« h », définition dans le dictionnaire Littré

h

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

h

(a-ch') s. f.
  • ou, suivant l'épellation nouvelle H (he), s. m. La huitième lettre de l'alphabet. Une grande H. Une petite h.

    Dans la prononciation, h s'aspire ou est muette. H muette ne se prononce pas : habile, huître, etc. dites : abile, uître etc. H initiale aspirée se prononce et empêche l'élision des voyelles ou la liaison des consonnes, s, t, etc. avec la voyelle qui suit. Ainsi on écrit et on prononce : le hasard, la haine, belle harangue, etc. Devant les noms féminins qui commencent par une h aspirée, l'adjectif possessif ne prend jamais la forme du masculin : ma haine, ta hauteur, sa honte. Je n'aime pas les h aspirées, cela fait mal à la poitrine, je suis pour l'euphonie ; on disait autrefois je hésite, et à présent on dit j'hésite ; on est fou d'Henri IV, et non plus de Henri IV, Voltaire, Lett. Bordes, 10 juillet 1767. Cette boutade de Voltaire n'est qu'un caprice individuel, l'aspiration est un son qui ne mérite aucune condamnation et qui se trouve dans les langues les plus harmonieuses. Aujourd'hui, surtout à Paris, beaucoup n'aspirent pas l'h et se contentent de marquer l'hiatus : le éros, la onte, etc. ; mais, dans plusieurs provinces, la Normandie entre autres, l'aspiration est très nettement conservée, et cela vaut mieux.

    H placée au milieu d'un mot composé est aspirée quand le mot qui entre en composition a, d'origine, une h aspirée : aheurter, enhardir etc. ; mais elle n'est pas aspirée dans cohue, cohorte, etc.

    Quand h est après un t ou une r, ce qui n'arrive que dans les mots tirés du grec, elle est muette : théologie, rhéteur, rhythme, etc. dites : téologie, réteur, ritme.

    H précédée d'un c rend un son particulier et simple, qui pourrait être figuré par une seule lettre, et qui correspond au sh des Anglais et au sch des Allemands : chose, chute, cacher, etc.

    Mais h également précédée d'un c forme une articulation équivalente à k dans plusieurs mots dérivés du grec, de l'hébreu ou de l'arabe : chaos, archange, etc. dites : kaos, arkange, etc.

    H, précédée de p, forme une articulation équivalente à f : philosophie, Joseph, dites : filosofie, josef.

    H, sur les anciennes monnaies de France, indique qu'elles ont été frappées à la Rochelle.

    H surmontée d'une couronne indique une pièce frappée sous Henri III et sous Henri IV.

    En chimie, H désigne l'hydrogène.

    En musique, H chez les Allemands désigne le si.

HISTORIQUE

XIIIe s. Après vous conterai de l'ache, Qui par dessous d'un pié se lace ; Li uns dit ache, l'autre ha ; Sans mouvoir langue dit on : ha, Senefiance de l'ABC, dans JUBINAL, t. II, p. 278.

ÉTYMOLOGIE

H latin, Η grec, heth phénicien. Le sens et la forme de heth, 𐤇, sont d'accord pour signifier une haie, une clôture ; le signe hiéroglyphique de la haie est devenu le caractère de tous les mots commençant par le même son.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

H. Ajoutez :
2Anciennement, être marqué à l'H, être battu. Prions seulement que cette ordonnance ne porte son appel en croupe, que les commissaires l'effectuent pour notre profit et pour notre consolation, et ainsi nous aurons la paix chez nous ; car, si elle est observée, nous aurons plus de biens et moins de coups ; nous sommes le plus souvent marquées à l'H, pour montrer que notre peau est tendre, la Réjouissance des femmes sur la défense des tavernes et cabarets, Paris, 1613, dans CH. NISARD, Parisianismes, p. 136, qui pense que cette locution provient d'une allusion aux lettres par lesquelles commencent le plus souvent des noms de coups et d'instruments servant à donner des coups : horion, heurt, hoche, hache, etc.