« arlequin », définition dans le dictionnaire Littré

arlequin

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

arlequin

(ar-le-kin) s. m.
  • 1Personnage de la comédie italienne, dont le costume est fait de pièces de toutes couleurs.

    Par extension, un habit d'arlequin, un tout formé de parties disparates.

  • 2 Familièrement, c'est un arlequin, se dit d'un homme qui n'a pas de principes arrêtés, qui change d'opinion à tout moment. Nos arlequins de toute espèce imitent le beau pour le dégrader, Rousseau, Ém. II.
  • 3 Populairement, débris de repas, et surtout débris de viandes, ainsi dit parce que ce plat, que l'on vend pour la nourriture des animaux domestiques et que les pauvres ne dédaignent pas, est composé de morceaux assemblés au hasard.
  • 4 En termes de zoologie, se dit de plusieurs animaux remarquables par la bigarrure de leurs couleurs.

HISTORIQUE

XIIIe s. À sa siele et à ses lorains Ot cinc cent cloketes au mains [moins], Ki demenoient tel tintin Con li maisnie hierlekin, Ren. t. IV, p. 146. Je cuids que c'estoit Hellequin Et tuit li autre sa mesnie Qui le suivent toute enragie, Roman de Fauvel. Avec eux avoient hellequines, Qui avoient cointises fines, Roman de Fauvel. Par eux [les avocats] ont perdu heritage Et desfait maint bon mariage Et mal fait por un pot de vin ; Il s'entrepoilent com mastin ; C'est la mesnie hellequin, Le mariage des filles au diable. Il vit que c'estoit ung roi qui avoit avec lui grant compaignie de toutes gens, et les apeloit en la mesgnie hennequin en commun langage, Chronique de Normandie, II, p. 337.

ÉTYMOLOGIE

Ital. arlecchino ; espagn. arlequin. Ménage dit : « Sous le règne de Henri III, il vint à Paris une troupe de comédiens italiens, parmi lesquels il y avoit un jeune homme fort dispos, qui hantoit chez M. de Harlay de Chanvalon, d'où il fut appelé par ses compagnons Harlequino, à la mode des Italiens qui donnent souvent le nom des maîtres aux valets, et celui des patrons aux clients. J'ai ouï dire cette particularité à M. Guyet, qui m'a dit l'avoir apprise de Harlequin même au second voyage qu'il fit en France au commencement du règne de Louis XIII. » Génin, au contraire, pense que hellequin, herlequin et même arlequin (car un auteur du XVIe siècle qui a écrit en latin et que cite Ménage, dit Harlequini familiam, ce qui est la maisnie Hellequin) est le même que l'arlequin italien ; que le diable Alichino dans l'Enfer de Dante, chant XXX, tire son nom de là ; et que ce personnage infernal, hantant les campagnes à grand bruit avec sa bande ou maisnie, entra assez avant dans le langage familier pour devenir aussi un personnage de théâtre. L'opinion de Génin est la plus probable ; mais, pour qu'elle fût sûre, il faudrait des textes italiens qui servissent d'intermédiaires. Le dictionnaire de la Crusca ne cite pour arlecchino qu'un texte de la fin du XVIIe siècle. On trouve arlequin (écrit harlequin) dans Duverdier, auteur français de la fin du XVIe siècle.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

ARLEQUIN. Ajoutez :

5Sorte de bateau à une seule place, avec un affût à la proue, pour une lourde canardière. Ils s'adressèrent au sieur Charles Thiéry, possesseur d'un petit batelet, le priant de le mettre à leur disposition pour traverser la rivière [la Saône, en face de Châtenoy-en-Bresse]… il les fit bien installer dans l'arlequin, leur recommandant par-dessus tout de ne faire aucun mouvement, Gaz. des Trib. 23 juill. 1874, p. 701, 3e col.

REMARQUE

On trouve harlequin avec h aspirée. Tandis que l'autre s'évertue à faire ici le harlequin, Saint-Amant, Passage de Gibraltar. Mme de Sévigné mettait aussi une h qu'elle aspirait : On contait hier au soir… que harlequin…, Sévigné, éd. Regnier, t. II, p. 323.