« prune », définition dans le dictionnaire Littré

prune

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

prune

(pru-n') s. f.
  • 1Fruit à noyau, à peau lisse et fleurie. Prune de damas. Prune de damas rouge. Prune de damas noir. Prune de damas violet. Prune de damas blanc. Prune de mirabelle. Prune de Monsieur. Prune de reine-Claude. Prune de Brignoles. Prune de perdrigon. Prune de Sainte-Catherine. Prune Dauphine variété de reine-Claude. Prune impériale violette, dite aussi prune-œuf. Prune impériale blanche.

    Populairement. Elle aura quinze ans viennent les prunes, c'est-à-dire l'été prochain.

    Populairement. Pour des prunes, pour peu de chose, locution qui se construit presque toujours avec la négation ou avec une interrogation valant la négative. Si je suis affligé, ce n'est pas pour des prunes, Molière, Sgan. 16. Franchement, les femmes qui vont au cabaret n'y vont pas pour des prunes, Gherardi, Théât. ital. Arlequin Jason, t. I, p. 178. Croira-t-il, s'il lui reste un peu de jugement, que vous vous poignardez pour des prunes ? ID. Théât. ital. le Phénix, t. II, p. 309.

    Ce ne sont pas des prunes, se dit de quelque horion. Un grès de taille non petite, Dont on a par ses mains régalé ma visite, - Diantre ! ce ne sont pas des prunes que cela ! Molière, Éc. des f. III, 4.

    Populairement. Une balle de fusil. Il a reçu une prune.

  • 2Prune des anses, prune de coco ou prune d'Icaque, noms divers du fruit de l'icaquier.

    PROVERBE

    Il aime mieux deux œufs qu'une prune, c'est-à-dire il n'est pas niais, il entend ses intérêts.

REMARQUE

1. L'Académie écrit prune de damas avec un d minuscule ; on lui a reproché cette orthographe, disant qu'il s'agit de la ville de Damas, et qu'ailleurs elle écrit raisin de Damas. Mais le reproche porte à faux ; il s'agit non d'une prune de la ville de Damas, mais d'une prune qui prend son nom du damas étoffe.

2. On dit : j'ai mangé des prunes de Monsieur, et non : j'ai mangé des Monsieurs ou des Messieurs.

HISTORIQUE

XIIIe s. Vous ne valés pas une prune pourrie, Chr. de Rains, p. 6. Car amis ne prise une prune Contre ami les biens de Fortune, la Rose, 8109.

XIVe s. [Le loup ayant reçu la ruade du cheval] Se Isengrin lire ne seüst, Encor ceste prune il n'eüst, Renart contrefait.

XVe s. Avaler me faut ceste prune, Orléans, Rond.

XVIe s. Là et ailleurs, mesmes en Provence et Languedoc, plusieurs prunes se recueillent de diverses sortes, dont les principales sont, les trois perdigones, les imperiales, les deux royales, les dattes, de Chipre, de Jerusalem, les deux brignons, gros et petit, des quatre dames, blanc, noir, violet, rouge, des trois cathelanes, vertes, blanches, violettes, des medicinales, des damaisines ; par ces noms presques cogneues partout, De Serres, 684.

ÉTYMOLOGIE

Berry, preugne, preune, peurne ; picard prone ; wallon, preunn ; prov. pruna ; ital. prugna ; du lat. prunum.