« carotte », définition dans le dictionnaire Littré

carotte

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

carotte

(ka-ro-t') s. f.
  • 1Plante potagère de la famille des ombellifères, à racine pivotante et charnue, douce, sucrée, comestible.

    La racine même.

    Fig. et familièrement. Ne vivre que de carottes, vivre mesquinement.

  • 2Carotte de tabac, rouleau de feuilles de tabac.
  • 3 Fig. et populairement. Jouer la carotte, jouer chichement et en ne hasardant que le moins possible.

    Tour par lequel on subtilise de l'argent à quelqu'un. Quelle carotte ! J'ai compris la carotte. C'est une carotte. Tirer une carotte à quelqu'un, en obtenir quelque chose par adresse ou par ruse.

HISTORIQUE

XIVe s. Garroites sont racines rouges que l'en vent es halles par pougnées, Ménagier, II, 5. Jehan Roussel dist au suppliant : Larron, tu as retourné carotte [tu as tourné casaque], et le frappa d'un pel [pieu] d'une haye, Du Cange, caravira.

ÉTYMOLOGIE

Génev. carotte, betterave (comme dans plusieurs provinces où le nom de la carotte est pris pour celui de la betterave) ; ital. carota ; du latin carota. Au lieu de tirer une carotte, l'italien dit : planter ou ficher des carottes (piantar, ficcar carote, qui signifie attraper et qui a aussi un autre sens fort grossier). L'origine de cette façon de parler, c'est que, dans un sol meuble et doux, image de la crédulité, la carotte acquiert un développement admirable ; l'expression italienne s'arrête à l'intention du semeur de carottes ; le français considère le procédé qui les récolte, Génin, Récréat. t. I, p. 319.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

CAROTTE. Ajoutez : - REM. On a dit que la locution populaire tirer une carotte vient de ceci : à Carmagnole, le gouverneur savoyard avait frappé chaque botte de carottes, mise en vente au marché, d'un impôt équivalent à un demi-liard de notre ancienne monnaie ; mais il admettait qu'on le payât en nature, c'est-à-dire que les estafiers tiraient à son profit deux carottes par botte, Extrait de la Chronique du Derby, dans la Patrie, 11 avr. 1868. On ne donne aucun texte à l'appui de ce dire.