Il atribla les portes d'arain, et brisa les verrouz de fer, Psautier, f° 133. Renart l'uis defferme à le [la] clef, Et puis entre ens trestot souef, Et puis le referme au vierel, Ren. t. IV, p. 236.

XVe s. Si s'eslongna ung petit de l'huys, puis se mist au cours de toute sa force, et y vint heurter de tel randon qu'il rompit les gons des verroux, et porta l'huys à l'envers par terre, Perceforest, t. IV, f° 109.

XVIe s. Il se saisit de la porte, et se met à s'apuier de l'eschine par faute de verreuil, D'Aubigné, Hist. III, 117.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, verou, ferou ; bourguig. varullô, varô ; provenç. verrolh, berrolh et aussi ferrolh ; espagn. herrojo ; portug. ferrolho ; du lat. veruculum, petite broche, dimin. de veru ; mais les formes en f ou dérivent de ferrum, fer, ou montrent qu'il y a eu confusion.