« polisson », définition dans le dictionnaire Littré

polisson

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

polisson

(po-li-son) s. m.
  • 1Petit garçon mal tenu, qui vagabonde et s'amuse à jouer dans les rues et les places publiques. Je meurs de honte de vous donner toutes ces peines… ce conseiller clerc demeure à une lieue de chez vous ; aurez-vous la bonté de lui écrire un petit mot d'avis par un polisson ? Voltaire, Lett. d'Argental, 7 mars 1760. Vous ne parviendrez jamais à faire des sages, si vous ne faites d'abord des polissons ; c'était l'éducation des Spartiates, Rousseau, Ém. II.

    Au fémin. Polissonne. Une petite polissonne.

  • 2Enfant dissipé, jeune drôle. Un polisson de collége lisant le 4e livre de l'Énéide, Rousseau, Ém. IV. À douze ans, j'étais un Romain ; à vingt, j'avais couru le monde, et n'étais plus qu'un polisson, Rousseau, Lett. à Tronchin, Corresp. t. V, p. 38, dans POUGENS.

    Fig. Dans le langage de l'ancienne cour, en polisson, en qualité de polisson, en homme sans importance, en surnombre. Madame Campan rapporte que, de son temps, les hommes présentés, qui n'avaient point été invités à résider à Marly, y venaient cependant comme à Versailles… alors il était convenu de dire qu'on n'était à Marly qu'en polisson ; et rien ne me paraissait plus singulier que d'entendre répondre par un charmant marquis à un de ses intimes qui lui demandait s'il était du voyage de Marly : Non, je n'y suis qu'en polisson ; cela voulait simplement dire : J'y suis comme tous ceux dont la noblesse ne date pas de 1400, Mme Campan, Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, etc. ch. IX. Il [l'abbé d'Estrées] était à la campagne en qualité de généalogiste et de polisson chez M. de la Roche-Aymon, Voltaire, Lett. à d'Alembert, 19 déc. 1764.

  • 3Homme qui a l'habitude de faire ou de dire des bouffonneries. Vous serez donc toujours un polisson ?

    Adjectivement. Il est trop polisson pour son âge.

  • 4Homme sans considération et sans mérite. En ce bas empire, à chacun selon son pouvoir Permis est de faire valoir… Un polisson pour un soudrille, Dassoucy, le Ravissement de Proserpine, 1653, p. 99. Depuis que je me suis amusé à immoler ce polisson à la risée publique sur tous les théâtres de l'Europe, il est juste qu'il se plaigne un peu, Voltaire, Dict. phil. Ana. Nous n'avons été que des polissons en tout genre jusqu'à l'établissement de l'Académie et le phénomène du Cid, Voltaire, Lett. Mairan, 16 août 1761. Mlle Sainval [actrice des Français] a su mieux que personne mettre en œuvre une foule de polissons soudoyés qui composent aujourd'hui un tiers du parterre et s'en rendent quelquefois les maîtres, La Harpe, Correspondance littéraire, lettre 115. Camille Desmoulins, ce polisson de génie, Michelet, Hist. de la Révolution. I, 2.
  • 5Celui qui dit ou fait des choses trop libres. C'est un polisson.

    Adjectivement. Un air étourdi, beaucoup de négligence, débraillement complet, sottises, jeux de mains, mots équivoques, mines, mouches et tabac : tenez, madame, je suis polisson au suprême degré, et de polisson à petit maître, il n'y a que la main, le Retour de la foire de Bezons (1695), sc. 3, Théât. italien de Gherardi, t. VI, p. 175. L'éloge que vous me faites de M. le Pelletier des Forts me donne beaucoup d'impatience d'avoir l'honneur de le saluer ; sa sagesse et sa modestie, dans un âge où tant d'autres sont à la fois fort insolents et fort polissons (je n'entends pas ce dernier mot, je rapporte vos paroles) sont d'autant plus estimables que…, Bayle, Lett. à M***, 2 mai 1697. Je devins polisson, mais non libertin, Rousseau, Conf. II. Scarron est diffus par négligence ; il est ce qu'on appelle polisson par gaieté, Marmontel, Œuvres, t. V, p. 399.

    En parlant des choses. Si ses manières te paraissent polissonnes, c'est que tu ne fréquentes pas le grand monde, Colombine avocat pour et contre (1685), I, 8, dans le Théâtre italien de Gherardi Les entretiens polissons préparent les mœurs libertines, Rousseau, Ém. IV. Le public se porte en foule à cette parade burlesque [la Bourbonnaise de l'abbé de Lattaignant], dont la petite intrigue, assez bien menée, est soutenue de beaucoup de saillies polissonnes, très à la mode aujourd'hui, Bachaumont, Mém. secrets, t. IV, p. 156.

  • 6Mouchoir empesé que les dames plaçaient au-dessous de la taille pour se donner de l'épaisseur et de l'ampleur ; on dit aujourd'hui tournure.

ÉTYMOLOGIE

Hainaut, polisso, fer à repasser, ce qui unit, polit. Polisson est, d'après Diez, formé du lat. politionem, action de polir, devenu masculin, comme nourrisson, de nutritionem, poinçon, de punctionem, et signifiant celui qui nettoie les rues, bat les rues, y vagabonde. Le trait d'union est le mot du Hainaut polisso, qui montre qu'il y a eu un substantif polisso, dérivé du verbe polir.