« marmot », définition dans le dictionnaire Littré

marmot

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

marmot

(mar-mot ; le t ne se lie pas ; au pluriel, l's se lie : des mar-mo-z ennuyeux ; marmots rime avec faux, sauts, repos, etc.) s. m.
  • 1Anciennement, nom du singe. Boucs sautants, satyres, marmots et semblables peintures de galeries, Naudé, Rosecroix, IX, 3.
  • 2Petite figure grotesque.
  • 3 Fig. et familièrement. Petit garçon. Que, quelque jour, ce beau marmot Vienne au bois cueillir la noisette…, La Fontaine, Fabl. IV, 16. Il n'est marmot osant crier, Que du loup aussitôt la mère ne menace, La Fontaine, ib. X, 6. Faites-bien mes recommandations à notre marmot, et dites-lui que peut-être j'amènerai de ce pays-là quelque beau petit chaperon [petite fille] pour le faire jouer, La Fontaine, Lettre V, à sa femme. Ce marmot ! [le marquis de Grignan] entrer l'épée à la main, et forcer ce château, et tuer ou enlever onze ou douze cents hommes, Sévigné, 580.

    Dans ce sens il a un féminin, marmotte. Que nous veut cette marmotte ?

    Au plur. Des marmots, des enfants sans distinction de sexe. Et de n'entrevoir point de plaisirs plus touchants Qu'une idole d'époux et des marmots d'enfants, Molière, F. sav. I, 1. J'embrasse les marmots, car il ne faut rien oublier, Sévigné, 455. Quand tu auras planté là ton ménage et tes marmots, Rousseau, Hél. VI, 1. Puis en vrai croque-mitaine, Tu feras peur aux marmots, Béranger, Myrmid. Nous n'avons, accablés de maux, Pour nous, ton père et six marinots, Rien que ta bêche et ma quenouille, Béranger, Jacques.

    Fig. et familièrement. Croquer le marmot, voy. CROQUER, n° 5, et l'explication de la locution. Contrairement à l'explication donnée par Furetière, M. Boucherie pense que croquer le marmot provient de la fable où la mère promet de donner au loup l'enfant qui crie, et que c'est attendre le moment où l'on permettra au loup de croquer le marmot. Mais cette explication pèche en ce que c'est introduire dans la locution attendre qui n'y est pas, et qu'il faut trouver une interprétation qui de croquer le marmot mène directement à attendre.

  • 4Variété de raisin.

REMARQUE

L'Académie définit le marmot, espèce de singe qui a une barbe et une longue queue, mais aucun singe n'est ainsi appelé dans les ouvrages d'histoire naturelle. Cette définition est donc mauvaise ; et la seule qu'on puisse donner est que marmot était un ancien nom du singe.

HISTORIQUE

XVe s. Elle dit qu'il est debonnaire, Bel homme, plaisant et mignot ; Et c'est un putier ordinaire, Qui est aussi laid qu'ung marmot, Coquillart, Droits nouveaux.

XVIe s. En l'isle de Zocotere, on voit une beste qui s'appelle huspalin, grosse comme un marmot ethiopien, fort monstrueuse, Paré, Monstres app. 3. Or des bestes que j'ay sus dites, Sagon, tu n'es des plus petites ; Combien que Sagon soit un mot Et le nom d'un petit marmot, Marot, le Valet contre Sagon.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, marmot, roquet ; ital. marmocchio. Origine inconnue. Henri Estienne, dans sa Conformité du langage français avec le grec, l'a tiré du grec μορμὼ, épouvantail ; mais on ne voit pas comment ce mot grec serait entré en français. Marmot se rattache-t-il à marmotte ou à marmouset ? Scheler demande si marmot ne serait pas un dérivé de l'ancien français merme, qui signifie très petit ; cela n'est pas impossible, bien que le sens primitif soit singe et non enfant. Marmaille paraît tenir à marmot. M. Boucherie croit que marmot vient de l'ancien français m'arme [mon âme] ; mais cela, qui peut-être s'appliquerait à marmot, enfant, ne s'applique aucunement à marmot, singe, qui est le sens ancien.