« ténor », définition dans le dictionnaire Littré

ténor

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

ténor

(té-nor) s. m.
  • 1 Terme de musique. Ténor a remplacé l'ancien nom de taille, ou plutôt de haute-taille. La voix naturelle de l'homme appartient ordinairement à cette partie que l'on appelle ténor, Choron, Manuel de musique, section II, ch. 4. Par cette expression (ordinairement) l'auteur entend ici la voix virile la plus ordinaire ; mais il se trompe en donnant cette qualité au ténor ; elle appartient à la moyenne taille ou baryton, Note de Lafage sur cette assertion de son maître. En effet les voix d'homme se divisent ainsi : tailles : la haute-taille ou ténor va du premier ut de l'alto au deuxième sol du violon ; la moyenne-taille ou baryton part du la au-dessous ; la basse-taille, part du fa, une tierce au-dessous du baryton ; la basse-contre fait encore une note au-dessous, et la haute-contre une ou deux notes au-dessus du ténor, Choron, ib. t. IV, p. 71. Parce que la voix du roi [Louis XII] était propre pour le ténor, Josquin [musicien célèbre d'alors] lui donna cette partie, Mersenne, Traité de la voix, I, 35.
  • 2Chanteur qui a le genre de voix qu'on nomme ténor, et en général celui qui chante la partie virile la plus haute. Romance à deux voix pour dessus et ténor, pour ténor et basse. Quatuor pour premier et second dessus, ténor et basse.

    On distingue aujourd'hui fort ténor ou ténor de grand opéra et ténor léger ou d'opéra comique. Le premier a la voix plus forte et se sert exclusivement de la voix de poitrine ; le deuxième l'a plus faible et se sert de la voix de tête et sait faire des roulades, etc.

HISTORIQUE

XVe s. Jehan Ales que on dist estre chorial et teneur en l'eglise de Nostre Dame de Chartres, Du Cange, tenor. Jehan Tromelin tenour de la chapelle de Monseigneur, Du Cange, ib. Et font joyeuse chanterie De contres, deschans et teneurs, Orléans, Rondeau. Commencerent trois petits enfants d'eglise [enfants de chœur] avec un teneur une très douce chançon, Math. de Coucy, Hist. de Charles VII, p. 669.

XVIe s. Mais le roi congnoissant que la musique entiere Fournie n'estoit pas, transmist tost à l'enconstre Ses flustes de teneur pour faire basse contre, Marot, J. V, 153. … et ce qui plus me griefve [d'aller à pied], C'est que je n'ay cuisse, jambe, ne greve Qui sur plain champ puisse faire teneur ; Quelque dessus je ferois de bon cueur Sur ung courtault de moyenne valeur, Marot, J. V, 264.

ÉTYMOLOGIE

Bas-lat. tenor ; ital. tenore ; proprement teneur, mode, façon (voy. TENEUR 1). Le terme de ténor, qui veut dire teneur, vient du latin tenere, parce que, dans la musique chorale, c'était cette partie qui le plus souvent tenait le plain-chant, Choron Et Lafage, Manuel de musique, t. I, p. 99.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

TÉNOR. Ajoutez :
3Placer sur un ténor, mettre sur un ton, sur un certain mode. Il s'agit de cet éternel Faute de s'entendre, dont les auteurs se sont tant servis et que Mme Juliette Lamber a placé cette fois sur un ténor nouveau et hardi, le Charivari, 23 juill. 1876.

Cet emploi de ténor paraît se rapporter au sens étymologique du mot.